du 21 au 24 août 1914


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Quelques fois, les images, à l'ouverture d'une page, s'ouvrent de manière anarchique.
En ouvrant une image, au hasard, tout se met en ordre..

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-  1) "Bataille des Frontières"
   

 

 
 
-   "Bataille des Frontières" du 21 au 24 août, dans les Ardennes Belges pour le 78ème 
                                                    dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie."
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21 août 1914, l'ordre est donné "d'attaquer l'ennemi partout où il sera rencontré".

A 5h le 78ème prend place dans la colonne et va franchir la frontière pour pénétrer en Belgique.

A 6h, la 45ème brigade est arrêtée à l'arrivée à Villers et y stationne jusqu'à 15h. On entend le canon à partir de midi.
La tête de la division est attaquée à la sortie nord de la forêt d'Orval.

A 19 heures, la 45ème brigade est arrêtée au V de la forêt d'Orval et reçoit l'ordre d'aller cantonner à Willers où elle arrive vers 22h30.

22 août 1914, à 5h, le régiment se met en route derrière le 63ème R.I. ( en 1 le premier bataillon suivit du 2ème et du 3ème.)
Le régiment suit la colonne par Pin, Izelles, Chiry, Straimont et Menugoutte. (aucun incident jusqu'à Straimont.)

Ce sera le jour du baptême du feu pour le 78ème. 

1er bataillon du régiment:
A 16h 30, le 2ème bataillon sous les ordres du lieutenant-colonel de Montluisant suit en réserve les mouvements de la 23ème division qui se porte en avant.

A 17h 30 il arrive à Menugoutte au moment où une pluie d'obus éclate dans ce village. Abrité dans une route en déblai, il ne subit aucune perte.

A 17h 45, sous l'impression du tir violent de l'artillerie ennemi, les troupes des différents régiments qui occupent ce village battent en retraite.
Elles sont arrêtées à la partie sud du village par le 2ème bataillon du 78ème qui est resté en position.
Le général de division ordonne au 2ème bataillon de prendre une position d'avant-poste à fin de combat à 800 m au sud de Menugoutte

2ème et 3ème bataillons du régiment:
A 15h 30, ordre avait été donné au colonel Arlabosse de prendre les 2 autres bataillons et de se porter sur Grapfontaine pour aider à dégager la brigade coloniale qui est engagé à ce point avec un ennemi très supérieur. Un bataillon du 138ème a été envoyé déjà avec le même objectif, il passe sous les ordres du colonel.

A 16h 30, la liaison est faite avec le bataillon du 138ème devant Grapfontaine. Le bataillon du 138ème est déployé devant le village à cheval sur le chemin Straimont-Grapfontaine.
Le 1er bataillon est déployé à sa droite, le 3ème bataillon est gardé en réserve.

A 17h 30, le détachement est fortement canonné par des batteries situées vers Montplainchamps et vers Neufchâteau - en même temps des mitrailleurs tirent de Grapfontaine. Ce feu très dense se renouvelle à 2 reprises.

A 18h 30, le feu a complètement cessé. Le régiment a reçu l'ordre de maintenir sa position pour couvrir la droite de la 23ème division. Il passe la nuit au avant-poste de combat, quelques coups de feu sont échangés entre patrouilles.

Ce jour, le régiment a son premier tué (le 2ème classe Chaussier qui est tué à Grapfontaine. Il était né le 31 mai 1890 en Dordogne.) et 16 blessés.

 

 

 

 

 

 

- ces journées vues par Edmond *9

21 août 1914.
Tentative d'offensive en Belgique. Contrairement à ce que l'on nous avait fait espérer la veille, nous sommes réveillés de très bonne heure. Il nous faut partir, mais la marche est horriblement lente. Tous les 100 mètres, nous nous arrêtons et formons les faisceaux et posons le sac. Un quart d'heure après, nouveau départ pour s'arrêter 100 mètres plus loin. Au milieu de la journée, nous sommes seulement à 2 km de Moiry. Grande halte. Nous entendons au loin la canonnade. Vers 14 heures la marche reprend, mais rapide cette fois. Pour la première fois nous mettons le pied en Belgique. Nous traversons la jolie petite ville de Villers-devant-Orval toute pavoisée de drapeaux belges et français. A peine avons-nous passé cette ville qu'une pluie d'orage commence à tomber, pluie qui atteint son paroxysme au moment où nous passons près des ruines de la vieille abbaye d'Orval. Nous faisons une halte et posons nos sacs sur nos têtes pour nous protéger de la pluie. Un régiment de chasseurs d'Afrique passe sous nos yeux. Nous parcourons encore 2 km, puis brusquement demi-tour, nous revenons cantonner en France. La marche qui comporte une halte tous les 200 mètres devient excessivement rapide. Il pleut toujours. Dans l'obscurité la marche se poursuit dans un silence rempli de temps en temps d'imprécations.
Ce n'est que vers 22 ou 23 heures que nous arrivons au lieu de cantonnement.
De grands feux sont allumés sur la place pour nous sécher. Nous sommes à Williers. Toute la brigade est là, impossible de cantonner, il nous faut bivouaquer sur place. Il est 3 ou 4 heures du matin lorsqu'on trouve les cuisines roulantes et il nous reste très peu de temps pour nous reposer.

22 août 1914.
Le matin, de bonne heure, départ direction Neufchâteau, en sortant de Williers nous repassons la frontière pour aller au-devant des troupes allemandes qui, ayant envahi la Belgique depuis une vingtaine de jours, marchent sur la France. Nous traversons plusieurs bourgs belges. Pin: les uhlans ont déjà fait leur apparition dans ce village. Trois enfants ont été fusillés par eux. Tout près de là une brigade du 12ème corps s'est battue la veille. A la sortie du bourg, la route est barricadée. Un peu plus loin se trouve Chiny où l'autorisation nous est donnée de faire des provisions, mais il n'y a pas grand-chose. Nous achetons un peu de confitures et quelques liqueurs, c'est tout. Aussitôt après avoir traversé ce village, nous descendons dans une étroite vallée et traversons une petite rivière, puis nous remontons la côte opposée. Nous sommes dans une forêt et la traversée dure 3 heures. Peu après être rentrés sous bois, nous ape
rcevons sur le bord de la route, dans un fossé, un mort allemand. C'est la première fois que nous voyons un des tristes résultats de la guerre; cette vue n'a pas été sans faire impression sur nous. A la sortie de la forêt, nous trouvons Straimont et sa petite rivière. La laissant légèrement sur la la côte, nous parcourons 6 à 7 km avec précaution. Arrivés dans un ravin marécageux, nous sommes conduits sur le sommet à travers un bois de pins, puis un champ d'avoine. Sur la crête, à travers un petit bois, nous marchons en terrain découvert, sur des troncs d'arbres coupés. A notre gauche, les 107ème et 138ème montent à la baïonnette. Des bales et des obus sifflent à nos oreilles mais sans faire de mal. Nous commençons à creuser des tranchées dans le bois situé au-delà de cet espace découvert, quand le commandant ordonne - "
baïonnette au canon. En avant la baïonnette"- A ce moment il se produit une panique indescriptible, nous ne savons pas sur quoi nous chargeons.
Il fait presque nuit. Peu à peu l'ordre se rétablit, nous nous reformons un peu en arrière et nous commençons une tranchée au milieu des pins coupés. Peu après, l'ordre est donné d'aller en avant dans le bois pour y passer la nuit. Le colonel couche avec nous. Dans la nuit, nous entendons le commandant du 1er bataillon venir informer le colonel que, d'après les bruits entendus, les Allemands déménagent. Après une journée fort remplie, nous dînons d'une boite de singe et d'un peu de confiture achetée à Chiny.

 

 

 

   
 
 
 

A 11h 30, le régiment occupe les les crêtes qui dominent Straimont sur la rive gauche.

A 12h, le régiment est dirigé sur Florenville par Chiny. De là, il est dirigé sur Puilly en cantonnement d'alerte.

C'est le retour sur le territoire français.

   

 

   
 

- cette journée vue par Edmond  *9

23 août 1914.
Après avoir passé une bien mauvaise nuit: c'est la première fois que nous couchons à la belle étoile; et de plus sur ce coteau nu, il ne fait pas chaud en cette nuit du mois d'août. Au matin, nous partons pour redescendre sur Straimont. Près de ce village, nous faisons du café et mangeons un peu. Dans le bourg, impossible de trouver quoi que ce soit. Dans le chemin creux qui borde le chemin où nous sommes, nous voyons passer l'artillerie, et, sur un caisson, un prisonnier allemand. Après déjeuner nous repartons, grimpons sur la côte d'en face et allons nous installer sur le versant opposé. Là, nous creusons des tranchées. Une délicieuse petite source coule près de nous où nous allons souvent nous désaltérer. Mais nous ne devons pas rester longtemps dans cette position, ordre est donné de faire demi-tour, nous revenons près de Straimont. Deux heures à peine se sont écoulées qu'il faut repartir encore une fois. C'est la retraiter qui commence. Nous retrouvons la forêt, nous repassons à Chiny et allons presque sans pause jusqu'à Florenville. A Florenville règne le désordre le plus affreux. Sur la place où nous nous arrêtons un moment, des ustensiles de toute sorte roulent dans tous les sens. Tous les habitants sont partis ou font leurs préparatifs de départ. Toute proche, nous entendons la canonnade terrifiante et affolante. Quelque temps après, nous repassons la frontière franco-belge, nous devons aller cantonner à Mogues, mais je ne sais pour quelle raison, il nous faut aller jusqu'à Puilly, petit village situé dans un trou. Avant d'y parvenir à la nuit : halte, distributions. Nous n'avons pas mangé depuis le café ce matin et nous commençons à avoir faim.

   

 

   
 
   
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24 août 1914, le régiment reçoit l'ordre de se porter à la cote 294 à 500m au sud de Mogues pour occuper le front Mogues-Tremblois.
A 7 heures, ordre d'aller occuper en arrière le front Charbeaux, cote 280, cote 268, la Folie Moulin.
Le secteur du 78ème est Charbeaux-cote 280. (le 1er bataillon à droite, le 2ème bataillon à gauche et le 3ème en réserve à 1500m au nord-est de Linay à la disposition du général de brigade.

A 10h, le régiment est installé dans ses positions renforcées par des tranchées.

12h, quelques obus venant de la direction de Matton tombent en arrière du secteur de droite.

1er groupe: 3ème bataillon.
13h30, le 3ème bataillon, sous les ordres du colonel de Montluisan, passe par Linay et Blagny et est posté en réserve du 12ème C.A. à Blagny puis envoyé sur le Mont-Tilleul.

18h 30, 2 compagnies couvrant une batterie de 75 sont éprouvées par des mitrailleuses ennemis postées à la lisière des bois vers le nord du Mont-Tilleul.

22h30, sur ordre du colonel de la 49ème brigade, le régiment quitte les avant-postes et file sur Mouzon par le pont de Carignan. Arrivé à Mouzon vers 0h30.

2ème groupe: 1er et 2ème bataillons.
A 18h, les 1er et 2ème bataillons restent en position toute la journée. L'artillerie ennemie a couvert de ses feux toutes les crêtes occupés. Notre artillerie a répondu. La division reste sur ses positions toute la nuit.
Le ravitaillement se fait dans des conditions défectueuses.

0 tués, 9 blessés.

- cette journée vue par Edmond *9

24 août 1914.
La retraite réellement commencée à Straimont continue le 24 août. Très fatigués, ce matin nous partons de Puilly et grimpons sur un coteau ou plutôt sur un plateau situé à peu de distance du village que nous venons de quitter. Là nous construisons des tranchées, mais peu après il nous faut changer de position et aller en construire d'autres un peu plus loin.
Des obus tombent sur nous. Un soldat de la compagnie est blessé ainsi qu'un sergent de la 10ème compagnie. Vers le soir, le signal de départ est donné. Les affaires vont bien. Nous allons nous reposer, disent les officiers. Nous arrivons près de Carignan. Là nous nous sommes arrêtés et nous grimpons sur le flanc du coteau derrière Carignan, nous creusons à la hâte une petite tranchée; sur notre droite on sonne la charge et on se bat avec acharnement. Notre commandant veut nous faire monter à l'assaut, mais heureusement le lieutenant colonel l'en empêche. Pendant la nuit, tandis que tout le monde s'est endormi, le signal de départ est donné, il faut traverser Carignan sans bruit et se retirer sur Mouzon. La fatigue est intervenue. Quand nous faisons une pause, nous nous endormons dans le fossé. Enfin nous arrivons à Mouzon et nous nous arrêtons dans un jardin près de la ville. Aussitôt arrêtés, aussitôt couchés, personne ne veut aller aux cuisines chercher le repas. Quand les hommes les plus dévoués de l'escouade apportent à manger, presque personne ne mange. Le sommeil nous accable. Nous dormons.

25 août, le détachement du lieutenant-colonel de Montluisant part, à 6h15, pour Yonck en laissant une compagnie à la sortie nord-est de Mouzon.

2h, ordre pour le régiment de se replier immédiatement et de se mettre en route par l'itinéraire: Linay - Malandry - Inor - Mouzon. Pendant la halte à Moulins, ordre est donné aux 1er et 2ème bataillons (le 3ème n'a pas encore rejoint) de prendre position à la lisière des bois des Flaviers, de la ferme de Sénéchal à la grande route de Mézières.

16h, occupation des bois à l'Est de Moulins.

26 août 1914, ordre de franchir la Meuse sur un pont établi par le génie à la ferme de l'Alma.

2h20, Le régiment se rassemble à Moulins et se porte vers la Meuse par la route de Mézières et le chemin forestier qui traverse le bois des Flaviers du nord-ouest au sud-ouest.

6h50, le pont est franchi.

9h, le 1er bataillon arrive à Beaumont, le 2ème bataillon est en avant-poste du bois de Failly à Létanne.

11h, tout le régiment (le 3ème bataillon a rejoint) va occuper et organiser défensivement la position: cote 241 - Létanne sur la rive gauche de la Meuse.

A 19h, des travaux ont été exécutés avec l'aide et sous la direction du génie. Ils sont importants et permettent d'assurer la défense des positions dans d'excellentes conditions.

21h30, les bataillons de 2ème ligne du régiment (1er et 3ème bataillons) se mettent en route pour Varny-Forêt où ils constitueront avec le 63ème la réserve générale du corps d'armée. Le 2ème bataillon rejoindra dès qu'il aura été relevé par la 46ème brigade. La marche s'effectue dans des conditions très pénibles par une nuit noire et sous une pluie torrentielle.

27 août 1914, le lieutenant-colonel de Monluisant remplace le colonel Arlabosse à la tête du régiment. 
Le régiment
arrive à Varny-Forêt en tête de la 23ème division. Les hommes passent la nuit sur la route. Ils dorment sous des torrents d'eau.

A 6 heures, le 2ème bataillon rejoint le régiment.

A 13h, ordre pour le régiment de se porter en formation de combat à mi-chemin de la Besace et de Yonck, face au nord et d'y attendre l'ordre d'attaque.

A 15h, le régiment qui a marché en colonne double à larges intervalles est en place.

16h, ordre d'attaque; direction générale de Thélonne; le régiment aura sa gauche jalonnée par la route de la Besace à Raucourt. Mais cette attaque a été retardée d'une heure par suite du retard dans l'arrivée de l'artillerie.

A 19h 30, le régiment est arrivé à la hauteur de la ferme Ernemane après une marche très pénible dans un secteur des plus accidentés.

A 20h 30, le régiment bivouaque au petit bois à 500 m est de la ferme. Les hommes sont dans un état de fatigue extrême, sans aucun ravitaillement.

1 blessé.

28 août, à 4h 30, le régiment exécute un ordre du commandant de la 23ème division sans savoir que cet ordre a été annulé: il s'engage rapidement et à jeun dans le ravin au sud du bois de Cogneux et pénètre dans le village de Raucourt pour aller se placer en formation d'attaque vers Montjoie au nord-Est du bois de Cogneux.

A 5h 15, il est rappelé à son point de départ.

A 6h, le régiment encore incomplètement réuni reçoit l'ordre du commandant de le 45ème brigade de prendre une formation de rassemblement articulé face à l'est, au sommet du ravin qui, de Flaba monte vers le nord-Est. Il s'agit de se préparer à accompagner et de flanquer à gauche une contre-attaque que la 48ème brigade va pousser de la région sud-est de Flaba dans la direction des moulins de la Hamelle et de Grésie.
Déjà des coups de feu allemands partent du bois de Gerfaux.

Ordre d'attaque à 7h 30. Le régiment se dirigera dans la direction générale Pourron par le bois de Gerfaux qu'il purgera d'ennemis.
Les 1er et 2ème bataillons (Dagues et Bax) sont en 1ère ligne; le 3ème en réserve (Gaudriault).

L'ordre d' attaque porte de nettoyer d'abord le Bois des Gerfaux.  Les bataillons Dagues et Bax en tête, le bataillon Gaudriault en réserve.
Mais l'occupation du bois de Cogneux par l'ennemi
, qui va tenter de prendre en flanc l'attaque de la 48ème brigade, oblige, à 9h 30, à modifier le dispositif, et le bataillon Gaudriault fait face au bois de Cogneux (2 compagnies en 1ère ligne  et 2 en réserve), tandis que le bataillon Dagues s'est déployé face aux bois d'Autrecourt et des Gerfaux, et que le bataillon Bax se replace en réserve dans le ravin qui monte de Flaba.
Tout de suite, le combat devient très dur. Les mitrailleuses sont entrées en action contre notre première ligne, tandis que les unités en soutien subissent le tir violent de l'artillerie.
Pour faire tomber la fusillade, le 1er bataillon reçoit l'ordre de pénétrer dans le bois de Gerfaux dans la direction de la ferme Chamblage.
Les pertes sont déjà sérieuses ( le capitaine Pascarel d'une compagnie de réserve du 2ème bataillon a une main traversée par une balle; le sergent Gourgon de la 5ème compagnie tombe mortellement atteint; le sous-lieutenant Haack du 3ème bataillon est tué dans une tranchée. L'ennemi se renforce encore de mitrailleuses, 

et à 10h, le 1er bataillon est arrêté net par des feux partant des bois d'Autrecourt et de Gerfaux ; on essaye de les enlever à la baïonnette à plusieurs reprises. Au cours de ces engagements très âpres, les capitaines Remliger, Maratuel, Meulet, le sous-lieutenant Massias et de tant de braves soldats tombent glorieusement.
Après un léger reflux, un nouveau bond du 3ème bataillon: le commandant Gaudriault est frappé à mort d'une balle au cœur tandis qu'il encourage ses hommes et applaudit à la marche en avant de la compagnie d'Arailh, il s'écriait "bravo la 9ème !".

A 14h, sous la pression de l'ennemi qui s'avance par notre droite, la ligne de combat, criblée de projectiles de toutes sortes, est obligée de se replier, soutenue par ses mitrailleuses.
Le repli se fait spontanément dans deux directions: le ravin de Flaba et la Besace. Des unités des 1er et 2ème bataillons, privées de leurs gradés prennent la direction de Flaba où se dirige également le 3ème bataillon; d'autres fractions vont vers la Besace.
Des groupes tiennent aussi longtemps qu'il est nécessaire pour le protéger. Les derniers, sous le commandement du lieutenant-colonel de Montluisant et du capitaine Costeur, permettent l'arrivée des avant-trains et la retraite d'un groupe d'artillerie qui nous appuyait encore.

A 16h, les unités très éprouvées, mélangées, arrivent désemparées, exténuées à la sortie ouest de la Besace.
2 compagnies sont reconstituées partiellement pour aider à la défense éventuelle de la Besace et de Stonne.

A 20h, le reste du régiment rallié à Stonne par le lieutenant-colonel va cantonner à Sy

Le régiment était hors d'état de prolonger son effort, mais il a arrêté l'ennemi pendant huit heures de violents combats, malgré l'extrême fatigue des jours précédents. Tout le monde a vaillamment fait son devoir.

"Les pertes sont lourdes; il manque à l'appel 21 officiers (5 tués - 13 blessés - 3 disparus), 
                                                                                 48 sous-officiers, 835 caporaux et soldats ( 37 tués - 545 blessés - 242 disparus)."

- cette journée vue par Edmond *9

28 août 1914.
Au jour nous partons, redescendons et traversons Raucourt, mais à peine l'avons-nous traversé qu'il nous faut retourner en arrière et remonter sur le coteau que nous venions de quitter quelques heures auparavant; Raucourt était encombré de blessés? Revenus là-haut, sans nous laisser le temps de souffler, nous nous déployons presque immédiatement en tirailleurs et nous nous dirigeons immédiatement sur une crête où les balles allemandes nous accueillent; nous nous couchons et tirons tout en faisant de légers masques individuels avec nos outils portatifs.
Nous battons en retraite une première fois pour revenir à la charge une seconde fois, mais plus sur la droite. Nous grimpons sur la lisière d'une forêt à 400 mètres environ, mais sans voir nos ennemis qui pendant ce temps nous arrosent de balles.
Notre artillerie bat le bois, mais sans obtenir de résultats décisifs. Notre commandant est tué au moment où il ordonne la charge à la baïonnette. Bientôt nous nous retrouvons presque seuls sur le plateau battu par les obus, les balles et les mitrailleuses. Il nous faut retourner en arrière en marchant à quatre pattes et en nous protégeant le plus possible des obus qui nous poursuivent à mesure que nous nous retirons. Puis nous arrivons sur la route où nous aidons à transporter un grand nombre de blessés qui se traînent un peu partout. Puis nous passons par la Besace, puis un peu plus loin nous sommes arrêtés par un lieutenant d'artillerie qui nous conduit en soutien d'artillerie près de Warniforêt. (...) Nous étions 33 dans tout le régiment, dont un sous-lieutenant de réserve. Là nous passons le reste de la soirée, puis nous nous dirigeons sur Stonne très lentement à cause de la fatigue et de l'épuisement. Nous dormons à Stonne.

Les actes de courage au cours de cette journée ont été nombreux, il suffit d'en citer quelques uns:
        - Commandant Gaudriault. - S'est fait tuer d'une balle au cœur à l'instant précis où il applaudissait à la marche en avant de la 9ème compagnie.
        - Sous-lieutenant Lial. - Ce jeune officier (élève de St-Cyr) a montré un bel entrain, de l'énergie et du sang-froid.
        - Capitaine Meulet. - A été tué en chargeant l'ennemi à la baïonnette.
        - Lieutenant Mayaud.- Cet excellent officier a maintenu sa section sous le feu alors que les autres s'étaient repliées depuis longtemps.
        - Adjudant Frémon.- S'est distingué par son énergie personnelle sous le feu et le mordant qu'il a su donner à sa section.
        - Sous-lieutenant Dupêcher, de la réserve.- Blessé d'une balle au tendon d'achille vers 9h, a conservé le commandement de sa section et l'a exercé avec calme et courage malgré la douleur et les difficultés qu'il éprouvait à marcher.
        - Sous-lieutenant Faucher, de la réserve.- A été remarqué par le colonel commandant la brigade pour son sang-froid et son courage.
        - Sergent Garcias.- Bien que blessé à la cuisse est resté sur la ligne de feu et a pris part aux dernières tentatives pour repousser l'ennemi.
        - Sous-lieutenant Mariaud.- Belle conduite sous le feu.
        - Adjudant Huriaud.- Belle conduite sous le feu.
        - Sergent Caverivière.- S'est conduit avec la plus grande bravoure et est resté seul des officiers et sous-officiers de sa compagnie.
        - Caporal Deffeix.- Ce caporal réserviste, un prêtre, entraînait les soldats avec ardeur, restait debout sous le feu violent pour faire entendre ses commandements, menaçant ceux qui voulaient reculer. Plusieurs témoins l'ont vu accomplissant en outre son ministère de prêtre avec le plus grand calme, la plus sublime abnégation.
         - Soldat Couloumy.- S'est conduit avec une rare bravoure pendant le combat et, blessé au pied, a aidé jusqu'au poste de secours ses camarades plus grièvement blessés que lui.

 

     
   

 

Sources *
Source 1: "le chemin des Croix 1914 - 1918" Colonel Campagne, édition Tallandier, 1930.
Source 2: "Journal de marches et opérations" du 21ème régiment d'artillerie de campagne.
Source 3: "la Trouée de Revigny - 1914 - 1918" Guide illustrés Michelin des Champs de Bataille. 1920.
Source 4: "La Première Guerre mondiale en France" Jean-Noël Grandhomme 2011.
Source 5: "Journal de marches et opérations" du 63ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
Source 6: "le Saillant de Saint-Mihiel" Guide illustrés Michelin des Champs de Bataille. 1920.
Source 7: "Chemins de mémoire 14-18" Jean Pascal Soudagne. 2008.
Source 8: "Journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
Source 9: "Des Armes et des Larmes, Mémoire creusoise de la Grande Guerre" Guy Marchadier, 2003.
Source 10:"Le Livre du Gradé d'Artillerie à l'usage des élèves brigadiers, brigadiers et sous-officiers d'Artillerie de Campagne" édition pour 1913-1914.  
Source 11: "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier 1914 - 1918
Source 12: "Historique du 78ème Régiment d'Infanterie pendant la Guerre 1939 - 1940" Colonel Pujol, Charles-Lavauzelle & Cie 

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