Ailly-sur-Noye le 8 juin 1940


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En ouvrant une image, au hasard, tout se met en ordre..

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La journée du 8 juin.
  0 heures. - Le colonel reçoit l'ordre d'opérations n° 43 en date du 7 juin, 10h30 (probablement 22h30), qui précise qu'à la suite des combats de la journée et compte tenu du repli de la 13ème D.I. à notre gauche, la division sera reformée de la façon suivante:
ligne de résistance: bois de Morienval - Chaussoy - Berny - Ailly sur Noye (Jumel étant évacuée)
Ligne d'arrêt: bois sud-ouest de la Faloise et la Faloise.
Le mouvement doit commencer à 23 heures.

A la suite de cette ordre, le colonel donne les ordres suivants:
1) limites du sous-secteur
        à l'ouest: ferme à 2 kilomètres nord-nord-est de Lawarde, au 63ème R.I.; 
       bois de Morienval, au 78ème R.I.; 
       Hoillivilliers (Hallivillers), au 63ème R.I.;
       bois à 1 500 mètres nord-est d'Esquennoy, au 63ème R.I..
2) Ligne de résistance et ligne d'arrêt: voir ci-dessus.

   
   
  3) Tous les éléments au nord de la nouvelle ligne de résistance seront repliés sur la ligne d'arrêt ou dans l'intervalle des deux lignes.
Ceux déjà établis sur les lignes ou dans leurs intervalles seront maintenus sur place y compris le G.R.D. ( 28ème G.R.D.I = Groupe de Reconnaissance de Division d'Infanterie) au bois de Morienval et à la Faloise. 
   
  Historique du 28 G.R.D ici : http://cavaliers.blindes.free.fr/rgtdissous/grdi/grdihist28.html
                               ici : http://grca.free.fr/historique_grdi/28_grdi.htm   
                                 
et ici :http://grca.free.fr/historique_grdi/28/28_grdi_historique.pdf    
   
  4) Répartition des quartiers:
- Nord: 1er bataillon; 
                                     limite droite, Ailly inclus; 
                                     limite gauche, cote 95 et Hanneville exclus.
- Centre: 2ème bataillon; 
                                      limite droite, celle du 1er bataillon; 
                                      limite gauche, bois de Rampont inclus, la Faloise exclus.
- Sud: 3ème bataillon; 
                                      limite droite, celle du 2ème bataillon; 
                                      limite gauche, bois de Morienval inclus, Haillivilliers exclus.

5) Points d'appui à organiser:
- Quartier nord: Village d'Ailly, de Berny; P.A. arrière à la lisière ouest du bois d'Ailly (1 kilomètre sud d'Ailly).
- Quartier centre: Chaussoy-Epagny et Parc, Hanneville, Epagny, bois de Rampont.
- Quartier sud: bois de Morienval, la Faloise.
- Chars: partie sud-est du bois de Rampont.

6) Artillerie: mouvement réglé par le colonel commandant l'artillerie divisionnaire, de façon à reconstituer cette A.D. en arrière de la ligne d'arrêt, en situation de fournir des tirs d'arrêt devant les P.A. de la ligne de résistance et à l'intérieur de la position.

   
   
 

7) Exécution du mouvement: les pièces antichars de 47, 75 et 25 resteront affectées aux quartiers dont elles dépendent et feront mouvement avec les éléments de ces quartiers.

Le repli s'effectuera de la façon suivante:
Replier d'abord les éléments arrières et occuper la nouvelle ligne de résistance; 
laisser sur la ligne de résistance actuelle une croûte qui se repliera sur l'ordre des commandants de quartier lorsque ceux-ci estimeront que leur nouvelle ligne de résistance est suffisamment installée.
dans tous les cas, le mouvement devra être réglé de telle façon que la croûte soit repliée à l'intérieur du dispositif avant le lever du jour.

S.P.C.R.I., ferme de Courcelles;
1er bataillon, P.A. du bois d'Ailly;
2ème bataillon, Epagny;
3ème bataillon, la Faloise.

Cet ordre, parvenu aux chefs de bataillon entre 1 heure et 3 heures reçoit son application et, grâce à un épais brouillard, le repli peut s'effectuer dans d bonnes conditions.
A 8 heures, tous les nouveaux emplacements sont occupés et il est procédé à l'aménagement du terrain et au "cerclement" des P.A. nouvellement constitués.
De nouveaux champs de mines ont été créés au cours de la nuit, en particulier au nord-ouest de Berny, mais la totalité des mines n'a pas pu être mise en place en raison du repli effectué.

La répartition des moyens supplémentaires (D.C.B.) attribués aux quartiers est la suivante à dater de ce jour:
- Quartier nord: 1er bataillon: 2 canons de 25 (C.R.E.), 1 groupe de mortiers (C.R.E.), 1 canon de 75 à Berny.
- Quartier centre: 2ème bataillon: 2 canons de 25 (C.R.E.), 1 canon de 75 (parc de Chaussoy), 1 canon de 47.
- Quartier sud: 3ème bataillon: 1 canon de 75 (bois de Morienval), 1 canon de 25 (C.R.E.), 1 canon de 47.
- P.C.R.I.: 1 canon de 25 (C.R.E.)

 

A 6h30, le colonel reçoit l'ordre de la 24ème D.I.:
"- 1) il faut s'attendre à la reprise de l'offensive allemande dès la matinée du 8. Après les durs combats de la journée d'hier, la division ne paraît pas en situation d'opposer la même résistance le 8 que le 7.
-2) Dans le cas où les éléments de première ligne seraient trop vivement poussés par l'ennemi, l'intention du général est de s'appuyer avec sa droite (78ème R.I.) à Ailly et de faire pivoter autour de ce point l'aile gauche et le centre de la division de façon à maintenir une solide liaison avec la division de droite.
-3) en conséquence, si la pression de l'ennemi est vive:
             a) Le 78ème R.I. et le G.R.D. resteront établis à la ligne Ailly - Berny - Chaussoy - bois de Morienval.
             b) Le 63ème R.I. repliera ses éléments en direction de Paillard sur Haillivillers et le bois au sud-ouest qu'il s'efforcera de tenir pour permettre le repli 
                 du 50ème R.I..
             c) Le 50ème R.I. se repliera sur la direction Flechy -Breteuil.
                 Il s'efforcera de marquer un temps d'arrêt sur la ligne Bonneuil - Blancfosse et se tiendra en liaison à la lisière ouest de Bonneuil avec le C.I.D. 
                 qui tient cette localité.
-4) La division, une fois rétablie sur la ligne Ailly - Bonneuil - Fléchu, continuera son mouvement en direction générale de Coulemelle de manière à constituer un front sur la Noye, face au nord-ouest
- 78ème R.I.: de Ailly, ferme de Courcelles inclus.
- G.R.D.: la Faloise.
- 63ème R.I.: entre la Faloise et Paillard exclus.
- C.I.D.: sur Paillard.
- 50ème R.I.: entre Breteuil et Paillard exclus.
- Artillerie: tout en effectuant son mouvement de conversion autour d'Ailly, prendre toutes dispositions pour couvrir de ses feux le mouvement de repli éventuel de la R.I.. Elle devra être en mesure de couvrir l'installation de l'infanterie sur la Noye et d'assurer la défense de la position.
- P.C.D.I.: Villers-Tournelle (l'occupation de ce nouveau P.C. a été contremandé sur ordre de l'autorité supérieure qui décida de le maintenir à Flechy.)"

A 6h30, en exécution de l'ordre ci-dessus, le colonel décide:
" En conséquence, le 78ème R.I., pivot de la manœuvre doit maintenir sans esprit de recul, la position tenue depuis le matin (ligne Ailly - Chaussoy Epagny, bois de Morienval), afin de permettre la manœuvre des autres corps de la D.I..
Le quartier nord maintiendra une solide liaison avec la division de droite. 
Le commandant du quartier pourra dès maintenant faire sauter un des ponts sur la Noye (le fourneau est préparé, le personnel technique en place).
Le 2ème pont miné devra sauter en cas de repli sur la rive est de la Noye."                 

   
   
 

Dans le même temps, le contact était pris avec le 2ème bataillon du 2ème R.I.C. (division de droite qui avait reçu l'ordre de se porter à Hanneville - Epagny - la Faloise pour tenir les passages de la Noye.), les limites de D.I. fixées dans son ordre étant en contradiction avec celles fixées par la 24ème D.I., le colonel envoie le chef de bataillon Vie au P.C. de la 24ème D.I. que cet officier atteint vers 8 heures, à Flechy.
Seuls sont au P.C. le général commandant la 24ème D.I. et son chef d'état-major. Après l'exposé de la situation, aucune décision n'est prise et au retour de la liaison, le colonel décide de s'en tenir à l'ordre de la 24ème D.I.. Il déplace son P.C. trop visible et le transporte dans le boqueteau 500 mètres sud de la ferme de Courcelles.

En cette matinée du 8 juin, la situation dans la partie sud-ouest du sous-secteur est des plus confuses. Il est impossible d'obtenir une liaison téléphonique avec la D.I., l'I.D., l'A.D. et le 63ème R.I. à l'ouest. D'un renseignement parvenu vers 12 heures (officier du G.R.D.28) il résulterait que les généraux commandant la D.I. et l'I.D. seraient prisonniers depuis le début de la matinée (renseignement inexacte), que les 50ème R.I. et 63ème R.I. seraient en majorité capturés. Un officier en liaison à la D.I. se heurte à des éléments blindés et ne peut remplir sa mission. Il semble que la région de Flechy est aux mains de l'ennemi.
Dans la matinée, le colonel se rend à la Faloise prendre contact avec le commandant du 3ème bataillon. Au retour, il trouve sur la rive est de la Noye des éléments du 2/63ème avec le commandant Gouygou, commandant le bataillon. Il prescrit à cet officier supérieur de tenir la rive est de la Noye et de la Faloise exclue, à Paillard exclu.

A 13h15, le colonel sentant son régiment complètement isolé découvert sur sa gauche, n'ayant plus aucune liaison avec ses chefs hiérarchiques, décide de constituer un groupement autonome auquel il rattachera les éléments isolés se trouvant dans son rayon d'action.
Ce groupement comprend: le 78ème R.I., des éléments du 63ème R.I., une compagnie de chars, un groupe d'artillerie.
Sa liaison étant assurée avec le général commandant la 4ème D.I.C., il se porte auprès de ce dernier et lui rend compte que, malgré plusieurs attaques par chars et infanterie, le 78ème R.I. tient fermement ses positions et que ses efforts pour entrer en liaison avec la 24ème D.I. et l'I.D.24 demeurent vains.
Il se met à la disposition de la 4ème D.I.C., explique ses intentions au général qui les approuve pleinement.

Depuis les premières heures de la matinée, le 78ème R.I. est, à l'est, en contact très étroit avec le 2ème R.I.C.. A l'ouest, on aperçoit très nettement depuis midi les colonnes motorisées ennemies qui poussent en avant et nous débordent.

Le colonel communique aux chefs de bataillon:
" la situation peut évoluer de telle façon que je sois obligé de vous donner un ordre de repli vers le sud. Étudier ce repli en tenant compte que les éléments de Berny auraient à se replier sur la rive est de la Noye."

Sur le front du sous-secteur, l'infiltration ennemie continue vers Jumel et la cote 107. De nombreux tirs d'artillerie sont effectués sur les points sensibles, mais ne parviennent pas à endiguer la progression ennemie.
Les feux d'infanterie se déclenchent avec violence sur l'infanterie adverse.
A droite, le 1er bataillon poursuit le combat en liaison avec la 4ème D.I.C..
Le régiment subit de très violents bombardements par obus de moyen et gros calibres, en particulier à Chaussoy-Epagny où la 6ème compagnie résiste avec ténacité, au bois de Rampont, à la Faloise et au bois de Morienval.
Aux bombardements succèdent des infiltrations de chars, de véhicules blindés, d'infanterie.
Les points d'appui résistent sur place, mais sont débordés par une progression continue en direction de Bel-Air et de Paillard, Chaussoy-Epagny est en flammes.

Il y a lieu de signaler la conduite admirable de la 6 compagnie 6ème compagnie et de son chef, le capitaine Guyomard, défenseur du P.A. du parc de Chaussoy, conduite qui a valu à cette unité une citation collective à l'ordre de l'armée.

   
   
   
  A 15h30, le colonel donne l'ordre suivant:
" 1) En raison de l'incertitude qui règne sur les troupes devant nous épauler au sud, le colonel décide de replier la gauche de son dispositif.
2) A cet effet, le 3ème bataillon (quartier sud) évacuera le bois de Morienval et établira sa ligne de résistance sur une ligne passant par la corne sud-ouest du parc de Chaussoy, voie romaine en bordure du bois de Rampont, lisière sud-ouest du bois de Rampont, lisières ouest et sud de la Faloise.
Points d'appui à tenir: bois de Rampont, la Faloise, moulin à 1 kilomètre nord-est de la Faloise.
P.C. du chef de bataillon: à porter au moulin, s'il existe un point de passage de la rivière sur ce point.
3) Les éléments du 2ème bataillon occupant le bois de Rampont seront, dès la relève, remis à la disposition de leur commandant de quartier.
Les éléments du 63ème R.I. qui étaient en contact avec le 78ème R.I. au bois de Morienval se replieront en même temps que le P.A. du bois de Morienval (ordre à donner par le commandement du 3/78ème). Leur chef de fraction les dirigera sur les éléments du 2/63ème à la Faloise (commandant Gouygou). Le détachement du 63ème R.I., ainsi renforcé aura comme mission de tenir la rive est de la Noye, de la Faloise, exclue, en s'étendant vers Paillard.
4) Ces divers mouvements s'exécuteront à la tombée de la nuit et devront être terminés pour 0 heure."

Nota - des éléments du 63ème R.I. avaient été orientés à tort sur le bois de Morienval; d'autre part, le commandant Gouygou, avec un détachement de son bataillon, se trouvait dans le courant de l'après-midi sur la rive est de la Noye à hauteur de la Faloise.

Ordre du colonel: La C.H.R. fera mouvement à la tombée de la nuit pour se porter de son emplacement actuel dans le bois de la Herelle (sud de Mesnil-Saint-Firmin)

La progression ennemie continue.

Colonel au commandant du 1/78ème. Le colonel rappelle au commandant du quartier nord d'assurer en permanence une liaison étroite avec les éléments du 2ème R.I.C. qui sont à sa hauteur.
En cas de repli de ces éléments et abandon par le 2ème R.I.C. du village de Merville, il est autorisé à abandonner le village d'Ailly et à se replier sur une seconde position jalonnée par Berny-Louvrechy ou éventuellement Hanneville-Louvrechy.

A 15 heures 30, message de la 4ème D.I.C.
" Envoyez immédiatement officier qualifié au P.C. de la 4ème D.I.C." Le capitaine Mangieu est désigné pour cette mission.

A 17 heures, le colonel décide de déplacer son P.C. et la C.D.T et de les porter dans les carrières du bois de Faye (1k500 à l'est de Sourdon)

A 19 heures, alors que la 9ème compagnie, qui s'est repliée du bois de Morienval évacué, a franchi la Noye vers l'est, le colonel donne l'ordre verbal aux 2ème  et 3ème bataillons de se replier sur la rive est de la Noye, la compagnie de chars de La Faloise étant chargée de tenir les issues du village jusqu'au repli total du 3ème bataillon. 
Le 2ème bataillon doit tenir la Noye depuis Hamneville inclus jusqu'à la ferme-de Courcelles, 
le 3ème bataillon depuis la ferme de Courcelles jusqu'à  La. Faloise incluse. 
Le repli s'effectue dans des conditions particulièrement difficiles sous de violents bombardements qui s'appliquent sur les points encore occupés et sur les itinéraires sud-est du champ de bataille où de _nombreux éléments sont déjà en cours de repli.
Des morts et de nombreux blessés doivent être abandonnés en raison -des impossibílitée d'évacuatíon. 
L'officier porte-drapeau, en exécution des ordres reçus en cas de capture imminente, a brûlé le drapeau à 18h10.
L'ennemi exerce une forte pression sur tous nos éléments en cours de repli. 
Les chars de La Faloise se replient à 21 heures. 

Au 1er bataillon, l'ennemi arrivé aux lisières ouest de Berny venant de la cote 107, semble vouloir déborder Berny par le sud-ouest. 
Au 2ème bataillon, l'attaque ennemie entre Chaussoy et le parc augmente d'intensité. En raison de la violence du combat dans la soirée le décrochage ne commencera qu'à 22h30 pour s”achever vers 24 heures.
Au 3ème bataillon, menacée d'être encerclée et capturée, la 9ème compagnie commence son repli vers 17h en direction de la ferme de Courcelles; 
la 11ème compagnie se replie à la même heure sur le bois de Rampont et, à 21h30, sur la ferme de Courcelles;
la 10ème compagnie à la Faloise décrochera à 21h45 et vers 24h tout le bataillon est sur la rive est de la Noye.
Les éléments du 63ème R.I. ne sont plus sur leur position.

   
             
   
  Le capitaine Mangien, parti du P.C. à 15h35 arrive au P.C. de la 4ème D.I.C. vers 16h45. Reçu seulement à 20 heures par le général commandant de la 4ème D.I.C., ce dernier lui déclare que :
" le 78ème R.I. est un très beau régiment qui tient remarquablement et qu'il est heureux de l'avoir sous ses ordres
puis il dicte personnellement l'ordre suivant:
"- 1) dès réception du présent ordre, le 78ème R.I. décrochera et se repliera en combattant dans la direction du sud. Il aura à se couvrir sur ses arrières et sur ses flancs.
-2) il établira des P.A. à Mesnil-Saint-Firmin, Bacouel, Chepoix. Il tiendra les itinéraires venant de Breteuil (ouest).
-3) il emmènera le groupe d'artillerie dont il dispose et prendra à Mesnil 2 pièces de 47 antichars mises à sa disposition.
-4) Itinéraire: Folleville - Quiry-le-Sec - Coulemelle - Rocquemcourt - Mesnil - Bacouel - Chepoix.
-5) P.C. du régiment à Mesnil.
-6) envoyez dès les premières heures de la matinée un officier de liaison au futur P.C. de la D.I. (château du bois de la Morlière) pour y prendre de nouveaux ordres, le stationnement à Mesnil, Bacouel, Chepoix ne devant être considéré que comme une grand-halte et permettre aux hommes de prendre quelque repos; la 4 D.I.C. devant se regrouper au sud de Diamant.
"

Parti du P.C. de la 4ème D.I.C. à 20h30, le capitaine Mangien se heurte à de nombreuses colonnes qui refluent vers le sud. Tout l'itinéraire est en outre battu par l'artillerie. 
Il est contraint d'abandonner sa voiture et de rejoindre le P.C. à pied à travers bois.
Il arrive au P.C. à 23 heures. 
Le colonel effectue une reconnaissance. 
Le capitaine prépare l'ordre de repli. Le colonel arrivant à cet instant y ajoute des précisions, en particulier fixe les bataillons qui doivent occuper les divers P.A..

L'ordre est transmis immédiatement. Chaque agent de transmission est transporté par un motocycliste. Ce personnel quitte le P.C. à 23h30.
Le lieutenant Baudry reçoit l'ordre de se rendre à 4 heures au P.C. de la 4ème D.I.C. au château du bois de la Morlière. P.C. qu'il trouve évacué.

Il ne semble pas que les chefs de bataillon, sauf le commandant du 2ème bataillon aient été personnellement touchés par l'ordre de repli. En raison de la difficulté de trouver des officiers la nuit au cours d'un déplacement, il est probable que cet ordre a été remis à des unités abandonnées qui l'ont transmis tardivement aux chefs de bataillon.
L'état-major du régiment n'a d'ailleurs quitté le P.C. qu'après le retour des agents de transmission.

A signaler la magnifique conduite du sous-lieutenant Dabin, officier de ravitaillement du corps qui s'est dépensé dans tous les domaines pendant la bataille, et est resté le dernier pour miner le pont d'Epagny, a transmis lui-même l'ordre de repli au 2ème bataillon.

Dans cette journée du 8 juin, le régiment allemand " Grossdeutschland" était le soir à Breteuil et à 23 heures occupait Folleville et Quiry-le-Sec (sur l'itinéraire de repli). Des renseignements non confirmés ont annoncé à 15 h 30 l'arrivée de reconnaissance ennemie à St-Juste-en-Chaussés (28 km sud d'Ailly) et vers Maignelay à l'est ( 25 km sud, sud-est d'Ailly).

   
*12

 

 
  1er bataillon:

Vers 1 h 30, ordre est donné au bataillon de se replier en partie et d'organiser des P.A. cerclés ( défense sur 360 degré) aux villages d'Ailly, de Berny et à la lisière ouest du bois d'Ailly ( 1km sud d'Ailly).
Ailly: 2ème compagnie plus une section de la 3ème compagnie;
Berny: 1ère compagnie;
bois d'Ailly: 3ème compagnie moins une section.

Le repli s'effectue avec quelques difficultés étant donné l'éloignement et la dispersion des animaux que le chef de bataillon, devant l'ordre de tenir à tout prix la veille, a fait replier; cependant, à 8 heures tous les nouveaux emplacements sont occupés et il est procédé à l'aménagement du terrain et au cerclement des P.A., nouvellement constitués.

Une liaison permanente est assurée par un officier (sous-lieutenant Morin) avec la D.I. de droite: 4ème D.I.C..

Vers 10 h, l'infiltration ennemie continue vers Jumel et la cote 107. De nombreux tirs d'artillerie sont effectués sur les points signalés mais ne parviennent pas toujours à enrayer l'avance ennemie. Les feux d'infanterie se déclenchent avec violence sur l'infanterie advers et le combat se poursuit acharné en liaison avec la 4ème D.I.C..

Tenue splendide des 2ème et 3ème compagnies dans Ailly où l'ennemi s'infiltrait et menait une guerre de rues particulièrement démoralisante. 
L'ascendance des chefs et, en particulier, du capitaine de Champs, sur leurs troupes ont réussi à endiguer l'avance ennemie et à colmater les poches.
D'autre part, le beau travail de nos mortiers et de nos S.M. qui ont dû suppléer l'artillerie débordée, a considérablement gêné l'ennemi en avant de Jumel et à la cote 107.
A Berny, soumis à un violent bombardement, la 1ère compagnie brisa plusieurs attaques d'infanterie ennemie et lui interdisit l'approche des abords du village.
Des tirs d'artillerie ennemie très violents et très fréquents sont appliqués sur le bois d'Ailly et occasionnent des pertes.

A 19 heures, le bataillon tient toujours ses positions; 
aux abords d'Ailly la pression de l'ennemi s'accentue; 
depuis environ 13 heures de nombreuses demandes de tirs d'artillerie ont été faites et n'ont pas reçu satisfaction;
depuis 15 heures, le bataillon n'a plus de liaison téléphonique avec le P.C. du colonel;
par E.R.40, il renouvelle des demandes de tirs qui ne sont pas toujours satisfaites;
devant la pression qui augmente sans cesse, il demande par fusée un tir de barrage, mais hélas ! aucun obus n'est tiré. (l'artillerie était à bout de munitions et, en raison de la désorganisation complète des arrières et de leur repli prématuré, aucun ravitaillement ne put être réalisé.)

Cependant, le moral est intact, malgré les pertes et la fatigue.

 
 
 
 
  2ème bataillon:

Le lieutenant Hubert ne rapporte l'ordre qu'à 1 heure. Il faut appeler l'échelon. Le chef de bataillon fixe immédiatement les sous-quartiers et expédie l'ordre de mouvement; il n'arrive que vers 2h30 au P.C. de la 5ème compagnie. Le décrochage est donc tardif: à partir de 3 heures pour la 7ème compagnie, de 3 h 30 pour la 5ème compagnie (le commandant de la 6ème compagnie a appris vers 24 heures l'arrivée de chars au parc de Chaussoy et reçu l'ordre d'étudier une contre-attaque éventuelle sur le bois planté. Arrivés dans la nuit, les 8 chars reçoivent l'ordre de repli à 4 heures du matin.)

La 7ème compagnie arrive dans le bois de Rampont vers 6 heures après passage des consignes à la 2ème compagnie qui l'a relevée à Berny. 
Organisation en P.A. fermé avec effort de la défense face au nord et nord-ouest. 
Liaison assurée avec le III/78ème à l'ouest. 
La 5ème compagnie qui était au contact, se replie par échelons. Il fait clair. 
Difficultés: l'échelon n'est pas encore arrivé. Les mitrailleuses, le matériel sont portés à dos, le 25 est tracté à bras; au dernier moment l'échelon du 75 arrive.
Le lieutenant Rolland ayant rencontré deux chevaux, sur le chemin du repli, retourne sur la position et ramène le 47 abandonné.
A 4 h 15, un brouillard dense tombe et permet le repli sur un terrain découvert.
Arrivée à Epagny à 7 heures.

La 6ème compagnie est en position à Chaussoy et dans le parc de cette localité. Commandée par le capitaine Guyomar, le P.A. de cette unité comprenant 3 sections de F.V. (lieutenant Rebeyrotte, adjudants-chefs Faure et Bassibey), une S.M. (lieutenant Boudet), 2 canons de 25, 1 canon d 37 et 1 canon de 75 antichars. La 4ème section de F.V. de la compagnie (adjudant Couhet) est à Hammeville.

Le P.C. du bataillon s'installe aux lisières sud-ouest du village d'Epagny. L'ennemi recherche immédiatement le contact. 

                
  La 6ème compagnie signale à 7 heures qu'une colonne blindée de 40 chars légers débouche de la corne ouest du bois de Berny et se dirige sur la ferme (cote 118) où se groupent également 50 motos. 
Dès le début de la matinée, on observe un passage continu de colonnes motorisées ennemies descendant vers le sud, sur la route Amiens-Paris, ce qui ne laisse aucun doute sur l'importance de la rupture de notre front et sur notre situation.
Vers 8 heures, un motocycliste allemand est tué aux lisières nord du parc de Chaussoy.

Le 8 juin est la journée de la 6ème compagnie.
Il est environ 9 heures, quand sur les lisières ouest et nord du parc, se produit la première tentative de l'infanterie allemande, accompagnée de quelques chars. Elle est stoppée par les feux de mitrailleuses, de F.M. et de V.B.. Cette tentative est suivie d'un calme apparent, mais des ronflements de moteur indiquent une mise en batterie de l'artillerie adverse vers le bois planté.

 
  Jusqu'à 22 h 30, la compagnie est soumise à des bombardements par obus de moyens et gros calibres presque incessants occasionnant de nombreux tués et blessés dont on peut évaluer le nombre à plus de la moitié de l'effectif.

Des attaques violentes et réitérées de l'ennemi sont repoussées après, parfois, d'énergiques contre-attaques pour reprendre le terrain momentanément perdu. Durant toute la journée, le capitaine Guyomar s'est dépensé sans compter, allant constamment d'une section à l'autre, s'imposant à tous par son calme, son sang-froid, son mépris absolu du danger, sa volonté à toute épreuve, galvanisant toutes les énergies par son magnifique exemple et réussissant ainsi à conserver la position intacte.

Les munitions sont parfois épuisées, mais le ravitaillement et les liaisons s'opèrent malgré tout. 
Le lieutenant Dabin, faisant preuve d'un dévouement admirable, arrive lui-même en chenillette avec obus de 37, de 25, grenades et cartouches. 
Les agents de liaison arrivent encore fréquemment au P.C. du bataillon.
De nombreuses armes automatiques, les roulantes, sont démolies, les chevaux tués.

  Les caves du château servent de poste de secours.
Le médecin lieutenant Bourland et le médecin auxiliaire Charcosset soignent les blessés et les évacuent, quoique difficilement, sur Epagny.

Le chef de bataillon reçoit un ordre de repli qui ne doit être exécuté que sur pression de l'ennemi. 
Il donne aux commandants de compagnie l'ordre de tenir jusqu'à la nuit et dans tous les cas de ne pas bouger sans son ordre. 
Il estime que se replier dans de telles conditions serait trop dangereux.

D'ailleurs, l'activité de l'artillerie ennemie fait sérieusement sentir ses effets sur le bois de Rampont, violemment  bombardé entre 17 et 20 heures, sur Epagny qui reçoit environ 200 obus.

Mais les liaisons téléphoniques sont constamment à rétablir avec le P.C.R.I. et avec le III/78ème, d'autant plus que le 3ème bataillon n'est plus relié au P.C.R.I. que par le II/78ème.

Bombardements également sur Hanneville vers 15 heures, quelques blessés graves;

  ici, quelques tentatives d'infiltration de l'infanterie allemande.

Sur le flanc gauche du bataillon, la 7ème compagnie signale à trois reprises le passage, à 1800 mètres de colonnes se dirigeant vers le sud (la Faloise).

Le village d'Epagny risque de" se voir tourné par le sud. Sur l'ordre du chef de bataillon, la surveillance redouble sur la route allant à la Faloise, afin de s'opposer à toute infiltration entre ce village et Epagny.

Vers 17 heures, le chef de bataillon est appelé au P.C.R.I..
Le colonel lui apprend qu'il porte son P.C. au bois de Fay et lui donne l'ordre, tout en conservant Hanneville, d'installer le II/78ème sur la rive est de la Noye, pour en interdire le franchissement en faisant face à l'ouest (quartier 200 mètres à l'ouest de la ferme de Courcelles et Hanneville).

Le chef de bataillon établit son ordre de repli et de défense.
Le P.A. d'Hanneville reste placé sur la rive ouest et face à l'ouest, 
la 6ème compagnie sur la rive est à hauteur d'Hanneville constituera le P.A. de droite en liaison avec le 1/78ème.
Au centre, et légèrement en retrait dans un boqueteau, la 7ème compagnie avec le P.C. du bataillon.
A gauche, la 5ème compagnie à hauteur de la ferme de Courcelles et en liaison avec le III/78ème.

L'ordre arrive à 20 heures 30 au P.C. de la 7ème compagnie;
                         à 21 heures au P.C. de la 6ème compagnie.

A partir de 22 h 30, la 7ème compagnie décroche par échelons et sans incidents ni perte. 
La 6ème compagnie éprouve plus de difficultés; au moment même où arrivait l'ordre de repli, des formations compactes ennemies se dirigeaient du bois de Berny vers le parc, mais elles furent arrêtées avant d'avoir atteint la lisière.
Ce n'est qu'à la nuit tombante que l'effort ennemi s'arrête et le repli s'effectue à partir de 22 heures 30.
Avec le lieutenant Rebeyrotte, le capitaine Guyomar, le dernier, quitte le parc rempli de fumée.
Le village de Chaussoy brûle ainsi qu'une barricade, les issues nord et est sont bombardés et battues par les mitrailleuses.
Enfin, la 5ème compagnie, restée pour tenir Epagny jusqu'au repli de la 6ème compagnie, franchit le pont sur la Noye vers 24 heures.

A leur passage à Epagny, les compagnies reçoivent du chef de bataillon des indications verbales complémentaires sur leur nouvelle mission.

Le lieutenant du génie chargé de faire sauter le pont reçoit du lieutenant Hubert l'indication que le bataillon s'est écoulé en entier. Mais le 2ème R.I.C. passe toujours.

A la suite de l'admirable conduite de la 6ème compagnie cette unité a été l'objet de la citation collective suivante:
Ordre n° 1361/C.

Citation à l'ordre d l'Armée.
6ème compagnie du 78ème régiment d'infanterie.

"chargée le 8 juin 1940 de tenir le point d'appui du parc de Chaussoy, entourée de trois côtés, a subi dans la matinée, une intense préparation d'artillerie de plusieurs heures. A ensuite brisé quatre attaques successives de chars et d'infanterie, clouant au sol le gros des attaques à 100 mètres de sa position, par de vigoureuses contre-attaques refoulant ou détruisant des éléments qui avaient pris pied dans la position, infligeant à l'adversaire des pertes importantes en personnel et en chars.
Malgré la supériorité d'un adversaire ardent et obstiné et ses pertes extrêmement sévères, a maintenu l'intégrité absolue de sa position. Ne s'est replié que sur ordre, au contact même de l'ennemi, ramenant tous ses blessés et tout son matériel.

Par son héroïque résistance, a forcé l'admiration de l'adversaire dont le chef a tenu après la capture du commandant de compagnie, à adresser à ce dernier, ses éloges chaleureux pour la belle conduite de son unité.

Le présent ordre comporte l'attribution de la croix de guerre avec palme.

Grenoble le 12 janvier 1943
                                                   Signé: Dentz."

 
  3ème bataillon:

Le lieutenant Vallat revient au P.C. du bataillon vers 2 heures, porteur d'un ordre de repli du régiment. Rapidement l'ordre suivant est communiqué à tous les commandants de points d'appui: ordre de repli, 8 juin, 2 heures 30.

Au reçu du présent ordre, les P.A; se replièrent sur le bois de Morienval en emportant la plus grande quantité possible de munitions et d vivre.
P.C. du bataillon: jonction du chemin du bois planté, au chemin de Chaussoy à Flers. Le mouvement devra être terminé avant le jour.

Vers 3 heures, le chef de bataillon se rend en auto au P.C. du colonel à Chaussoy. Il reçoit l'ordre suivant:
" le 3ème bataillon a pour mission de tenir, sans esprit de recul, le bois de Morienval et le village de la Faloise. 
P.C. provisoire: la Faloise.
Liaison avec le 2ème bataillon aux abords de la voie romaine, à hauteur du bois de Morienval;
avec le 63ème R.I. vers Manges-Lawarde qui sera tenu par un bataillon du 63ème  R.I."

Porteur de cet ordre, le chef de bataillon se rend au P.C. du bataillon. Les compagnies y passent au pas cadencé dans cet ordre:
section de commandement, 9ème et C.A.B.3, 11ème C.A.B 3, 10ème C.A.B.3. L'ennemi ne réagit pas.

Dès son arrivée au P.C. la section de commandement du bataillon se déséquipe et retourne au bois planté chercher les munitions restées au poste de ravitaillement du bataillon: 30 caisses de cartouches diverses sont sauvées.
Le sergent-chef Corqueteau et le hef du canon de 37 ramènent leurs canons à bras d'hommes (25).
Le canon de 75 en D.C.B. est également sauvé grâce à la ténacité du capitaine du 21ème R.A.D.

Le lieutenant Cavalier de la D.B.A.C., a été obligé d'abandonner ses canons de 47 après les avoir mis hors de service.

Le mouvement du bataillon s'exécute en plein jour à partir de Chaussoy, mais sans incident, grâce à un épais brouillard qui empêche toute intervention de l'aviation allemande.

Le chef de bataillon arrive vers 4 h 30 au bois de Morienval.

Ce bois est déjà tenu par le G.R.D.28. Il se présente au colonel commandant cette formation et règle en accord complet avec lui la défense du bois. Toutes les armes et tout le personnel , du C.R.D. passent sous le commandement direct des commandants d'infanterie.

 
 
  Après reconnaissance du bois, le chef de bataillon organise la défense en deux sous-quartiers.:
Sous-quartier est: sous-lieutenant Thabeault, commandant la 11ème compagnie, comprendra, outre les armes du G.R.D., la 11ème compagnie, le groupe de mortiers de 81 du bataillon, une S.M., un canon de 25, un canon de 37 et un canon de 75 en D.C.B.. Il assurera la liaison avec le 2ème bataillon en installant un poste de liaison à la voie romaine.
Sous-quartier ouest: lieutenant Massaud, commandant la 9ème compagnie, comprendra la 9ème compagnie et une S.M.. Il recherchera la liaison avec le 63ème R.I. aux abords est de Mauger-Lawarde.
Mission des deux sous-quartiers: interdire à l'ennemi le bois de Morienval.
La mise en place des P.A. terminée, les travaux d'organisation du terrain commencent aussitôt.

Vers 6 heures, le chef de bataillon arrive à la Faloise. Il prend contact avec le capitaine le Guevel, du 2ème R.I.C., chef de la défense du village, et prend le commandement de cette défense. Il est entendu avec lui qu'il conservera la garde des issues et que la 10ème compagnie assurera la défense des parties hautes du village et du bois entre la ferme de Bel-Air et le village.
P.C. du bataillon à l'école, relié par téléphone avec le P.C.R.I..
Le calme règne partout.

Vers 7h15, le chef de bataillon se rend au P.C. du colonel à la ferme de Courcelles, en compagnie du capitaine Perrier qui s'arrête au centre de ravitaillement du R.I. pour régler le ravitaillement des sous-quartiers de Morienval. Le colonel approuve le plan de feux et le dispositif du bataillon. Il accorde des moyens supplémentaires pour la D.C.B. du bois de Morienval. Le plan de feu de l'artillerie n'est pas encore établi.

Vers 8 heures, le chef de bataillon quitte le P.C. du colonel, se rend d'abord au C.R. du R.I. et ensuite au P.C. du bataillon à la Faloise. Arrivé au P.C., il apprend que le G.R.D. a évacué le bois de Morienval et qu'il vient d'installer son P.C. dans une maison au centre du village. L'encombrement des rues est à son comble. Chevaux, voitures, camions, autos sont à se toucher pendant que le village est survolé par un avion ennemi. Aucun renseignement ne peut être obtenu des officiers du G.R.D., le chef de bataillon a l'impression que cette formation ne restera pas longtemps à la Faloise.

Il se rend au bois de Morienval pour vérifier le plan d'occupation. Le départ du G.R.D. a modifié l'emplacement de combat des différents groupes et, de nouveau, il faut organiser le terrain, perte de temps et fatigue supplémentaire, au moment où les colonnes allemandes débouchent de la lisière sud du bois de Berny et se dirigent vers le sud.

La liaison avec le II/78ème a été  assurée par l'aspirant Bel, de la 11ème

Le poste de secours du bataillon et un poste de relais (cyclistes) s'installeront au boqueteau sud-est du carrefour de la route de la Faloise à Lawarde avec la voie romaine. A ce moment le capitaine Perrier arrive en chenillette avec son ravitaillement en obus de 37, 25 et 81.

Depuis un quart d'heure, l'artillerie allemande arrose copieusement le village d'Hallivillers et le carrefour à l'est. Avant de rentrer au P.C., le chef de bataillon se porte aux abords d'Hallivilers et observe les lisières sud du bois de Berny. Une troupe allemande, en formation d'approche, sort du bois et se dirige direction sud, sud-ouest.

Un détachement du 63ème R.I. se replie. Un officier de ce détachement, interrogé, ne peut donner aucun renseignement sur ce qui se passe à Mauger-Lawarde. Il ne sait où se trouve son chef de bataillon. Il se replie sur la ferme de Bel-Air. Une trentaine de traînards marchent en désordre dans la plaine au sud d'Hallivillers.

Rentré au P.C. vers 10 heures, le chef de bataillon prend contact avec le capitaine Auzary et fixe la mission de la 10ème compagnie (tenir les lisières nord du parc du Château). Puis de nouveau, il prend contact avec le commandant du G.R.D. et le capitaine Gastines, commandant la 3ème compagnie du 12ème B.C.C.H.35 (cinq à six chars en état de combattre).
Le G.R.D. va se replier dans les bois à l'ouest de la station de la Faloise; quant aux chars, ils sont à la disposition du colonel commandant le 78ème R.I..

Au bois de Morienval, le lieutenant Marsaud, commandant la 9ème compagnie, commence à être inquiet. Il n'a pas été possible à 10 h 30 d'assurer la liaison avec le 63ème R.I.. Une patrouille commandée par le sous-lieutenant Vannier, envoyée jusqu'à Mauger-Lawarde, rentre vers 11 heures sans avoir trouvé d'éléments du 63ème R.I., mais après avoir reçu des coups de feux ennemis. Au retour, elle s'est heurtée à un groupe de fantassins allemands dans le village d'Hallivillers.

Vers 12 heures, le sous-lieutenant Vannier installe son observatoire sur un des grands arbres de la lisière ouest du bois de Morienval. Il voit parfaitement les lisières d'Hallivillers et repère la situation ennemie. Deux sections ennemies occupent la lisière est. Un poste de flanc-garde est installé dans les blés entre cette lisière et le bois de Morienval, à 300 mètres du village. Des unités motorisées allemandes venant de la lisière sud du bois de Berny se portent en direction de Paillard. D'autres unités semblables se portent en direction de la route de Paris en débordant le village de Flers par l'est et par le sud.

Depuis 10 heures, l'artillerie ennemie bombarde par intermittence le bois de Morienval.

Vers 13 h 15, un détachement motocycliste allemand débouche d'Hallivillers et se porte en direction de la Faloise, mais il s'arrête à quelques centaines de mètres du village et fait demi-tour. 

Vers 14 heures, le même détachement, appuyé par trois chars ou auto-mitrailleuses, débouche de nouveau d'Hallivillers et se porte par la route en direction de la Faloise. Le capitaine Perrier et un groupe d'hommes du bataillon l'attend à la sortie ouest de la Faloise. Dès que les éclaireurs ennemis atteignent le carrefour de la voie romaine, le capitaine Perrier ouvre le feu. Le détachement s'arrête encore une fois et fait demi-tour. Il recommence la même opération quelques minutes plus tard et fait de nouveau demi-tour. Mais les auto-mitrailleuses restent à la lisière est d'Hallivillers.

Le chef de bataillon qui a assisté à cette rencontre décide d'intervenir avec les chars stationnés à la Faloise. Le capitaine Gastines, commandant la compagnie, ne veut recevoir des ordres que du colonel commandant le 78ème R.I.. Le chef de bataillon demande par téléphone au colonel l'autorisation d'employer les chars. Cette autorisation est accordée, sous réserve de ne pas les employer à de grands raids. Mis au courant de la décision du colonel, le capitaine Gastines est d'accord de prendre part au combat. 
Le chef de bataillon décide ce qui suit:
- 1) chaque poste aux issues sera appuyé par un char qui restera à demeure près de la barricade;
-2) les chars interviendront contre les chars ennemis s'ils recommencent leur approche sur la Faloise.

La mise en place des chars aux issues se fait immédiatement.

A 14 h 45, un de nos chars se porte au carrefour de la voie romaine; les auto-mitrailleuses allemandes se replient pour ne plus reparaître.

Pendant ces incidents, le bois de Morienval et le village d'Epagny sont copieusement bombardés par l'artillerie ennemie.

Vers 15 heures un ordre du colonel arrive au P.C. du bataillon. Cet ordre prescrit à tous les bataillons du R.I. de se replier sur la rive est de la Noye et d'y tenir sans esprit de recul. Le chef de bataillon décide de tenir jusqu'à la nuit et fixe la mission de chaque compagnie. 
Les 9ème et 11ème

En fin de mouvement le dispositif à réaliser sera le suivant:
11ème compagnie: tiendra le pont d'Epagny et les rives est de la Noye de part et d'autre de ce pont, en liaison au nord avec le 2ème bataillon (liaison à rechercher) et au sud ave  la 9ème compagnie.
9ème compagnie: en liaison au nord avec la 11ème compagnie et au sud avec la 10ème compagnie, tiendra le passage du moulin et la rive est de la Noye.
10ème compagnie: tiendra le pont d la Faloise et le hameau de la station.
P.C. du bataillon: bois nord-est de la station de la Faloise avec guides à prendre à la station.

Cet ordre, parti du P.C. vers 16 h 30, n'est pas parvenu aux 11ème et 9ème compagnies, les agents de transmission ayant eu leurs cheminements occupés par l'ennemi.

De 16 h 30 à 21 h 30, un violent bombardement d'artillerie ennemie est déclenché sur la Faloise, occasionnant beaucoup de dégâts dans nle village et un incendie dans un bâtiment contenant les véhicules de ravitaillement de la compagnie de chars.

Que s'est-il passé au bois de Morienval ?
Les tirs de l'artillerie ennemie, déclenchés depuis 10 heures sur le bois de Morienval, s'intensifient à partir de 15 heures sur les lisières nord-ouest et sud en concordance avec la manœuvre d'un fort détachement motorisé ennemi qui se dirige de Lawarde-Mauger sur la Faloise en passant par Hallivillers.

  Vers 16 heures, les points d'appui de la 9ème compagnie, situés dans la partie ouest et nord du bois de Morienval, sont attaqués. ILs ripostent vigoureusement de leurs feux, mais l'ennemi prend pied dans le bois. La situation de la 9ème compagnie devient critique, l'ennemi après être entré dans le bois s'installe à  hauteur d'un layon central face au sud et face à l'est.

D'autre part, un autre détachement ennemi encore plus important que le premier se porte en deux fractions, en direction de la Noye: 
la première fraction sur Epagny par la lisière sud-est d'Hallivillers et le plateau entre la Faloise et Chaussoy,
la deuxième fraction sur Paillart par la lisière sud-ouest d'Hallivillers et les bois au sud de la ferme de Bel-Air.

Le lieutenant Marsaud pare tout de suite à l'action de l'ennemi dans le bois de Morienval. Il installe sa section de mitrailleuses et son groupe de mortiers dans un boqueteau aux abords de la voie romaine (ces deux éléments aux ordres du lieutenant Couturaud), avec mission d'arrêter l'ennemi à l'ouest de la voie romaine et de lui interdire le débouché du bois de Morienval en direction de la Faloise.

Vers 16 h 45, un violent bombardement ennemi se déclenche sur les parties sud et est du bois de Morienval et cinq minutes après l'infanterie allemande attaque en direction du sud. Elle réussit à occuper la lisière sud du bois, mais ses éléments de reconnaissance ne peuvent pas en déboucher, cloués au sol par les feux du groupement temporaire du lieutenant Couturaud.

Profitant de l'arrêt de l'ennemi, le lieutenant Marsaud donne l'ordre à ses points d'appui de se replier sur la Faloise par l'itinéraire: 
layon central du bois de Morienval, corne sud-est de ce bois, voie romaine, lisière nord de la Faloise.
Le mouvement commence à 17 h 45 sous la protection du détachement du lieutenant Couturaud. A ce moment le bombardement de l'artillerie ennemie sur les lisières est et sud-est du bois est très violent. Il est franchi sans perte.

Vers 18 h 15, la section de tête tombe sous le feu des armes automatiques en batterie dans les boqueteaux du carrefour de la voie romaine. 
Le lieutenant Marsaud, après avoir fait placer la section du sous-lieutenant Vannier en protection du flanc droit, oriente sa compagnie vers la ferme de Courcelles où les premiers éléments arrivent vers vers 19 heures. La ferme et les abords sont violemment bombardés. 
Après avoir fait au colonel un rapide compte-rendu, le lieutenant Marsaud reçoit l'ordre de s'installer définitivement face à l'ouest aux abords de la ferme de Courcelles, entre la voie ferrée et la Noye, pendant que la C.D.T. se reporte plus à l'est.

  La 9ème compagnie occupe ses emplacements vers 19 h 45 et cherche la liaison avec la 10ème compagnie à la Faloise.

Vers 22 h 45 (?), ayant connaissance d'un ordre de repli général en direction du sud, la 9ème compagnie décroche par sections et se porte vers Quiry-le-Sec.

Le groupement temporaire du lieutenant Couturaud, placé vers 16 heures aux abords sud-est du bois de Morienval, est resté en place jusqu'à la nuit. Il ne s'est replié que vers 22 heures, en liaison avec la 7ème compagnie. Pendant toute la durée de sa mission, il a combattu avec ténacité, empêchant à tout moment l'ennemi de déboucher de la lisière sud du bois de Morienval et de s'infiltrer entre la Faloise et Epagny.

La 11ème compagnie, qui tenait la partie est du bois de Morienval; bombardée sérieusement, à partir de 15 heures, évacua ce bois vers 16 h 55 et se porta sur le flanc gauche de la 7ème compagnie à la lisière sud-ouest du bois de Rampont.
Vers 21 h 30, elle se replia avec cette compagnie sur la ferme de Courcelles en passant par Epagny, puis suivit le mouvement du 2ème bataillon.

 

Que s'est-il passé à la Faloise ?

Le 8 juin, vers 6 heures, au moment où le chef de bataillon arrive à son P.C. à la Faloise, la situation dans le village est la suivante:
Les issues sont gardées par la 3ème compagnie du 2ème R.I.C. (capitaine la Guevel), un escadron à cheval du G.R.D. cantonne dans le village. 
La 10ème compagnie tient la rive est de la Noye.
Tout est calme, le village est intact, sauf au château où une bombe ennemie a détérioré un bâtiment.
Les hommes du 2ème R.I.C. sont au travail d'installation des barricades.

Vers 8 heures, le G.R.D. qui vient de se replier du bois de Morienval arrive et s'installe dans la partie centrale du village.

Vers 13 h 15, un détachement motorisé ennemi tente d'aborder la lisière ouest; arrêté par la capitaine Perrier et repoussé par bnos chars, ce détachement disparaît à partir de 14 h 45 pour ne plus reparaître.

Vers 15 heures, la 10ème compagnie va occuper le parc du château et les vergers à l'ouest du village.

Appuyé par un bombardement d'artillerie, un détachement ennemi tente, à partir de 17 heures, de s'emparer du parc du château; repoussé par la 10ème compagnie, il s'accroche au terrain aux abords de la ferme de Bel-Air. Le bombardement du village continue  jusqu'à 21 h 30.

Le décrochage prévu par ordre du colonel commence exactement à 21 h 45 par le P.C. du bataillon. Il se continue par celui de la compagnie du 2ème R.I.C..
A 22 h 30, l'ennemi s'empare de la partie nord-ouest du village et à 23 heures de la partie centrale.
La 2ème section de la compagnie qui gardait l'issue nord du village est séparée de la compagnie et, après combat, sera faite prisonnière sur place le 9 juin vers 2 heures du matin.
Le reste de la compagnie contourne le village et traverse les marais de la Noye sous le feu de l'adversaire.
Le sous-lieutenant de Vathaire, installé à la partie sud du village, est aux prises avec l'ennemi et craint de ne pouvoir décrocher seul.
Le lieutenant Peyroux avec 3 F.M. va à son aide.
Le calme se rétablit et la compagnie occupe vers minuit le hameau de la station.
Malgré ces pertes, le moral de la compagnie reste excellent.

*12

 

 

  Ils ont côtoyé le 78 régiment d'infanterie.
Le 28 G.R.D.I  (sur http://grca.free.fr/historique_grdi/28/28_grdi_historique.pdf)
  Le 28ème GRDI a été formé à Bellac (Haute-Vienne) au centre mobilisateur de cavalerie N° 29 le 2 septembre 1939 jour de la mobilisation et lutte avec et au même endroit que le 78ème R.I.

04 Juin 1940
23 h 00, le 28
ème GRDI est relevé par le 78ème RI.

05 Juin 1940 : 
4 h 00, le 28
ème GRDI est regroupé à Bonneuil-les-Eaux.
Mission : Établir des bouchons antichars sur la route Amiens – Paris. 
Tenir le village de Bonneuil-les-Eaux. 
Bonneuil : Tout point d’appui cerclé sous les ordres du Capitaine Boyette.
Composition : 2ème et 3ème escadrons.
Ferme de la Folie : 1er escadron et un GM, 1 groupe de 25 hippo sous les ordres du Capitaine de Langun.
PC à Bonneuil-les-Eaux.

06 Juin 1940 :
9 h 00, l’escadron moto et 4 GM sont détachés à la 4ème DIC. 
Mission :Couvrir la destruction du pont sur la Roye, côte 41, entre Guyencourt-sur-Noye et Ailly-sur-Roye 

11 h 00, ordre de repli de ces éléments vers Rouvrel où ils s’installent en point d’appui cerclé.
A l’arrivée du GR à Rouvrel, 3 pelotons moto sont poussés sur la Noye : 
- 1 peloton à Ailly-sur-Noye. 
- 1 peloton au pont détruit , côte 41.  
- 1 peloton à Remiencourt.
Mission :Assurer la liaison entre la 4ème DIC à Ailly et la 24ème DI à Remiencourt. Le reste du GR tient Rouvrel.

07 Juin 1940 : 
3 h 00, le GR reçoit l’ordre de se porter sur le bois de Morienval et la Faloise. 
Mission :Etablir des points d’appui cerclés au bois de Morienval et à la Faloise pour arrêter
toute incursion d’engins blindés et d’éléments ennemies motorisés ou à pieds
Bois de Morienval :
-2ème et 3ème escadrons  Sous les ordres du Lt-Colonel.
-1 groupe de 25 hippo )
La Faloise :- 1er escadon et un GM sous les ordres de Capitaine de Langun. 
PC : Bois de Morienval.

13 h 00, bombardement par avions du bois de Morienval. 3 blessés, Capitaine Kermadon, Lieutenant Médecin Marcrou, Brigadier Fournier (2ème escadron).

08 Juin 1940 : RI et se regroupent à la Faloise.
9 h 00, une violente poussée ennemie ayant lieu vers la 4ème DIC dans la région de Louvrechy, le 2ème et 3ème escadron reçoivent l’ordre de se porter au Sud de Chirmont (au nord du carrefour, côte 158). 
Mission :Couvrir en direction du Nord le détachement de la Faloise, feux orientés en direction du Nord-Est. 
13 h 00, d’importantes colonnes ennemies sont signalées de Flers-sur-Roye sur Lawarde-Mauger en direction de la Noye. 
Paillart n’est pas tenu.
Ordre est donné au 1er escadron de se porter sur cette localité avec mission d’interdire le passage de la Noye à tous les éléments ennemies.
La situation paraissant stable à Chirmont et Sourdon, le dispositif des 2ème et 3ème escadrons est reporté face à l’Ouest pour collaborer à la défense de la Faloise, tenue par une compagnie du 2ème RIC, des éléments du 78ème RI et une section de chars.
17 h 00, ordre de la 4ème DIC d’aller faire deux bouchons antichars à Tartigny et Breteuil embranchement.
Ordre est donné aux 2ème et 3ème escadrons d’aller à Tartigny, et au 1er escadron à Breteuil embranchement par Folleville – Rouvroy-les-Merles – Tartigny.
Les 2ème et 3ème escadrons accrochés rompent le combat et prennent l’itinéraire indiqué.
Le colonel se porte au carrefour Sud du bois Bernard où il est pris sous un feu violent d’artillerie ennemie, il décide alors de changer l’itinéraire et oriente la colonne par Esclainvillers
– Quiry-le-Sec – Rocquencourt – Le Mesnil-Saint-Firmin – Tartigny.
Le 2ème escadron est devancé par l’ennemi qui occupe le château de Tartigny et déclenche sur lui un tir d’artillerie à vue auquel se joint celui des armes automatiques. Le village de Tartigny est en flammes. Le capitaine ne pouvant accomplir sa mission, fait replier ses éléments vers le Sud-Est derrière la voie ferrée, en s’appuyant sur Breteuil embranchement.
Les chars ennemis contournent leur position et sous la menace d’encerclement, le 2ème escadron se replie en direction du Sud-Est avec le 3ème escadron.
Le 1er escadron à la réception de l’ordre de se porter sur Breteuil embranchement est sérieusement accroché à Paillart.
18 h 00, le capitaine décide de décrocher son escadron dans l’ordre suivant, 4ème peloton, peloton canons, 3ème peloton, G.M, 2ème peloton et de le porter par Folleville sur Breteuil
embranchement.
Les pelotons sont pris sous un feu violent d’artillerie, de nombreux chevaux sont tués ou blessés et l’escadron se replie en direction de Rouvroy-les-Merles où se regroupent 3 pelotons
qui se dirigent vers Tartigny où ils ne trouvent plus personne ; débordés par le Sud, ils prennent la direction du Sud-Est. 
Le 1er peloton sous les ordres du Lieutenant Rebatet, malgré l’ordre de repli reçu à 18h 00, est resté à la disposition du capitaine commandant le II / 21 pour appuyer le décrochage de l’artillerie, il tiendra l’ennemi jusqu’à 19h 30, permettant ainsi le repli de ce groupe.
Le Lieutenant Rebatet décroche alors son peloton et se dirige sur le bois de Folleville qui est très violemment bombardé. Il oblique vers le Sud-Est. Un tir fusant ennemi blesse le Cavalier Chetanneau et le Brigadier-Chef Dexet-Pausés, ils sont emportés sur leurs chevaux. De replier son peloton sur Rouvroy-les-Merles puis Tartigny. Au Sud de Tartigny le peloton est pris à partie par plusieurs armes automatiques ennemies : le Cavalier Audoyer met son FM en batterie pour permettre au peloton de gagner un défilement vers l’Est, seize cavaliers sont regroupés.
Le repli continue en direction de Chepoix, à 100 m Nord de l’entrée de ce village, deux hommes sautent sur des mines et un poste allemand prend sous son feu ce petit détachement. Le Brigadier-Chef Genest tue d’un coup de mousqueton le guetteur avancé allemand, mais le tir du poste allemand poussent le peloton jusqu’à l’Est de la voie ferrée, où cinq hommes seulement sont regroupés.
Le repli s’effectue jusqu’à Cressonsacq puis Estrée-Saint-Denis où, d’après les renseignements, se regroupait la 24ème DI.
La division n’étant pas dans la région, les éléments restant du 1er peloton gagnent Pont-Sainte-Maxence et passent l’Oise en bateau, les ponts ayant sautés, atteignent la forêt d’Halatte où ils se mettent à la disposition du 35ème GRDI avec lequel ils coopéreront les 09 et 10 juin, puis rejoignent le GR le 11 à Fontenay-en-Parisis.

09 Juin 1940
Pendant ce temps le reste du GR avait retraité vers le Sud-Est et s’était regroupé aux alentours de Luzarches où il passe les journées des 09 et 10 juin.

10 Juin 1940 G.M qui se portent à Fontenay-en-Parisis où ils sont rejoints par des éléments du 1er dont il est reconstitué 2 pelotons dont 1 à cheval et 1 pièce de 25 ; deux pelotons et le GM n’ont pas rejoint ; ils n’auraient pu se dégager de Paillard.
Ces éléments sont mis à la disposition de la 16ème DI qui tient l’Oise de Noisy-sur-Oise à Mours

 
Le 24è RTS
   

Les Tirailleurs Sénégalais du 24è RTS dans la tourmente de 1940

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Du 5 juin au 10 juin, les allemands lancent leur offensive générale de la Meuse à la baie de Somme, soit près de 10 divisions (2000 chars d'assaut, une aviation supérieure, omniprésente, et un million de fantassins), contre 9 divisions françaises dont deux légères blindées.

Le 24è RTS occupe la position centrale du système défensif de la 4è DIC, épaulé à l'est, secteur de Corbie par le 16è RTS, et à l'ouest, secteur de Longueau, par le 2è RIC. C'est à partir de Bois l'Abbé, que le 1/24è RTS reçoit pour mission de reprendre le village d'Aubigny, tête de pont de l'avancée allemande sur la Somme. Le village d'Aubigny sera pris après de violents combats au corps à corps le 24 mai, abandonné sous un déluge de bombes pour être en partie reconquis le 28 mai. L'attaque échouera faute d'un appui sérieux de l'artillerie et de la compagnie de chars mise à la disposition des tirailleurs. Au cours des combats du 24 mai, les soldats de la Wehrmacht, rendus furieux par leurs très lourdes pertes, achevèrent les sénégalais blessés qui n'avaient pu être évacués, ou qui n'avaient pu regagner leurs lignes. Au soir du 24 mai, le 1/24è RTS comptait 4 officiers tués, 6 blessés, 40% des tirailleurs qui formaient le 1/24è RTS ont été tués ou portés disparus, 50% des gradés sont hors de combat. Les pertes étaient telles que lors de l'attaque du 28 mai un bataillon mixte dut être constitué avec une compagnie prise sur l'effectif de chaque bataillon, 3è Cie du 1/24è RTS, 5è Cie du 2/24è RTS et 10è Cie du 3/24è RTS.

Malgré les panzers, les bombardements incessants de l'aviation et de l'artillerie ennemie, le 24è RTS organisé en points d'appuis bien espacés, maintient ses positions jusqu'au 8 juin, infligeant aux colonnes blindées de très lourdes pertes avec son artillerie régimentaire (400 chars ennemis sont déclarés détruits sur le front de la Somme).

Combats pour l'Honneur.

Le 8 juin au matin, l'ordre de retraite générale est notifié au lieutenant-colonel Fabre qui remplace le colonel Alexandre à la tête du 24è RTS. "Une vague de mécontentement se manifeste parmi les hommes qui ne comprennent pas qu'on ait exigé d'eux un travail surhumain pour la mise en état de défense les positions (transport de tous les approvisionnements en vivres et munitions), d'avoir jusqu'à 1 heure du matin mis la main aux derniers détails, et brusquement, l'ordre de tout quitter, de tout abandonner, alors que chacun s'était fait à l'idée de se sacrifier s'il le fallait sur place, et tous attendaient l'attaque avec une grande confiance" (rapport du lieutenant-colonel Fabre commandant le 24è RTS). Mais de part et d'autre de la 4è DIC, le front craque, la 7è DINA est débordée par l'est. Plus loin vers Abbeville, la 5è DIC et les catalans du 44è RICMS sont désintégrés lors des combats des 5 et 6 juin, les deux divisions d'infanterie qui devaient assurer la liaison entre la 4è et la 5è DIC n'existent plus, ou ont décroché prématurément, laissant des trous béants dans les dispositifs de défense.

Le 2è RIC sacrifie une partie de ses bataillons en retardant l'avance ennemie, ou en se portant au secours d'unités amies, puis s'est au tour du 24è RTS d'assurer le repli, à pied de la 4è DIC, ou de ce qu'il en reste. La progression s'effectue à travers champs, par unités constituées, par groupes, sous-groupes, ou colonnes hétéroclites. Les routes quant à elles sont encombrées de toutes sortes de véhicules, de convois hippomobiles de cinq divisions, ainsi que de nombreux civils qui cherchent dans la fuite un hypothétique salut. C'est une mission d'arrière garde et de sacrifice, qui mènera le régiment des bords de la Somme à ceux de l'Oise, où attaques, contre-attaques et charges à la baïonnette se succéderont jusqu'à épuisement des munitions. Castel, Merville aux Bois, Mailly-Raineval, Ravenel, Léglantier, Angivillers, Lieuvillers, Erquinvillers, et Cressonsacq, autant de lieux de combats, de souffrances et de sacrifices jalonnés par les tombes des tirailleurs.

Beaucoup d'hommes seront tués au combat, d'autres faits prisonniers et un certain nombre purement et simplement fusillés du simple fait qu'ils étaient noirs. C'est ainsi que le 9 juin, les débris des 24è et 16 è RTS, du 2è RIC et d'autres formations n'appartenant pas à la division (10è régiment de tirailleurs marocains, 610è Pionniers, 78è régiment d'infanterie) sont encerclés dans le secteur compris entre Angivillers et Erquinvillers (Oise). Les hommes sont à bout de force après 15 jours de combats incessants, et une retraite à pied de plus de 50 kilomètres. "Le 9 juin à 21h00 le lieutenant-colonel de Negreval, officier le plus ancien dans le grade, commandant le 2è RIC, réunit tous les officiers des formations présentes dans le secteur. Ordre est donné de forcer le passage vers le sud. Tout le matériel est détruit, les archives brûlées. Les bataillons doivent se fractionner en groupes de 30 à 50 hommes, avec pour chaque groupe un officier et un sous-officier européen, les sénégalais ne devant être abandonnés en aucun cas" ( Rapport du chef de bataillon Cotten commandant le 3/24è RTS). A 22 heures, les départs s'effectuent dans l'ordre suivant 2è RIC, 16è RTS, 24è RTS et éléments divers. Vers minuit, les premiers éléments du 24è RTS (3è bataillon) quittent Angivillers sous le feu ennemi.

Le lieutenant-colonel Fabre restera dans Angivillers, organisant les positions de défense avec près de 300 hommes qui ne pouvaient suivre, il sera capturé le matin du 10 juin après de brefs mais durs combats. Dans la nuit du 9 au 10 juin, le capitaine Bébel, adjudant-major au 3/24è RTS, originaire de la Guadeloupe, et ses 60 tirailleurs, prend la tête d'une contre attaque désespérée à la baïonnette, il ne dépassera pas Erquinvillers. Blessé, la jambe fracassée, il sera abattu le 10 juin. A bout de forces, sans ravitaillement depuis plusieurs jours, et à court de munitions, les défenseurs d'Erquinvillers, qui n'avaient pu forcer les lignes allemandes, se rendront. Ils seront fusillés systématiquement (plus de 40 cas sur les 130 morts recensés dans le cimetière). "Les allemands occupent maintenant Lieuvillers et Erquinvillers (les combats auront duré de 1h00 à 5h00), il ne reste plus qu'à nettoyer, une à une les maisons dans lesquelles les soldats se sont retranchés. Beaucoup de ces soldats ont péri dans les maisons incendiées. Le nettoyage est fait sans pitié, dans les rues du village et dans les récoltes, c'est une vraie chasse à l'homme. Les maisons dont les défenseurs refusent de se rendre sont incendiées. La plupart des soldats capturés sont fusillés sur place. Bien souvent les allemands les obligent à creuser eux mêmes leur tombe". (Récit de Monsieur Durossoy, Maire de Lieuvillers de 1945 à 1977).

Les ordres sont respectés, les éléments constituant la 4è DIC se sont scindés en groupes plus ou moins importants. On se bat à Noroy, Cugnières, Valescourts, St Remy en l'Eau, Lamecourt... Le Lieutenant Méchet du 2/16è RTS est abattu avec ses 7 tirailleurs à Bailleuil le Soc, le même sort attend l'adjudant Clanet du 24è RTS et ses 9 tirailleurs à Remecourt. Plus loin sur la commune de Cressonsacq, au lieu-dit bois d'Eraines, des actes identiques furent perpétrés le 11 juin, les officiers qui tentaient de s'interposer subirent le même sort. C'est ainsi que seront abattus d'une balle dans la tête, le chef de bataillon Bouquet (2/24è RTS), le capitaine Speckel et le lieutenant Brocart (16è RTS), le capitaine Ris, les lieutenants Roux, Erminy, Rotelle et Planchon tous du 24è RTS (ces officiers appartenant tous vraisemblablement au 2/24è RTS), ainsi que de nombreux sous-officiers et tirailleurs. Leur seul "crime", était d'avoir commandé et défendu leurs troupes noires, face à la haine raciale de leurs adversaires. Certains officiers dont le lieutenant-colonel Fabre à Angivillers, le médecin-lieutenant Hollecker à Léglantiers parvinrent à sauver leurs hommes, mais seuls quelques 90 isolés parvinrent à passer au travers des lignes allemandes, et à franchir l'Oise. De la 4è DIC, il ne restait que la valeur d'un bataillon d'infanterie : 200 hommes du 2è RIC, 300 hommes du 16è RTS, 90 hommes du 24è RTS, le II/12è RAC, la 16è batterie du V/212è RAC, le VIè groupe du 212è RAC, ainsi que les 90% du 74è GRDI (!). Ces éléments furent toutefois maintenus en ligne au nord de Paris, puis sur Ris-Orangis, Malesherbes, et enfin La Loire en amont de Brioude. "Les éléments du 24è RTS qui ont ainsi rejoint Montauban comptaient 5 officiers (commandant Seguin, capitaine Lambert, sous-lieutenant Debois, aspirants Chabrier et Mercier), 5 européens (adjudant-chef Sahonnet, sergent Gheysens et 3 hommes de troupe) et 15 africains" (Témoignage du capitaine Lambert 3è Cie du 1/24è RTS). Ils furent dirigés sur Perpignan le 8 juillet où les attendait depuis plusieurs jours la colonne auto avec sa vingtaine de véhicules, et le drapeau du régiment. Les 1/16è RTS et 2/16è RTS ne passeront pas les premières lignes de défense allemandes. Les villages de Sains-Morainville, Magnelay, Ravenel, La Neuville au Roy, Lieuvillers, sont le théâtre de violents combats qui dureront toute la nuit du 9 au 10 juin. Seul le 3/16è RTS parviendra jusqu'à la Loire où il disparaîtra à son tour. L'état des pertes était tel, qu'en 1964 il était toujours impossible, vu l'incroyable nombre des disparus de donner un chiffre précis des pertes du 24è RTS.
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http://www.troupesdemarine.org/traditions/histoire/hist009.htm
 
Les Tirailleurs Sénégalais de la 4ème Division d'Infanterie Coloniale  
 

   le 8 juin, le récit des combats des tirailleurs sénégalais, de la 4ème Division d'Infanterie Coloniale,  qui luttent au côté du 78ème.

 
 
Pages 8 et 9 du document

le reste est ici: http://www.cressonsacq.com/doc-cressonsacq/AHTIS%20N%C2%B03%20REVUE%20DES%20TIRAILLEURS.pdf

le 2e RIC
 
 
Aux mêmes lieux le 2e RIC: http://www.amicale2rima.fr/index.php/traditions/histoire-tdm/2-eme-guerre-mondiale/395-chef-de-section-7cie-2bat-ric-juin-1940
 

 

            Ils sont décédés ce 8 juin 1940:     
       
1
AUDOUIN
Jean Ernest Alphonse
Rocquencourt
60
2
BADILLON
André René Léon
Rocquencourt
60
3
BONIC
Yves Germain
Chaussoy-Epagny
80
4
BRUNET
Georges Honoré Adrien
Sourdon
80
5
BURGAUD
Paul Henri Clovis
Chaussoy-Epagny
80
6
BUSCAIL
François
Château de Tartigny
60
7
DENEY
Paul Henri
Coullemelle
80
8
DURAND
René Fernand
Chaussoy-Epagny
80
9
FEJARD
Jean Robert
la Faloise
80
10
GUERINEAU
Abel Marie
Ailly-sur-Noye
80
11
GUIDAMOUR
Georges Paul
Quiry-le-Sec
80
12
HOUILLON
Paul François
Hardivillers
80
13
JALAUDIN
René Fernand Moïse
Tartigny
60
14
L'HEREEC
Eugène Marie
Folleville
80
15
LAROCHE
Gaston Louis Paul
Breteuil
60
16
LAVALADE
Roger
?
?
17
MARTIN
Emile André Maurice
Chaussoy-Epagny
80
18
PARENTEAU
Jacques
Chaussoy-Epagny
80
19
PENNETAULT
Marcellin
Chaussoy-Epagny
80
20
PORSMOGUER
François Joseph
Rocquencourt
80
21
REVEREAULT
Pierre Clément Marie
Folleville
80
22
ROUX
Albert Gérard Joseph
Chaussoy-Epagny
80
23
SOUCHOIS
André
Sceaux
75
24
VUZE
Maurice Alexandre
Chaussoy-Epagny
80

Liste faite avec "mémoire des hommes"

 

Sources *
Source 1: "le chemin des Croix 1914 - 1918" Colonel Campagne, édition Tallandier, 1930.
Source 2: "Journal de marches et opérations" du 21ème régiment d'artillerie de campagne.
Source 3: "la Trouée de Revigny - 1914 - 1918" Guide illustrés Michelin des Champs de Bataille. 1920.
Source 4: "La Première Guerre mondiale en France" Jean-Noël Grandhomme 2011.
Source 5: "Journal de marches et opérations" du 63ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
Source 6: "le Saillant de Saint-Mihiel" Guide illustrés Michelin des Champs de Bataille. 1920.
Source 7: "Chemins de mémoire 14-18" Jean Pascal Soudagne. 2008.
Source 8: "Journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
Source 9: "Des Armes et des Larmes, Mémoire creusoise de la Grande Guerre" Guy Marchadier, 2003.
Source 10:"Le Livre du Gradé d'Artillerie à l'usage des élèves brigadiers, brigadiers et sous-officiers d'Artillerie de Campagne" édition pour 1913-1914.  
Source 11: "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier 1914 - 1918
Source 12: "Historique du 78ème Régiment d'Infanterie pendant la Guerre 1939 - 1940" Colonel Pujol, Charles-Lavauzelle & Cie 

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