d'août 1915 à mars 1916


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Quelques fois, les images, à l'ouverture d'une page, s'ouvrent de manière anarchique.
En ouvrant une image, au hasard, tout se met en ordre..

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                 En travaux !!!   pour l'instant, juste une ébauche, à suivre ...

 

   
  6) - "au Labyrinthe  en Artois" le 78ème va y combattre du 2 août 1915 au 11 mars 1916. 

Ici le régiment va connaître des conditions difficiles dans la boue, sous la pluie dans des tranchées noyées, etc...

   

 

   
 
- Repos, loin du front, du 16 juin au 1er août. ( "le journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie.)
   
 
   
  Le 16 juin, en exécution des ordres donnés, le régiment s'embarque à Toul en trois éléments:
                      - élément 34: E.M., C.H.R, 2ème bataillon: 16 juin à 16h30.
                      - élément 38: 2ème bataillon et 1/2 C.M. : 16 juin à 9h30.
                      - élément 42: 1er bataillon et 1/2 C.M. : 16 juin à 12h30.

Les troupes arrivent à la gare d'embarquement une heure avant l'heure fixée pour le commencement de l'embarquement.
Les distributions de vivres de chemin de fer et de débarquement ont lieu avant le départ.
Les embarquements sont effectués sans incidents.

   
 
 
   
 
   
  Le 17 juin
les éléments 34 et 38 du régiment débarquent à la gare de Corbie et sont dirigés sur Hérissart.
l'élément 42 débarque à Amiens (gare St-Roch) et se rend également à Hérissart.
   
 
   
  du 18 au 22 juin, même cantonnement.

Le 22, le régiment reçoit les ordres de départ.

   
 
 
   
 
   
  Le 23 juin, le régiment part à minuit et va occuper les cantonnements du 138ème.

E.M., C.H.R, C.M., 1er et 3ème bataillons: Molliens-aux-Bois.
                                            2ème bataillon: Rainneville.

du 24 juin au 17 juillet, même cantonnement.

Le 29 juin, par décision du 8 mai 1915, sont promus au grade de sous-lieutenant à titre temporaire et pour la durée de la guerre et maintenus à dater du 3 mai:
- Barret, adjudant au 78è (active)
- Picard, sergent au 78è (réserve)

Le 4 juillet, par décision en date du 25 juin 1915, les promotions à titre temporaire et pour la durée de la guerre ci-après sont ratifiés:

Réserve: 
- au grade de capitaine, le lieutenant Faucher,
- au grade de lieutenant, le sous-lieutenant Goumy,
- au grade de sous-lieutenants, les aspirants Genet, Alhéritière, les sergents Auclair et Besse.

Active:
- au grade de capitaine, les lieutenants Mermet, Dupêcher, Blanloeil,
- au grade de lieutenants, les sous-lieutenants Le Roy, Léoquet,
- au grade de sous-lieutenants, les adjudants-chefs Nuriaud, Lasserre.

Par décret du 2 juillet 1915, le lieutenant Pierre est promu au grade de capitaine et le lieutenant à titre temporaire Le Roy est nommé sous-lieutenant à titre définitif.

Par décision ministérielle du 28 juin 1915, les promotions à titre temporaire ci-après sont approuvées:

Réserve:
- au grade de sous-lieutenant: Voisin - adjudant au 78è, Bagnaud - aspirant, Chamarty - aspirant, de Bourray - sergent.

le 18 juillet, le régiment reçoit l'ordre préparatoire de mouvement pour la journée du 19.

   
 
 
   
 
   
  Le 19 juillet, le corps d'armée fait mouvement dans les conditions suivantes:

Les troupes à pied par convoi automobiles,
Les troupes montées, T.C. et T.R. par voie de terre.

Le régiment est rassemblé route de Molliens à Villers-Bocage, la tête au carrefour de la route Rainneville - Pierregot et est enlevé à 4h30.

Itinéraire: Puchevillers, Beauquesne, Orville, Halloy, Lucheux, Warluzel.

Cantonnements: E.M., C.M., 2ème et 3ème bataillons: Warluzel.
                                                                    1er bataillon: Sus-Léger.

Du 20 au 25 Juillet, même cantonnement.

Le 26 juillet, le régiment part à 5 heures de Warluzel pour aller occuper les cantonnements suivants:
     - 1er bataillon: Beaufort,
     - 3ème bataillon: Lattre-Saint-Quentin,
     - E.M., C.H.R., 2ème bataillon: Avesnes-le-Comte.

A leur arrivée au cantonnement, l'E.M., la C.H.R., la C.M., le 3ème bataillon en repartent pour se rendre à Beaufort pour l'état-major, C.H.R, la C.M.,
Grand-Rullecourt pour les 2ème et 3ème bataillons.

Du 27 juillet au 1er août, mêmes cantonnements.

   

 

   
 
La situation dans le secteur à cette époque.
   
En mai et juin 1915, une grande offensive en Artois (deuxième bataille d'Artois), au nord d'Arras, est engagée.
Vimy, Notre-Dame-de-Lorette, l'éperon nord de Souchez ...
Cette offensive commence le 9 mai jusqu'au 23 juin.

Dans cette offensive, une partie plus difficile à prendre, "le Labyrinthe".

Il y aura une autre offensive en Artois (avec le 78ème) (la troisième bataille d'Artois), du 25 septembre au 14 octobre. Elle est "secondaire"; elle sert de diversion à une offensive en Champagne qui débute le même jour. 

La 23ème division dont fait parti le 78ème vient renforcer la 10ème Armée (général d'Urbal).

chtimiste.com  
   
 
 
   
  Qu'est le "Labyrinthe" ?
   
   

Le "labyrinthe" était un système de tranchées et de fortifications allemandes au nord d'Arras. Il y a des abris-caverne bétonnés, des blockhaus pour mitrailleuses, des réseaux de fil de fer dissimulés; c'est une véritable forteresse.
La distance entre les lignes françaises et allemandes est plus grande, 200 m, rendant l'approche meurtrière.
La reconquête de l'ouvrage commence le 30 mai 1915 par une entrée dans l'ouvrage puis des combats "boyau par boyau" jusqu'au 16 juin.
"dans ce terrain bouleversé, où chaque coup de pioche déterre un cadavre, on ne peut aménager que lentement les abris profonds qu'exige la situation."

Le 78ème arrive juste après la fin de cette reconquête. 

 

 
 
 
   
  D'après: http://www.greatwardifferent.com/Great_War/ND_Lorette/Labyrinthe_01.htm
   
  (description du "Labyrinthe" lorsqu'il était Allemand.)

- Le système d'ouvrages et de tranchées que nos soldats ont baptisé le Labyrinthe formait, entre Neuville-Saint-Vaast et Écurie, un saillant de la ligne ennemie, et c'est sa position qui expliquait sa puissance. On l'avait renforcé pendant des mois, d'où le dédale de blockhaus, d'abris, de tranchées et de boyaux, dont nos avions nous avaient rapporté l'impressionnante image.

Orienté d'Ouest en Est, dans une sorte de cuvette, le « Labyrinthe » avait pour axes principaux deux chemins creux profonds d'où rayonnaient sur deux kilomètres de côté des ouvrages de toutes sortes garnis de mitrailleuses et de lance-bombes.-  

 

   
                                   
   
 
 
   
  D'après le commandant Campagne du 3ème bataillon du 107ème régiment d'infanterie. *1
   
  (description du "Labyrinthe" redevenu français.)

Le Labyrinthe avait reçu son nom de l'inextricable lacis des tranchées dans lesquelles on s'était farouchement battu, pour les arracher par lambeaux à l'ennemi.
C'était une peu enviable villégiature !
Derrière nous, deux lignes d'uniformes bleus jalonnaient par les champs des élans brisés. Le fond des tranchées, le parapet et les talus, derrière le mur étroit des sacs à terre, craquaient à la vibration du moindre obus, découvrant les cadavres des défenseurs.
En avant, la jonchée des uniformes gris accusait l'échec des contre-attaques.
Le jour, d'innombrables essaims de belles mouches vertes voletaient autour de ce charnier à peine saupoudré de terre grise. Le soir, de longues théories de larves blanches dévalaient pour jouir de la fraîcheur de la nuit.
C'était la canicule. Nulle herbe ne poussait plus sur cette riche terre d'Artois !
Ici, on attaquait. Nous nous y attendions, et le plus tôt serait le mieux. On cultivait donc peu le fil d fer. L'ennemi, au contraire, partout où il était assez séparé de nous pour travailler, accumulait des obstacles.
Les brigades alternaient tous les neuf jours. Il se passa plusieurs neuvaines avant qu'on parlât sérieusement de "sortir".

   

 

   
 
- "au Labyrinthe  en Artois" vu au travers de "l'Historique du 78ème Régiment d'Infanterie"
   
 

 

 

"Rude et souvent tragique est la vie dans ce secteur. Les récentes luttes en ont fait un tableau de ruine et de mort. Le terrain est déchiqueté, troué, bouleversé, sans l'ombre d'une végétation; devant, derrière, dans les tranchées, partout on rencontre des cadavres.

Vient l'offensive de septembre, avec ces succès divers, et le 78ème paye son lourd tribu à l'honneur de nos armes.

C'est le combat continuel dans les boyaux, où les grenadiers disputent jour à jour, mètre par mètre, les barricades; luttes farouches où chacun donne de toute son énergie, souvent de son sang. Le 16 octobre, c'est le lieutenant-colonel Delouche, commandant le 78ème, qui est lui même blessé en dirigeant le combat.

Enfin, c'est l'hiver. La pluie a transformée tranchées et boyaux en ruisseaux de boue. Tous les travaux s'effondrent et il faut lutter sans arrêt pour ne pas être submergé. Sur certains points, les sentinelles ont dû jeter dans les fossés fangeux des chevaux de frise, et, pour veiller, "ils se plantent dessus comme l'oiseau sur la branche". Il faut organiser de véritables sauvetages d'hommes enlisés jusqu'à la poitrine dans la boue gluante.
A tout cela s'ajoute la guerre de mines, qui interdit tout repos par l'inquiétude de ce travail souterrain: le 30 octobre, le 14 novembre, les 23 et 24 janvier 1916, le 21 février des tranchées entières sautent, ensevelissant leurs défenseurs.

En mars, le régiment, relevé par la 152ème brigade écossaise, quitte ce secteur.

23 officiers et 916 hommes de troupes y ont été mis hors de combat."

   

 

 

   
 
"au Labyrinthe  en Artois" , du 2 août au 2 octobre,
                                     
dans "le journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie.
   
 
   
 
 
   
  Cartes du secteur 
   

 

* 5

 
 
   
  Carte de la partie Est du secteur (JMO du 78ème)
   
 
  *8
 
 
   
  Carte de la partie Ouest du secteur (JMO du 78ème)
   
  *8
 
 
   
  Les lieux de repos du 78ème pendant ce séjour.
   
   
 
 
 
 
   
  Le 2 août, le régiment reçoit l'ordre de prendre le service aux tranchées dans le secteur au nord d'Arras.

Le secteur du C.A.: du cimetière de Neuville - Saint-Vaast inclus au débouché du boyau Abd-el-Kader ( nord de Roclincourt). 
En liaison à droite avec le 17ème C.A.; 
                  à gauche avec le 10ème C.A.

Le secteur de la 23ème division: du débouché du boyau Abd-el-Kader à droite, au boyau Charpentier (24è D.I.) à gauche.
Le secteur de la 23ème D.I. est occupé par la 46ème brigade: 138è à droite, 107è à gauche.

 

        Le 78ème relèvera le 107ème.

Secteur: du boyau Fantôme (au 63ème) au boyau Charpentier (24è D.I.). 
Le régiment est enlevé en autobus pour être transporté vers Agnez-les-Duisans-Duisans où il fait un long repos.

Les bataillons sont mis en route successivement à partir de 20 heures pour se rendre à l'origine des boyaux de Béthune et d'Anzin qu'ils doivent emprunter pour se rendre dans les tranchées.
Le colonel marche avec le 1er bataillon qui entre dans le boyau d'Anzin à 22 heures.

Le P.C. du colonel est situé à l'ouest du village d'Écurie.

Le 3 août, la relève a été très pénible en raison du mauvais état des boyaux causé par une pluie persistance.

Le 1er bataillon occupe les tranchées F11, F12, A14, A12, C et les abris du collecteur de l'escalier, du petit collecteur et du pigeonnier; deux compagnies en 1ère ligne, deux compagnies en soutien. Il est en liaison à droite avec le 63ème.

Le 2ème bataillon à gauche du 1er occupe la région du Labyrinthe en liaison à gauche avec la 24ème D.I.; trois compagnies en 1ère ligne, une en soutien.

Le 3ème bataillon est en réserve aux abris de la cote 107 et du boyau de Madagascar-Ecurie.

Du 4 au 10 août, RAS.

Pertes: 1 tué, 13 blessés.

   
   
 
 
   
 

Le 11 août, le 78ème est relevé par le 107ème d'infanterie.

Il se rend à Duisans d'où il est transporté en automobile dans les cantonnements de:
Avesnes-le-Comte: E.M., C.H.R., 2ème bataillon.
Beaufort: C.M., 1er bataillon.
Grand Rullecourt: 3ème bataillon.

Les bataillons arrivent au cantonnement le 12 vers 7 heures du matin.

Pertes: 1 tué, 1 blessé.

Du 12 au 19 août, même cantonnement. Aucun incident.

   
 
 
         

Le 20 août, le régiment relève dans les tranchées le 107ème.

Deux bataillon (1er et 3ème) sont enlevés en auto, le 2ème bataillon s'y rend par voie de terre.

Le 1er bataillon occupe le sous-secteur d'Écurie.
Le 3ème bataillon occupe le sous-secteur du labyrinthe.
Le 2ème bataillon est en réserve, il occupe les abris de la cote 107.

Du 21 au 24 août, RAS.

Pertes: 10 tués, 15 blessés.

Le 25 août, le 2ème bataillon relève le 3ème bataillon en 1ère ligne et laisse une compagnie dans les abris de la cote 107. La 1ère ligne n'est plus occupée que par 5 compagnies:
        1er bataillon, 2 compagnies
        2ème bataillon, 3 compagnies.

Pendant la période qui a précédée, le régiment a fait des pertes assez sérieuses. La plupart sont produites par les bombes ou des obus. Les ouvrages du sous-secteur du Labyrinthe souffrent beaucoup du tir de l'artillerie allemande et des bombes.

Les compagnies fournissent un travail considérable, non seulement pour relever les parapets bouleversés mais encore pour créer des abris sur la 1ère ligne et de nouveaux boyaux.

Pertes: 2 tués.

Du 26 au 28 août, RAS.

pertes: 2 tués, 1 blessé.

   
 
 
   
        Le 29 août, le 78ème est relevé par le 107ème.

Au carrefour de Laresset (route Arras-Frévent) il est enlevé en autobus et transporté dans ses cantonnements:
     E.M., C.H.R., 2ème bataillon: Avesnes-le-Comte.
                   C.M., 1er bataillon: Beaufort.
                              3ème bataillon: Blavincourt.

Du 30 août au 6 septembre, RAS.

le 31 août, par décret du 15 juillet, sont promus:

Réserve:
au grade de capitaine: M Gay, capitaine à titre temporaire.
au grade de sous-lieutenants: Mrs Cardoche et Lefebre, sous-lieutenants à titre temporaire.

   
 
 
   
       

Le 7 septembre, le 78è relève le 107è dans les tranchées.

Les 3 bataillons s'y rendent par voie de terre et sont mis en route à partir de 13 heures.

le 1er bataillon occupe le secteur de l'Ecurie.
le 2ème bataillon occupe le secteur du Labyrinthe.
le 3ème bataillon est en réserve, il occupe les abris de la cote 107.

Du 8 au 11 septembre, RAS.

Pertes: 3 tués, 10 blessés.

Le 12 septembre, le 3ème bataillon relève dans les tranchées le 2ème bataillon et laisse une compagnie dans les abris de la cote 107.

Pertes: 5 blessés.

Du 13 au 15 septembre, aucun incident.

Pertes: 5 tués, 9 blessés.

   
 
 
   
 

Le 16 septembre, le 78è est relevé par le 107 et regagne à pied ses cantonnements:
    E.M., C.H.R., 2ème bataillon: Avesnes-le-Comte.
                 C.M., 1er bataillon: Beaufort.
                 3ème bataillon: Blavincourt.

Pertes: 2 tués, 4 blessés.

Du 17 au 22 septembre, RAS.

   
 
 
   
 

Le 23 septembre, toutes les prescriptions du général de brigade au sujet d'une attaque prochaine ont été exécutées.

Les cartouches sont distribuées, le matériel prévu ( fusils de chasse, pistolets etc...) a été touché et remis aux compagnies.
Les vivres de réserve sont au complet, les hommes porteront avec eux 3 jours de vivre.

En exécution de l'ordre donné, le régiment au repos à Avesnes va cantonner à Duisans.

Départ d'Avesnes à 23h30.
Ordre des bataillons: 2 - 1 - 3 -C.M. - T.C. et T.R..
P.I., sortie Est d'Avesnes (champ de foire)
Les T.C. et T.R. vont cantonner à Montenescourt.

Le 24 septembre, la marche est exécutée dans de bonnes conditions malgré la pluie torrentielle.
A 4 heures du matin, le régiment est installé au bivouac à l'ouest de Duisans. Les 1er et 2ème bataillons et la C.M. sur la rive gauche du Gy, le 3ème bataillon sur la rive droite.
Dans la matinée, le régiment peut s'installer en cantonnement d'alerte dans la partie ouest de Duisans.

A 12h30, les corvées sont envoyées à Anzin pour toucher le matériel nécessaire à l'attaque (grenades, sacs à terre, etc ...)

A Duisans, on distribue des pétards, des pelles et des pioches.

Les bataillons sont mis en route dans les conditions suivantes:
                           1er bataillon 21h,
                           2ème bataillon 21h30,
                           3ème bataillon 22h.
                           les différentes fractions de la C.M. partent avec les unités auxquelles elles sont affectées.

Les chefs de bataillon ont fait rechercher à Anzin des points de rassemblement où l'on puisse facilement distribuer le matériel touché par les corvées.

   
 
 
   
  Le 25 septembre, le 78è est placé dans le secteur de droite de la 23ème D.I. conformément à l'ordre d'attaque:
             1er et 2ème bataillons en 1ère ligne prêts à appuyer l'attaque du 63ème.
             3ème bataillon en réserve à la sablière.
   
   
 

Toutes les dispositions sont prises pour que les quatre vagues successives puissent se déclencher dès que le mouvement en avant du 63ème aura permis d'arriver à la tranchée de départ.

A 13h30, les compagnies du régiment font de vains efforts pour se porter en avant, elles se heurtent partout à des boyaux encombrés dans lesquels toute progression est rendue impossible.
Cependant à gauche, les quatre vagues du 63ème, s'étant portées à l'attaque, la 1ère vague du 78 sort à son tour, mais elle est décimée par les mitrailleuses ennemies qui viennent de se dévoiler à notre gauche: un des commandants de compagnie est tué, l'autre grièvement blessés. A ce moment le 63è, qui ne peut plus tenir avec un feu terrible de mousqueterie et de mitrailleuses, est obligé d refluer, et le 78è se trouve dans l'impossibilité de déboucher.

   
  Les commandants des bataillons de gauche du 78è (Berenguier - 2ème bataillon) et du centre (Boussavit - 1er bataillon) sont blessés.
Le tir de l'artillerie ennemie qui avait été ininterrompu et assez violent pendant la préparation de l'attaque est devenu formidable au moment même de l'attaque et a causé en même temps que des pertes sérieuses dans nos unités, des dégâts considérables dans les tranchées et boyaux.

A 17h, le 78 reçoit l'ordre de relever le 63 dans les tranchées de départ et avancée et de se préparer à reprendre l'attaque.
L'artillerie ennemie continue à faire preuve de la plus grande activité.

A 18h, les dispositions pour une nouvelle attaque sont prises. Elle aura lieu en 4 vagues: 
                                   3ème bataillon à droite (3 compagnies)
                                   1er bataillon au centre 
                                   2ème bataillon à gauche en liaison avec le 138.

A 18h30, ordre de remettre l'attaque au lendemain. La relève du 63è par le 78 a été gênée par les gaz lacrymogènes et l'encombrement des boyaux en partie démolis et dans les quels règne une grande confusion.

Le capitaine Causse est tué, sont blessés les commandant Bérenguier, capitaine Boussavit, ss lieut Setez

Pertes: Tués: 1 officier, 24 troupe. 
               Blessés: 3 officiers, 73 troupe, 
               disparus: 29 troupes.

Le 26 septembre, pendant toute la nuit les occupants des tranchées ont tiré pour empêcher l'ennemi de réparer les brèches faites dans les réseaux.

On se prépare dès le matin à renouveler l'attaque faite le veille.

A 12h10, reçu un message téléphoné faisant connaître que l'ordre d'attaque a été donné pour 13h5. L'attaque doit avoir lieu. L'attaque doit avoir lieu à 13h10.

Le bataillon de droite fait sortir sa première vague qui est accueillie par une fusillade intense. La 10è compagnies arrive cependant à proximité des fils de fer, mais ne peut progresser plus loin. Son capitaine et 3 chefs de section sont blessés.

Le bataillon du centre a ses premières vagues également arrêtées par le tir de barrage de l'artillerie ennemie encore plus terrible que la veille.

Le bataillon de gauche pris d'enfilade par des mitrailleuses et le barrage d'artillerie est arrêté net dès sa sortie.

Les deux premières tranchées allemandes sont garnies par des défenseurs sur un et par endroit sur deux rangs.

A 13h30, le colonel du 78è qui s'était porté en avant pour diriger les attaques et particulièrement celle du bataillon du centre (1er bataillon) est blessé par un obus dans la sape 17.

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  A 15h30, le général de brigade donne l'ordre de renouveler l'attaque dès que la préparation de l'artillerie paraîtra suffisante.

A 16h35, devant le bataillon de gauche, le résultat du bombardement de notre artillerie sur la première ligne ennemie n'a produit aucun effet appréciable. 
Devant le bataillon du centre, notre 75 paraît battre l'intervalle entre la tranchée avancée et la tranchée de doublement ennemies.
Devant le bataillon de droite, aucune préparation d'artillerie. Deux coups de notre artillerie lourde sont tombés sur la tranchée ennemi de 1ère ligne devant le bataillon de droite. Aucun autre effet appréciable.
La tranchée des Punaises est toujours occupée en force.

L'ordre d'attaque est donné pour 18h15.

A 18h15, l'attaque se produit, mais est arrêtée dès sa sortie par le feu intense des mitrailleuses auxquelles se joint presque immédiatement celui des tireurs ennemies qui garnissent une fois de plus leurs tranchées. Notre infanterie dirige sur l'ennemi une fusillade intense à laquelle les allemands ripostent par une très violente canonnade, surtout d'artillerie lourde.

A 18h40, au moment où notre attaque venait d'être cloué au sol par les mitrailleuses et le feu de l'infanterie ennemie, une contre-attaque allemande d'un effectif de 300 à 400 hommes s'est produite entre 26 et 28. Violemment battue par le feu de notre infanterie et de nos mitrailleuses, elle s'est rejetée dans la tranchée des Punaises en laissant devant cette tranchée de nombreux cadavres.

Pertes: blessé le colonel Delouche.

Tués 23 troupe, 
blessés 67 troupe, 
disparus 8 troupe.

   
 
 
   
 

Le 27 septembre, à 6h, le 78 a été relevé dans la nuit par le 63è dans son secteur d'attaque et a pris ces dispositions:
                                            1er bataillon: en 1ère ligne, du boyau fantôme exclu au boyau d'Écurie.
                                            2ème bataillon: à la cote 107, à la disposition du général de division.
                                            3ème bataillon: à la sablière, à la disposition du général commandant la 45ème brigade.

A 15h23, le commandant du 1er bataillon reçoit l'ordre d'appuyer avec deux compagnies une attaque que doit prononcer le 2ème bataillon du 138è sur les Entonnoirs.
Le commandant du 1er bataillon (Boussavit) prend le commandement des six compagnies.

A 17h30, l'attaque se produit, la 1ère vague pénètre dans la tranchée où elle est anéantie par les mitrailleuses et les grenades ennemies.
Une deuxième vague en essaim est arrêtée avant de pouvoir atteindre la tranchée avancée, en subissant de fortes pertes.
Un  violent tir de barrage ennemi empêche toute nouvelle tentative.

Les troupes sont très fatiguées au point de vue physique et moral par les efforts fournis, la privation de sommeil, les fatigues supportées et la tension nerveuse causée par l'attente constante d'une nouvelle attaque.

La vue des tranchées ennemies garnies de deux rangs de tireurs, le déclenchement du feu de plusieurs mitrailleuses ennemies et le bombardement formidable par l'artillerie ennemie de tous calibres au moment de l'attaque ont fâcheusement impressionné les hommes dont le moral avait été surexcité en vue de cette attaque.

Pertes: 10 blessés.

 
 
   
 
 
   
 

Le 28 septembre, en exécution d'un ordre reçu à 5h10, le 78 doit occuper le sous-secteur de droite du boyau Abd-el-Kader au boyau d'Aragon.

Ordre donné: le sous-secteur de droite sera tenu par le 78ème avec 2bataillons en 1ère ligne, 1 bataillon Aux abris de la Sablière et abris voisins, le P.C du colonel commandant le 78è à la Sablière.

Le mouvement s'est exécuté dans d'excellentes conditions par petites fractions. Il est terminé vers midi.

Le 1er bataillon reçoit l'ordre d'étendre son secteur à gauche, jusqu'au boyau d'Ecurie.

Pertes: 6 tués, 13 blessé.

le 29 septembre, le 78è n'exécute aucun mouvement.

On poursuit la réfection des tranchées et boyaux bouleversés par l'artillerie ennemie ou éboulés sous l'influence du mauvais temps.

Le matériel considérable qui traîne dans les tranchées ( armes, munitions hors d'usage, équipements ) est rassemblé au P.C. du colonel, puis évacué sur Roclincourt.
Les cadavres sont portés à Roclincourt.

Les compagnies en 1ère ligne montrent une attitude agressive; ses patrouilles avec des hommes munis de fusils de chasse et de grenades sont envoyées pendant la nuit pour inquiéter les postes d'écoute ennemis, reconnaître l'état des défenses accessoires, s'assurer que les tranchées sont toujours fortement occupés, etc...

Emplacement des troupes sans changement.

Perte: 1 tué.

Les grenades, en Artois, par le commandant Campagne du 3ème bataillon du 107ème régiment d'infanterie. *1

 Il fallait aussi instruire les hommes dans le maniement de la grenade, dont la guerre nez à nez avait largement développé l'usage.
Il en existait avant les hostilités dans les places fortes, lourdes, encombrantes, difficiles à manier.
On m'en avait porté un lot, au milieu de la nuit, avant l'attaque de Pâques. Je les avais fait soigneusement mettre à l'écart des hommes: un accident est si vite arrivé !
On avait depuis fabriqué en vitesse de nouveaux modèles également médiocres et dangereux, qui auraient dû faire condamner leurs inventeurs pour homicides par imprudence.
En cet été 1915, nous ne disposions encore que d'un engin cylindrique en fonte, rem^li d'explosif, dont le détonateur tenait à l'appareil par des ficelles ! Il fallut bien s'en servir et il y eut quantité d'accidents. C'est ainsi qu'un jour, à la tranchée, tandis qu'i s'exerçait à côté de moi à lancer des grenades dans un poste ennemi, un de mes grenadiers voulut en tirer une de sa poche, où il l'avait imprudemment placée. Seule la ficelle vint, actionnant le détonateur. L'homme ne put dégager l'appareil en combustion, et, quelques secondes plus tard, il éclatait littéralement à nos pieds.
Un autre jour, à Avesnes-le-Comte, arriva un accident bien plus tragique. Nous exercions nos grenadiers dans un chemin creux, les miens d'un côté, ceux du 1er bataillon d'un autre. Pour éviter les éclats, les hommes tiraient alternativement. Un jeune grenadier du 1er amorça un engin et, au moment de le lancer, le laissa échapper à ses pieds. Quelques hommes crièrent, attirant notre attention. Il n"était même plus temps de s'écarter, et l'éclatement imminent allait faire ses ravages. Mais l'héroïsme n'a pas besoin de délibérer. Immobiles d'effroi, nous avons vu l'homme s'asseoir sur la grenade et mourit affreusement mutilé, en assurant le salut de ses camarades !
Nous repartions le lendemain pour le secteur, et nous allions attaquer. Le chef de bataillon et plus de la moitié des officiers du 1er bataillon tombèrent. Le geste du grenadier fut oublié - ou du moins son nom. J'ai voulu le retrouver et, avant de rapporter ce récit, je crois avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir, après une douzaine d'années, pour qu'il soit honoré selon son mérite.
Comme tant de héros obscurs, le nom du grenadier d'Avesnes-le-Comte restera-t-il toujours ignoré ?

Le 30 septembre, l'artillerie ennemie montre une activité beaucoup plus grande tout particulièrement sur les boyaux de communication vers la Sablière.

Continuation de la réfection des tranchées et boyaux.
On établit un boyau prolongeant le boyau d'Écurie vers les tranchées allemandes conquises.

Pertes: 2 tués, 3 blessés.

Le 1 octobre, la progression du régiment voisin, à notre gauche, réduit un peu notre front d'occupation qui se rapproche de la route de Lille.

Pertes: 4 tués, 8 blessés.

Le 2 octobre, l'artillerie ennemie a encore montré une activité constante de jour et de nuit, sur tout le secteur, en causant des dégâts matériels importants, particulièrement entre les points 14 et 10 et quelques pertes.

Vers 3h, une mine a sauté dans la région ennemie des Entonnoirs, à l'ouest de la route de Lille, sans causer aucun dégât de notre côté.

Le tir de nos 58 a été contrarié par le vent et quelques projectiles sont tombés dans nos lignes sans causer d'accidents.

Fusillade intermittente sur tout le front et combats de grenades aux têtes de sape.

Pertes: 3 blessés.

   
 
   
 
   

 

   
 
- La période du 23 septembre au 3 octobre, le même secteur par Louis Barthas du 280ème régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre. 
                                             ( ° 14/7/1879 dans l'Aude, militant socialiste, syndicaliste)

...
Le 23 septembre, à quatre du soir, le régiment fut réuni et massé en carré dans un pré. Notre colonel Poujal nous annonça ce que nous savions déjà, qu'une offensive générale allait se déclencher, qu'en ce moment les Russes reculaient mais pendant que le gros des Allemands empêtré en Pologne on allait les écraser sur notre front.
"et maintenant, cria t'il d'une voix forte, en avant ! plus de hernies ! plus de maladies de cœur ! plus de douleurs ! rien que la volonté de vaincre ! vive la France !"
Ce boniment patriotique ne souleva pas le moindre enthousiasme; on n'avait pas encore oublié les horreurs de la dernière offensive de Lorette; un silence impressionnant accueillit les dernières paroles du colonel. Seul le morticole Torrès souriait, il dodelinait de la tête d'un air de dire: " Oui, qu'il viennent les hernieux, les cardiaques, les sciatiques, ils seront bien reçus !"

La nuit suivante, à trois heures du matin, par un temps pluvieux, nous quittâmes Ecoivres et nous prîmes la direction d'Arras; dans la matinée le temps devint chaud et lourd, rendant la marche fatigante; on traversa la petite ville d'Avesne-le-Comte et à l'heure de l'après-midi le régiment s'arrêta pour cantonner au petit village d'Habacq, à douze kilomètres d'Arras. La moitié au moins de l'effectif était restée en arrière, la route était semée de traînards; on ne les inquiétait pas, on savait bien que moutons dociles ils arriveraient à temps à l'abattoir.

On entendait une violente canonnade sur tout le front; on ne distinguait pas les coups de canon, ce n'était qu'un hurlement ininterrompu comme dans un violent orage où les coups de tonnerre trop rapprochés ne forment qu'un roulement continu.
On appela les caporaux au bureau de la compagnie.
- Combien avez vous d'hommes à votre escouade ? me dit le doublard.
- Quatorze, chef.
- Eh bien, voilà. Prenez ces quatorze coutelas, donnez en un à chaque homme.
- Ce sont des armes d'assassins et non de soldats ! m'exclamai-je.
- Peu m'importe ! dit le doublard en me poussant dehors, et gardez vos réflexions pour vous !
Non, je ne les gardai pas pour moi ces réflexions et à mes camarades je leur expliquai, on le laissait d'ailleurs clairement entendre, que c'était pour achever les blessés ou tuer les prisonniers.
"Eh bien, mon coutelas, leur dis-je, ne servira pas à de tels crimes !" et devant tous je le lançai sur le toit de la maison en face.
La plupart s'en débarrassèrent et personne n'en demanda compte; seul, à la quatrième section, notre Tartarin, le sous-lieutenant Malvesy avait pris le plus gros couteau et le portait ostensiblement accroché à son ceinturon.

Avant la soupe du soir nos officiers reçurent l'ordre de nous bourrer le crâne: un nombre incalculable de nos canons battaient, pilonnaient le front allemand, détruisant tout depuis la mer du Nord jusqu'à Belfort.
Toutes les troupes françaises, belges, anglaises devaient à la même heure se ruer à la poursuite des quelques malheureux Boches échappés au massacre de notre artillerie.
Notre division n'avait pas l'honneur d'être en première vague, mais elle était division de poursuite pour capturer les fuyards et le lendemain nous devions aller prendre l'apéritif à Douai, objectif du régiment.
Cette fois c'était pour de bon, la guerre en rase campagne allait recommencer. C'était tellement sûr qu'on nous distribua des carrés de toile blanche pour mettre sur nos sacs afin que nos avions ou nos artilleurs nous distinguent mieux de loin. Bref, on nous annonçait cela presque comme une partie de plaisir.

On procéda à une ample distribution de grenades, de cartouches, de biscuits, d'outils, de sacs à terre, etc., vingt fois les caporaux furent appelés aux distributions. A dix heures du soir on était en train encore en train de bourrer sacs et musettes et à une heure du matin le 280ème régiment s'achemina vers les tranchées, dans le plus grand silence car chacun songeait qu'il allait vivre ou revivre des heures d'angoisse et de souffrance !
Après deux heures environ de marche, nous arrivâmes au village de Maroeuil à six kilomètres d'Arras; nous traversâmes cette bourgade à moitié démolie et on nous fit former les faisceaux dans une prairie à côté d'une usine bombardée où l'on fabriquait des étoffes en velours.
Une petite rivière désormais tristement célèbre par les terribles combats qui ensanglantèrent ses rives traversait la prairie. C'était la Scarpe qui coulait une eau trouble, lente et tranquille dans les plaines de l'Artois.
On nous recommanda de ne pas nous déséquiper, ni nous éloigner des faisceaux; notre élan vers Douai à la trousse des fuyards était imminent.

L'aube de ce jour historique se leva; une gigantesque bataille allait s'engager sur un front immense; des millions d'hommes, des peuples, des races allaient s'entrechoquer, des milliers de bouches à feu depuis trois jours crachaient de la mitraille sans arrêt et dans les dernières heures qui précédaient l'heure H, la minute fatidique, la canonnade atteignait son paroxysme, faisant trembler la terre, ébranlant les airs, étreignant notre âme d'un vague effroi, d'une crainte qu'on ne pouvait écarter.
Il n'y eut pas de "soleil d'Austerlitz" mais de fortes averses tombèrent par intermittences sans que nous ayons le moindre abri pour nous en préserver; il y avait de bons abris pourtant dans le village mais seuls les officiers allèrent y trouver un refuge.
Juste derrière nous, de l'autre côté de la rivière, sur une voie de chemin de fer, un train blindé de pièces de marine se mit à tirer sans relâche dès la pointe du jour avec une régularité minutieuse comme à une séance de tir à la cible; chaque détonation faisait sursauter, il nous semblait que nos entrailles, nos cervelles allaient se décrocher, éclater.

Entre-temps, les nouvelles les plus encourageantes circulaient pour exalter notre esprit guerrier, notre enthousiasme patriotique.
En Champagne, on faisait une marmelade de Boches, à notre gauche, les Anglais s'emparaient de Loos en un tour de main, enfin devant nous la première ligne était enlevée d'un seul bond, on allait attaquer le seconde ligne; gare ! notre tour allait bientôt arriver. En effet, à midi, un coup de sifflet nous fait tous dresser debout: c'est le signal pour partir à la poursuite. Nos jambes vont prendre quelque chose !

A la sortie du village, près du cimetière, nous nous engageâmes dans un grand boyau large et bien tenu mais jalonné bientôt par des trous d'obus récents; on heurta des bidons, des sacs éventrés, déchiquetés, des fusils brisés, tordus. C'étaient des épaves inquiétantes; on pataugeait parfois dans la boue noirâtre, suspecte, ce boyau était un mauvais lieu de promenade et chacun oppressé, mal impressionné, marchait sans mot dire, tête baissée.
La canonnade faisait rage plus que jamais, sur tout le front la fusillade crépitait, les mitrailleuses faisaient entendre leur énervant et meurtrier tic-tac, la bataille générale formidable était engagée, la mort moissonnait à pleine faux.

Cependant, devant nous, l'élan de nos troupes, la première ligne franchie, était arrêté par la farouche résistance des Allemands; heureusement notre général Nielsel a une idée de génie: puisqu'on ne pouvait faire partir les Allemands à coups de canon, on allait les faire fuir d'effroi, d'épouvante, et aussitôt l'ordre fut donné de sortir des tranchées et de marcher à découvert baïonnette au canon.
Toute la division était là. C'était une vraie forêt de baïonnettes qui marchait; ce n'était pas tout, l'escadron divisionnaire s'élança dans une charge à toute bride, revint et tournoya un bon moment sur une colline autour d'un bosquet afin de donner l'illusion du nombre.
Hélas ! rien n'y fit; les Boches se cramponnaient désespérément à leurs tranchées comme si elles avaient été à eux, et quelques obus fusants ayant éclaté par-ci par-là au-dessus de nos têtes nous firent à nouveau terrer dans les boyaux sans attendre l'autorisation du loufoque général Nielsel que pour ma part je n'aperçus pas de cette journée.

On nous fit arrêter dans une ancienne tranchée abandonnée où tout le régiment s'entassa. C'était une tranchée historique: nous étions à la première ligne allemande lors de notre offensive de mai où furent enlevés les villages voisins de Neuville-Saint-Vaast et Ablain-Saint-Nazaire; étions nous dans cette tranchée pour un jour ? une nuit ? une heure ? personne ne le savait.

Le général Nielsel, à ce moment, donna un ordre terrible pour les embusqués: ordonnances, cuisiniers, ravitailleurs, etc., reçurent l'ordre sans appel de réintégrer le rang. C'est ainsi que la 13ème escouade se renforça du Peyriacois François Maizonnave qui exerçait les précieuses fonctions d'aide-cuisinier et de ravitailleur à la popotte des officiers. Nielsel voulait qu'il y eût de la gloire pour tous, mais à voir la figure renfrognée et déconfite de ces embusqués il était facile à  deviner qu'ils auraient mille fois préféré rester auprès de leurs casseroles et marmites.

Et la nuit arriva ! On ne prendrait pas l'apéritif à Douai comme on nous l'avait promis mais en revanche on prendrait gratis quelques bonnes douches car toute la nuit une pluie froide tomba en averses torrentielles et pas le moindre abri pour s'y blottir; il fallut se résigner à se laisser tremper jusqu'à la chemise.
Ah ! il faut avoir vécu des nuits pareilles pour apprécier ce qu'est l'hiver, une pièce éclairée, un bon feu, un lit chaud et douillet. Ah, que ces choses en imagination nous paraissaient enviables, chimériques, fabuleuses !
Si nous souffrions ainsi stoïquement sans plaintes inutiles, qu'on ne vienne pas raconter que c'était par patriotisme pour défendre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, pour que ce soit la dernière guerre et autres balivernes, c'était tout simplement par force, parce que victimes d'une implacable fatalité on devait subir son sort, chacun sachant bien que pris dans les dents terribles d'un formidable engrenage il serait broyé à la moindre tentative de velléité de révolte. Et perdant notre dignité, notre conscience humaine, nous n'étions plus que des bêtes de somme avec comme elles leur passivité, leur indifférence, leur hébétude.
...
Et pourtant cette nuit, des sourds eux-mêmes n'auraient pu dormir; à moins de cents mètres derrière nous s'était installée une batterie de grosses pièces qui tira toute la nuit, avec des sifflements qui faisaient frissonner nos nerfs. Les obus semblaient raser la tranchée et nous faisaient baisser la tête instinctivement; puis nous nous y habituâmes, ainsi nous fûmes éclairés toute la nuit par les éclats fulgurants produits par les coups de départ.

Vers une heure du matin on appela les ravitailleurs pour aller aux cuisines roulantes chercher notre souper, mais dans cette nuit ténébreuse les cuisiniers cherchaient les ravitailleurs et ceux-ci cherchaient les cuisiniers; le résultat de cette partie de cache-cache fut que les hommes de soupe n'arrivèrent qu'au petit jour plus trempés de pluie et de sueur que la maigre soupe qu'ils portaient. Les boules de pain étaient changées en boules de boue et le café était froid, c'était peu pour nous réconforter d'une si mauvaise nuit.

La matinée du 26 fut pluvieuse mais vers midi le temps se mit au beau; on en profita pour recommencer le carnage qui reprit sur tout le front.
Les sacs montés, équipés, nous attendions des ordres comme dans les coulisses d'un théâtre les acteurs attendent leur tour pour rentrer en scène.
A quatre heure du soir, nous eûmes la visite du commandant "Quinze-Grammes", de son acolyte le capitaine-adjudant-major Cros-Mayrevieille et de l'adjudant de bataillon, le Peyriacois François Calvet; sauf les gradés, personne ne les salua.
Leurs effets étaient secs et propres. " Les salauds, dit Terrisse, ont dû trouver quelque abri pour se mettre !" Lui qui avait couru la moitié de la nuit dans un terrain détrempé ne pouvait cacher sa mauvaise humeur.

Mon camarade Calvet s'arrêta pour me serrer la main mais à cet instant un planton, un pli à la main, affolé, cherchait le commandant.
Nous tressaillîmes. Ce bout de papier contenait sans doute nottre destin; en effet le commandant lisant à haute voix je saisis quelques lambeaux de phrases significatives:
"... Nos troupes ont pris la tranchée des Tilleuls... le 280è prendra le boyau de la Targette... l'attaque de Farbus sera poussée à fond..."
"Poussée à fond..." cela signifiait ne pas faire cas des pertes, prendre ce village coûte que coûte, tant pis pour ceux qui y laisseraient leur peau; c'était la guerre !
Le général Nielsel faisait son métier en nous envoyant à la tuerie.

Un quart d'heure après, le 280è s'acheminait par les boyaux vers les premières lignes. On traversa le village en ruine de la Targette, puis on s'empêtra dans un enchevêtrement de boyaux passant et repassant aux mêmes endroits sans pouvoir trouver la bonne voie.
On croisait des hommes isolés ou en petits groupes s'en allant vers l'arrière; à nos questions la plupart ne répondaient pas, d'autres s'exclamaient: "Pauvres gars, pauvres gars...", ou bien: "C'est horrible, c'est épouvantable." Ils semblaient à moitié fous.

De Farbus personne n'en avait entendu parler; nous commencions à croire que ce village n'existait que dans l'imagination du général Nielsen.

Bientôt les bataillons, les compagnies s'entremêlèrent dans une confusion inextricable et le régiment n'atteignit les premières lignes que vers 1 heure du matin dans un état de fatigue extrême, car il y avait neuf heures que nous n'avions pas quitté le sac de sur nos épaules endolories.

Il y eut un long arrêt, la plupart des hommes tombant de sommeil s'endormir aussitôt, lorsque survint notre colonel Poujal qui se rencontra à vingt pas de notre escouade avec un autre colonel.
De sa grosse voix, nous entendîmes notre colonel s'écrier:
-... Et pourtant j'ai l'ordre formel du général Nielsel d'attaquer Farbus cette nuit !
- Mais c'est insensé ! s'écria l'autre, notre division a été anéantie sans pouvoir enlever la deuxième ligne allemande et vous prétendez aller prendre Farbus qui est là-bas je ne sais où ? Le mieux que vous avez à faire, ajouta ce colonel, c'est de vous replier sur Neuville-Saint-Vaast qui est à une quinzaine de cents mètres.

Que penser de ce général Nielsel qui lançait ainsi ses régiments par une nuit obscure à ne pas voir un bœuf à deux pas pour attaquer un village en arrière des lignes ennemies ?
Avions-nous affaire à un maniaque dangereux , à un fou furieux, à un déséquilibré ? C'était rassurant !

Le régiment se replia sur Neuville-Saint-Vaast où nous arrivâmes à l'aube. Depuis quatre heures du soir la veille nous cheminions dans les boyaux boueux. Quatorze heures pour faire un trajet qui, en ligne droite, aurait pu s'effectuer en une heure et demie !

Neuville-Saint-Vaast n'était qu'un amas de ruines. Notre section fut logée dans la cave de la maison du notaire que tous ceux qui ont passé par Neuville connaissent bien; cette cave sombre et humide était remplie d'immondices de toutes sortes et il s'en exhalait une odeur infecte. Avec nos outils portatifs, chacun se nettoya un coin pour se coucher et se reposer de cette promenade de plus de douze heures dans les boyaux.
...
Le soir même il fallait à nouveau attaquer ce fatal village de Farbus et pour éviter la confusion de la veille des hommes de liaison reconnaissent les boyaux de cheminement pour conduire directement les compagnies vers la première ligne. Le régiment devait s'ébranler à cinq heures de l'après-midi. L'heure d'attaque devait être tenue secrète jusqu'au dernier moment pour ne pas démoraliser les hommes: en réalité on ne voulait pas que les soldats puissent se concerter pour organiser une résistance quelconque à ces ordres; à nos chefs empanachés cela ne leur paraissait pas possible qu'au XXème siècle des citoyens libres se laissent mener si docilement à l'abattoir sans savoir au juste ni pourquoi ni comment.

A quatre heures trente on nous apporta la soupe du soir; on n'était pas habitué d'être servi de si bonne heure.
"Chouette, on nous gâte !" fit une voix. Oui mais on n'était pas à la dernière bouchée qu'à la stupéfaction générale sauf à la mienne les officiers survenant brusquement faisaient mettre sac au dos et dix minutes après par trois boyaux différents le régiment s'achemina allègrement vers Farbus où nous allions déferler comme une trombe flanqués à droite et à gauche par les autres régiments de la division.
Mais nous avions à peine fait cinq cents mètres qu'on s'arrêta longuement. Qu'y avait-il ? A un carrefour de boyaux où nous étions arrivés trop tôt ou trop tard il fallait laisser défiler tout un bataillon de notre régiment.
On repartit presque en courant pour s'arrêter à nouveau et reculer même s'entasser dans un boyau en cul de sac pour laisser passer des unités qui étaient relevées. Et pendant plusieurs heures ce fut ainsi: arrêts, reculs et départ précipités. La nuit était venue et la pluie aussi qui tomba en fortes averses et nous trempa jusqu'aux os, glissant, trébuchant, butant dans ces boyaux boueux. Ah ! nous étions jolis pour monter à l'assaut de ce satané Farbus.
Tout à coup nous tressaillîmes. Une vive fusillade se déclencha au-devant de nous, on entendit des cris, des appels, que se passait-il ? Enfin, avions nous atteint Farbus.
Non, il se passait ceci que la 23è compagnie qui précédait la nôtre avait dépassé nos petits-postes sans s'en rendre compte et était tombé sur une tranchée allemande qui la reçut par une grêle de balles.
Il parait que cela avait été prémédité. De crainte que nous hésitions à marcher à l'attaque on avait décidé de nous faire dépasser nos petits-postes sans nous prévenir, et une fois sur les Allemands nous aurions été bien forcés de nous débrouiller.
Ruse grossière qui aurait pu avoir de graves conséquences et qui dépeint bien la vile mentalité de nos chefs; cela n'était pas fait pour rehausser leur prestige et diminuer la méfiance qu'ils nous inspiraient.
Les hommes de la 23è compagnie se couchèrent pour laisser passer la rafale puis se replièrent en désordre, jetant la confusion dans tout le régiment. Il y eut à cette compagnie des morts et des blessés.

Vers minuit, notre compagnie se trouva dans une tranchée toute bouleversée où tous les abris quoique très profonds étaient enfoncés; c'était la première ligne allemande que nos troupes avaient prise le 25 septembre et où nous achevâmes de passer la nuit.

Lorsque le jour parut nous vîmes avec effroi en avant et en arrière de la tranchée des centaines de morts français: des lignes, des files entières de tirailleurs avaient été fauchées. C'était le prix de cette avance de quatre ou cinq cents mètres, une vie humaine à peu près chaque mètre carré. Ah ! ils pouvaient chanter victoire, nos communiqués, ils auraient pu paraître encadrés de noir.
...
A quatre heures du soir l'ordre arriva de mettre sac au dos. Allait-on relever une autre unité ? Se déplaçait-on tout simplement ? Ou bien repartions-nous à l'assaut du village fantôme de Farbus que de toute la journée nous n'avions pu voir en nous écarquillant vainement es yeux.
Nous suivîmes d'abord la tranchée vers la gauche puis notre section seule s'engagea dans un boyau profond allant vers l'avant.
Y avait-il eu combat ? corps à corps dans ce boyau ? des blessés, des mourants, s'y étaient-ils traînés ?
Quoi qu'il en soit, il y avait de nombreux cadavres français et allemands que la mort avait surpris dans toutes les positions: couchés, à genous, accroupis; le boyau étant étroit on était forcé de piétiner les cadavres. Ah ! l'horrible chose !
Tout à coup, en avant en tête de la section, éclata un crépitement d'explosions de grenades suivi de cris affolés, de plaintes, de gémissements. Des voix crièrent: "en arrière ! voici les Boches ! Sauve qui peut !
Ce boyau aboutissait à la tranchée allemande et on était tombé sur un petit-poste d'Allemands qui massacrèrent à coups e grenades ceux des nôtres qui étaient en tête et qui marchaient sans aucune mesure de prudence croyant aller faire une relève.
Nos chefs ne pouvaient pas ignorer que nous allions nous heurter aux Allemands, pourquoi ne pas nous prévenir ? ne pas nous faire prendre toutes les mesures de prudence que commandait la marche dans un boyau dangereux ?
Eh bien, c'était toujours pour vla même raison, ils craignaient notre hésitation, que nous opposions à ces ordres notre passivité, notre force d'inertie.
Quand des chefs en sont réduits à de tels stratagèmes pour faire marcher leurs troupes, c'est qu'il n'y a plus de confiance réciproque, il y a divergence complète d'intérêts: les chefs ne cherchent qu'un résultat, un succès pour se faire valoir, et les hommes qui ont tout à, perdre et rien à gagner, qui ne savent pourquoi ils sont là, ne cherchent évidemment qu'à éviter tout danger le plus possible et à sauver leur peau; C'est humain !
Dans le boyau rempli de clameurs de massacre, le mouvement de recul s'opérait très lentement, et chacun épouvanté d'escalader le boyau et de s'enfuir dans les broussailles. J'essayai en vain d'en faire autant, le pids de mon sac m'en empêchant. Et dire que je ne pouvais m'en défaire ne pouvant déboucler ma courroie bretelle !
Enfin, dans un suprême effort j'arrachais la courroie et délesté de mon sac je pus sortir du boyau au moment où j'étais presque le dernier et où les Allemands survenaient.
La nuit tombait et je pus m'enfuir à découvert sans être vu. J'arrivai à une tranchée occupée par le 108è régiment d'infanterie; les soldats alertés par nos cris avaient mis baïonnettes au canon et étaient prêts à tirer.
"Dépêchez-vous, me criait-on, n'empêchez pas à tirer !"
On me fit raconter ce qui s'était passé et on me guida pour rejoindre les tranchées occupées par le 280è.
Au bout de dix minutes de marche, j'arrivai à l'entrée du boyau; à cet endroit la tranchée était très large, c'était je crois un chemin creux; notre couard capitaine Cros-Mayrevieille était là.
" C'est indigne, ce qui se passe ! criait-il, revenez dans le boyau !" Mais personne ne bougeait. Que ne se mettait-il en tête, lui, on l'aurait suivi !
...
On s'achemina à nouveau dans ce couloir d'ombre mais cette fois une équipe de grenadiers marchait en tête, lançant des grenades sans arrêt au fur et à mesure qu'on avançait. Plus d'Allemands; ils étaient sans doute à nous attendre à leur tranchée. On jugea prudent de s'arrêter environ cinquante mètres avant de l'atteindre et on attendit des ordres.

Et la pluie quotidienne tomba à partir de ce moment et presque toute la nuit en fortes averses; la continuation de l'attaque fut remise au lendemain.
On passa cette mauvaise nuit sans le moindre abri, trempés jusqu'à la chemise, grelottant de froid. Il y en avait pour envier les pauvres morts qui encombraient le boyau; eux au moins ne souffraient plus.
A tour de rôle, chaque escouade passait en tête pour surveiller; vers minuit notre sous-lieutenant Malvezy, qui prudemment se tenait en arrière de la section, nous fit passer un billet que nous lûmes avec le sergent Faure à la lueur d'une lampe électrique. C'était un ordre de progresser dans le boyau.
Les hommes se mirent à récriminer violemment à l'annonce de cet ordre, ils n'avaient pas l'esprit aventureux, ils n'étaient pas curieux ! Le sergent était perplexe; je lui suggérai de répondre ceci: "Les hommes demandent pour s'avancer que le chef de section soit en tête."
Il griffonna ces quelques mots qu'on fit passer de main en main au prudent Malvezy qui se garda bien d'insister. Lui aussi aurait bien voulu que nous lui gagnions son deuxième galon de lieutenant.
Au petit jour nous cédâmes la place sans nous faire prier à une autre section qui vint nous relever.

Nous n'allâmes pas loin en réserve. A la tranchée, tout simplement, presque à l'entrée du boyau d'où nous venions de passer une aussi mauvaise nuit.
Dans un tronçon de boyau nous découvrîmes un abri d(officiers allemands où l'escouade se logea.
Dans cet abri, il y avait des journaux illustrés allemands; sur l'un d'eux notre Joffre était représenté dormant sur un lit et de son corps suaient, coulaient de grosses gouttes de sang qu'il a fait inutilement couler dans les vaines et stériles offensives.
Un autre représentait Joffre à cheval s'avançant en tête d'une armée innombrable qui est arrêtée devant des réseaux infranchissables de fils de fer qui protègent une tranchée allemande où trois ou quatre mitrailleuses seulement montent la garde une bouteille de bière sous le bras en train de casser la croûte tout en actionnant leur machine qui fait une hécatombe de français.

Nous pensions bien passer une bonne nuit dans cet abri, ce qui nous eût un peu reposé, mais ce sacripant de Nielsel avait décidé une attaque pour le soir même à cinq heures.

Nous nous acheminâmes à nouveau dans le boyau des morts où nous avions passé la désagréable nuit précédente. Il y eut une longue attente comme d'habitude puis on nous fit mettre baïonnette au canon. On se passa de mains en mains vers l'avant un billet du commandant "Quinze-Grammes" prescrivant à l'officier de la section de tête de lui rendre compte toutes les dix minutes de ce qui allait se passer. Comme il était curieux notre commandant, mais prudent aussi !
Cela excita la colère des hommes qui sans scrupules dépliaient et lisaient le billet: "Qu'il vienne lui-même voir ce qui va se passer ! Qu'il sorte donc de son trou ! " criaient des voix rudes.
Je ne sais plus lequel, un soldat déchiqueta le billet sous les rires approbateurs de ceux qui avaient vu cette action.
D'ailleurs la résolution de chacun était bien prise: on n'attaquerait pas, on ne sortirait pas du boyau. Vingt fois peut-être on fit passer de l'arrière à l'avant et de l'avant à l'arrière cette phrase de bouche en bouche: " Faites passer qu'on n'attaque pas."
Certains diront peut-être que c'était une lâcheté, mais faire attaquer ainsi des tranchées intactes, bien défendues, protégées par des réseaux de fil de fer, sans la moindre préparation d'artillerie, n'était-ce pas criminel ?

Sur tout le front l'offensive avait échoué lamentablement; seul Nielsel s'obstinait à vouloir attaquer jour et nuit. A défaut de Douai il lui fallait Farbus coûte que coûte pour que plus tard on dise: "Voilà Nielsel, le vainqueur de Farbus !"
...
La nuit était tout à fait venue et nous attendions toujours le signal d'attaque. On était dans un état d'énervement que seuls peuvent comprendre ceux qui sont passés par ces mêmes transes.
...
Il était neuf heures du soir, il y avait quatre heures que nous attendions baïonnette au canon qu'on prononçât ces deux mots terribles: "en avant !"
Que signifiait cette longue attente ? Nul ne le savait, mais voici l'ami Gayraud qui se faufilant dans le boyau rejoignit la 13ème escouade pour venir renseigner ses camarades, devinant leur mortelle anxiété.
" Il y a du bon, dit-il, la 23è compagnie qui devait déclencher l'attaque refuse de marcher. Son capitaine, Darnaudy ( de la Redorte), et les chefs de section sont allés exposer la situation au commandant; on téléphone au colonel et à Nielsel.
Mais le général exigeait que l'attaque eût lieu, rendant le capitaine Darnaudy responsable. Celui-ci alors s'élança seul en avant et tomba à dix pas de la tranchée gravement blessé. (Il fut amputé d'un bras)
L'attaque fut finalement remise à une autre fois et on rengaina Rosalie dans son fourreau; on nous distribua des pelles et des pioches et nous passâmes la nuit à creuser un boyau, n'importe où, cela nous apprendrait à faire des manières pour marcher au massacre.

Au petit jour, notre commandant "Quinze-Grammes" dépêcha l'adjudant de bataillon le Peyriacois François Calvet pour vérifier le travail que nous avions fait, mais à peine entrait-il dans le boyau qu'une balle vagabonde lui érafla sérieusement l'épaule droite. Un centimètre plus près et il y avait un Peyriacois de moins en ce monde.
L'ami Calvet ne fut guère ému pour cela: "ma blessure, dit-il, sauve peut-être la vie à d'autres, car avant d'être évacué je vais faire mon rapport que ce boyau est vu des Boches et pris d'enfilade. "Nous avions travaillé dix heures pour rien, mais cette pensée de Calvet révélait chez lui des sentiments généreux que beaucoup d'autres dans l'émotion d'être blessés et dans la joie de se tirer de ces mauvais lieux n'auraient pas eus.

On nous envoya prendre soi-disant vingt-quatre heures de repos à la tranchée de première ligne, et quel repos ! Des corvées tout le jour, et la nuit la compagnie reçut l'ordre d'enterrer les morts qui se trouvaient entre les lignes depuis les assauts des 25 et 26 septembre.

Ces morts furent divisés en lots et on les tira au sort par escouade. Pour la 13è escouade j'eus la main heureuse, il ne nous échut que six morts à faire disparaître et qui se trouvaient à peu de distance de la tranchée. Oh ! la besogne avançait vite. On poussait le cadavre dans un trou d'obus, quelques pelletées de terre dessus et à un autre. Comme caporal je devais enlever à chacun la plaque d'identité; certains l'avaient au poignet, d'autres suspendue à leur cou, ou bien dans une poche, quel besogne ! Fouiller, palper ces cadavres et avec un couteau ou des cisailles couper le cordon ou la chaînette qui tenaient leur plaque d'identité. Il nous semblait accomplir une profanation et nous parlions à voix basse comme si nous craignions de les réveiller.
L'escouade qui fut obligée d'enlever les morts qu'on piétinait depuis trois jours dans le boyau y mit toute la nuit pour accomplir sa lugubre besogne, relever ces cadavres à moitié écrasés, crevés, mêles avec la terre, empêtrés dans des fourniments, musettes, sacs ne formant pour quelques-uns qu'un bloc boueux, sanguinolent.
Et dire que ce travail accompli in n'avait pas une goutte d'eau pour se laver les mains qu'il fallait frotter avec de la terre pour les nettoyer un peu. Mais notre répugnance s'émoussait, à force de vivre dans la saleté nous devenions pires que des bêtes.

Le lendemain matin, 1er octobre, notre section alla prendre son poste toujours dans le même boyau; à tour de rôle chaque escouade passait en tête. La 13è dut y rester de sept heures du soir à minuit; un simple barrage de sacs à terre était sur ce point la frontière française; nous eûmes la malchance que pendant notre tour de garde l'ordre vint de porter ce barrage plus en avant pour pouvoir peut-être dire dans le communiqué du lendemain qu'en Artois nous avions progressé.
Les Allemands étaient-ils près ? Étaient-ils loin ? N'allaient-ils pas nous tomber dessus, nous massacrer pendant notre travail et une nuit sombre à ne pas voir un bœuf à deux pas, même par des yeux comme les nôtres habitués à une vie plus nocturne que diurne ?
"Il faut, dis-je, un volontaire qui se portera à quelques pas en avant de nous et qui fera bonne garde." Mais comme elle était effrayante cette ombre mystérieuse du boyau où nous savions que se trouvaient des Allemands. Personne n'offrait son dévouement mais l'abbé Galaup accepta ce poste périlleux et seul resta en sentinelle pendant que s'édifiait le barrage.

Le lendemain matin, à quatre heures, nous fûmes relevés et envoyés en réserve près des ruines de Neuville-Saint-Vaast. A la nuit, nous pûmes enfin nous coucher dans des trous individuels creusés dans le talus d'un chemin enfoncé à l'entrée du village.
Depuis le 25 septembre nous n'avions pu dormir seulement une heure ! Sept nuits consécutives à veiller, travailler, enterrer des morts...
Cependant, la 13ème escouade, en dépit de son chiffre fatidique 13, revenait de ces échauffourées sans avoir perdu un homme; mais le lendemain le soldat Guerard fut blessé d'une providentielle balle à une jambe en revenant de chercher de l'eau à Neuville. Les brancardiers qui vinrent le chercher nous dirent qu'en moyenne le régiment perdait dix hommes par jour, tués ou blessés.
Si on avait écouté le loufoque Nielsel d'attaquer à tire-larigot comme il disait, il est probable que c'est cent hommes par jour qu'on aurait perdus au lieu de dix.
...

*11

   
                                              
   

 

   
 
- La période du 3 au 9 octobre, dans "le journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie.
   
 

Le 3 octobre, le régiment a reçu l'ordre de relève par le 63è; elle s'effectuera dans la nuit du 5 au 6.

L'artillerie lourde ennemie a montré une certaine activité de 5h30 à 7h. Ce bombardement a provoqué de nombreux éboulements dans tout le secteur.

Nuit assez calme: Dans le bataillon de droite fusillade modérée, combats aux têtes de sape.
                                 Dans le bataillon de gauche, fusillade assez vive vers 9h.

Les tranchées ennemies vers 17, 18, 19, 20, 21 paraissent toujours assez fortement occupées la nuit. Deux créneaux entre 18 et 71 paraissent garnis par des mitrailleuses.

En exécution d'un ordre, deux compagnies du 2ème bataillon sont désignées pour être mises à la disposition du 138è pour soutenir ses efforts vers la route de Lille.

Les officiers du régiment sont allés reconnaître le sous-secteur occupé par le 138è à l'ouest de la route de Lille, où ils sont appelés à prendre les tranchées, dans la nuit du 10 au 11.

Le 4 octobre, l'artillerie ennemie a continué à se montrer très active et a bombardé presque constamment notre secteur avec des obus de gros calibre, en causant des dégâts importants sur nos tranchées avancées et de doublement et sur les boyaux reliant ces lignes.

   
   
                             Nos canons de 58 paraissent agir efficacement et provoquer des tirs de représailles de la part de l'ennemi, ce qui est un excellent indice.

Nos batteries de 75 ont également produit un effet utile, notamment vers le point 18 où un créneau de mitrailleuse a disparu à la suite de notre tir.

La fusillade a été assez intense dans le sous-secteur de droite, moins vive dans celui de gauche.

Les combats de grenades se sont continués au contraire surtout dans le sous-secteur de gauche.

Les opérations prévues pour le 4 octobre sont remises au 5.

Cent grenadiers du 78è sont mis à la disposition du 138è pour l'aider de jour et de nuit à progresser dans les boyaux de l'ouest à l'est vers la route de Lille.

En exécution d'un ordre du 12ème C.A. le 1er bataillon soutenu par 2 compagnies du 2ème bataillon est désigné pour appuyer l'attaque que le 107è (qui a relevé le 128è) doit prononcer le 5 à l'heure H, dans la direction de l'ouest à l'est contre la route de Lille, les Entonnoirs, etc...

Pertes: 1 blessé.

                          canon de 58 

 

  Le 5 octobre, l'artillerie ennemie a continué à faire preuve d'une grande activité, surtout avec ses pièces lourdes auxquelles notre 75 ne peut répondre que d'une façon insuffisante, au point de vue matériel comme au point de vue moral.
Néanmoins la nuit a été relativement calme.

Une petite sape ayant été ébauché par l'ennemi, vers le point 32, une batterie de fusils pointé dans cette direction a empêché toute continuation du travail.

A 7h, le général de brigade téléphone l'ordre de mission 
du 107è: s'emparer des boyaux et tranchées jusqu'à la route de Lille.
du 78è:poursuivre les succès du 107è dans le sens ouest-est, sur les mines et les entonnoirs, lorsque ce régiment serait arrivé à la route de Lille. Cette progression sera effectuée par deux compagnies du 1er bataillon soutenues par deux compagnies du 2ème bataillon.
Les unités des tranchées montreront une extrême activité pour faire croire à l'ennemi à une attaque de vive force et lui infliger des pertes, si possible.

La relève doit se faire la nuit prochaine. Les bataillons sont enlevés en auto.

Pertes: 5 tués, 6 blessés.

   
 
   
 
 
   
 

le 6 octobre, les bataillons embarqués sur la route du Pont de Gy à Duisans sont transportés en auto dans leurs cantonnements:
E.M. - C.H.R. - 1er bataillon - 3ème bataillon - C.M.: Beaufort.
                                                     2ème bataillon: Noyelle-Vion.

Le 7 octobre, RAS

Le 8 octobre, le 78 reçoit l'ordre d'évacuer ses cantonnements pour le lendemain à 9h.

Le 9 octobre, 8h, le régiment quitte ses cantonnements pour aller à:
E.M. - C.H.R. - 1er bataillon - 2 compagnies du 2ème bataillon : Manin.
C.M. - 3è bataillon - 2 compagnies du 2ème bataillon: Givenchy.

   

 

   
 
- La période du 4 au 8 octobre, le même secteur, par Louis Barthas du 280ème régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre. 
                                            

...
Dans la nuit du 4 au 5 octobre nous dormions à poings fermés dans nos trous lorsque nous fûmes désagréablement réveillés en sursaut par les cris de "Aux armes ! Alerte ! Debout ! montez les sacs. Deux hommes par escouade aux grenades, aux cartouches, aux vivres. Allons, dépêchez vous !
_ Mon dieu, me dit l'abbé Galaup, qu'y a-t-il donc ?
- Eh ! lui dis-je, ce doit être quelque manigance de Nielsel, vous verrez ça."
En effet, nous apprîmes bientôt qu'une attaque générale devait se déclencher à la pointe du jour; à deux heures du matin, près de la première ligne, on nous plaça dans un boyau très étroit où l'on ne pouvait ni s'asseoir ni s'accroupir.

La pluie se mit à tomber inlassablement. On semblait nous avoir oubliés là. Vers midi cependant nos chefs se rappelèrent que nous n'avions rien pris depuis le maigre souper de la veille et généreusement nous autorisèrent à manger nos vivres de réserve.
Ceux qui avaient des dents de chacal pouvaient donc grignoter quelques biscuits, rongés par les rats, que nous traînions dans le sac et c'était tout; on ne donnait pas encore du chocolat et nous ne pouvions manger haricots, riz, café et sucre vu que l'estomac des bipèdes que nous sommes ne peut digérer ces aliments que cuits.
C'était donc se moquer de nous, il n'y avait qu'à faire un cran de plus à la ceinture et voilà tout; sous l'averse qui nous cinglait, abêtis par la souffrance, l'esprit vide de pensées, nous attendions immobiles et silencieux...
Il régnait un calme presque complet, pas de fusillades, à peine si de temps à autre un coup de canon rompait le silence ouaté, assourdi par la brume, résonnant comme un coup de gong lointain.

Enfin, vers les cinq heures du soir, j'entendis qu'on disait:
" Faites passer ce billet au caporal Barthas."
Vaguement inquiet je me demandais qu'est-ce qu'on pouvait bien me vouloir dans cette fosse. Mais à peine eus-je jeté les yeux sur ce billet que je fus rassuré: c'était notre bon cammarade Gayraud qui nous envoyait quelques tuyaux sur la situation en quelques phrases brèves, hachées, écrites en hâte: "Le 5è bataillon devait déclencher l'attaque mais son commandant (de Fageolles) jugeant le succès impossible refusait énergiquement d'attaquer malgré la colère et l'exaspération de Nielsel. L'attaque n'avait pas lieu. On allait partir de suite pour Mareuil."
ce n'est pas notre froussard de commandant "Quinze-Grammes" qui aurait osé résister au terrible Nielsel.

Bientôt notre supplice prit fin; il y avait quinze heures que nous étions à demi accroupis, nos membres ankylosés par une si longue immobilité, mais la joie donne des ailes, elle nous donna des jambes pour arriver, à demi morts de fatigue, à Mareuil à neuf heures du soir après trois heures et demie de marche.
Nous errâmes une heure dans le village à la recherche d'un cantonnement quelconque car personne n'attendait notre arrivée.
Notre section finit par se caser dans une masure à moitié démolie par les obus, mais personne ne récriminait; on était si mal d'où nous venions et nous dormîmes, sinon mieux, toujours aussi solidement que Nielsel dans son château.

Nous passâmes quatre jours de repos à Mareuil. 
Un soir j'assistai à un office religieux à l'église en l'honneur de sainte Bertilde ou Bertille... Quelques jours avant, un gros obus était tombé sur l'église et avait éclaté dans le chœur, pulvérisant tout sauf la chasse en verre dans laquelle se trouvaient les ossements de cette sainte. Miracle ? Hasard ?
...

  *11
   
                                                       
   

 

   
 
- La période du 10 au 28 octobre, dans "le journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie.
   
 

Le 10 octobre, le 78ème relève le 107ème dans les tranchées (secteur de gauche de la 23è D.I.). Il est transporté en auto.

Le 11 octobre, dans la nuit du 10 au 11, à 20 heures, l'ennemi lance des grenades sur toutes les sapes et les barricades.
Nos ripostes, très violentes, au fusil de chasse et à la grenade déclenchent une vive fusillade et une canonnade très nourri. Le calme est rétabli après l'intervention de l'AD23.

La relève s'est effectuée sans incident.

A 13h, réception de l'ordre fixant le jour J et l'heure Z au 11 octobre à 14h. L'attaque est donc fixée pour 16h15.
La mission du 78 est de flanquer la droite de la 58è DI, poursuivre l'avance déjà effectuée, maintenir l'inviolabilité du front.

Ordre d'attaque: l'occupation de la tranchée XYZ sera maintenue solidement, de manière à rendre impossible toute action de l'ennemi contre le flanc droit de la 58è DI.

En même temps, les attaques ci-après seront exécutées, violentes, au fusil de chasse et à la grenade:
1) par le 3ème bataillon, disposant de 2 compagnies de ZY contre 16 et 409.
2) par le 2ème bataillon, sur 279, 278, 134, 135 et ultérieurement sur 142, 572.
3) par le 1er bataillon, sur 135, 129, 120, 133 et ultérieurement sur 140, 141.
Deux compagnies du 3ème bataillon seront maintenues dans leurs tranchées actuelles à la disposition du colonel.

A gauche, la 58è D.I. a pour premier objectif la tranchée des Saules et son prolongement, au sud de la route Neuville - Thélus, jusque vers 562.
A droite, le 63è attaquera de l'ouest à l'est sur la route de Lille, entre 507 et 17 et au delà, sur le Labyrinthe des Entonnoirs.

17h20, violente canonnade ennemie depuis 14h sur tout le secteur. Tir de barrage sur les boyaux.

   
   
 

A 19h20, il résulte des renseignements fournis par les commandants de bataillon que:
1) sur le point 279, l'ennemi qui tient ce point très solidement nous a infligé des pertes sérieuses. Nous n'avons pas pu progresser ( 1 officier, le sous-lieutenant Arseiguel, est grièvement blessé.
2) de 126 à 134, nous avons enlevé la barricade ennemie et gagné 30 mètres.
3) de 127 sur 135, lutte infructueuse.
4) de 128 sur 129, nous avons pu réaliser une avancée de 15 mètres.
5) de 64 sur 120 nous avons progressé jusqu'au delà du Chemin Creux et nous construisons un ouvrage sur le revers N.E de ce chemin, dans la direction de 129.
En résumé, lutte extrêmement vive dans le sous-secteur, par grenade. Progression dans quelques boyaux.

Pertes: officier: 1 blessé, troupe: 10 tués, 29 blessés.

   
 
 
 

Le 12 octobre, toutes les avancées réalisées hier ont été maintenus. En outre, nous avons progressé de 55 mètres dans le Chemin Creux de 64 à 129 et de 12 mètres, par sape de 128 vers 129. Nous avons établi au point 120, au N-E du Chemin Creux une petite redoute.

Toute la nuit, combats intermittents à la grenade et au fusil de chasse, en avant des barricades.

L'artillerie ennemie a tiré presque constamment, par salves échelonnées et espacées, mais suffisantes pour gêner nos travaux.

Vers 21h on a ressenti les effets des gaz lacrymogènes entre 500 et 514. Ces effets ont persisté légèrement dans la matinée.

Pertes: 1 tués, 3 blessés.

   
 
   
 

Le 13 octobre, dans la journée, l'artillerie ennemie a montré peu d'activité et n'a tiré qu'avec des 77 et des 105. Elle a causé néanmoins quelques dégâts vers 503, 504, et sur la tranchée de la batteuse.

Quelques combats de grenades en avant des barricades.

Nous avons réalisé les gains suivants:
1) vers 279, 6 mètres, partant de notre barricade dans le but de tourner par le nord 279 qui parait un véritable petit fortin.
2) vers 278, 12 mètres.
3) de 126 vers 134, 15 mètres par une tranchée partant de notre barricade pour rejoindre la petite tranchée au nord, de façon à partir d'une ligne au lieu d'un point pour attaquer 134-135.
4) de 128 à 129, 25 mètres.
5) porté à 60 mètres l'avance dans le Chemin Creux entre  64 et 129.

Pertes: 2 tués, 2 blessés.

   
 
   
 

Le 14 octobre, bombardement du secteur par obus de 77 et de 105 de 0h à 0h30.

Combats de grenades aux barricades et surtout à celles qui sont près du Chemin Creux. Fusillade presque constante toute la nuit, mais peu vive.

Légères avances des sapes se dirigeant vers 279 et 278 ainsi que de 123 à 6. La sape 128-129 est portée à 80m.

Pertes: 4 tués, 6 blessés.

Le 15 octobre, Bombardement intermittent du secteur par l'artillerie ennemie (77 et 105).

Tir efficace de notre artillerie de tranchées sur les points 134-135. Une de nos torpilles tombée sur 134 a causé une forte explosion, suivie de deux autres moins violentes: un dépôt de munition a dû sauter.

Nous avons également bombardé 127, mais sans réussir à atteindre nettement la barricade et la tranchée.

Pertes: 6 blessés.

Le 16 octobre, nuit assez calme.
Dans la matinée, l'artillerie allemande a montré une certaine activité et a produit des dégâts assez sérieux sur nos tranchées et nos boyaux.
Notre artillerie a exécuté par trois fois des tirs de représailles.
L'attaque de la barricade 127 qui devait avoir leu dans la matinée, avec l'appui de l'ATD et d'un canon de 37 n'a pu se produire en raison de l'inefficacité du tir de l'ATD (un grand nombre de projectiles n'éclatant pas.) et du non fonctionnement du canon de 37mm. La barricade ennemie de 127 parait très solidement tenu et le boyau d'accès ennemi est garni de créneaux avec bouclier. Le lieutenant colonel commandant le 78 qui tient a enlever cette barricade et a veillé de sa présence aux détails de préparation de l'attaque a prescrit de faire tirer de nouveau l'ATD et de remplacer le canon de 37 et d'exécuter l'attaque dès que la préparation sera jugé suffisante.

A 17h30, après une préparation sérieuse faite par l'ATD et le canon de 37 (qui n'a pu tirer que quelques coups, un obus de 77 l'ayant détraqué) l'attaque est reprise et la barricade 127 est enlevée.

L'ennemi qui croit à une attaque sur tout le front canonne toute notre ligne, mais concentre bientôt un feu particulièrement violent sur la barricade et ses abords, sans se soucier des pertes qu'il peut infliger à ses propres troupes.
Devant l'intensité du feu, les nôtres qui ont éprouvé des pertes et qui n'ont pas eu le temps de s'abriter sont obligés de rentrer derrière notre ancienne barricade.

A 18h30, l'attaque est renouvelée et la barricade est reprise.

deux contre-attaques violentes de l'ennemi sont repoussées vers 19h30 et 20h30 et nous restons définitivement maîtres de l'ouvrage conquis, malgré les tentatives à la grenade qui sont faites pour le reprendre.

A 19 heures, une patrouille d'une quinzaine d'Allemands s'est avancée vers l'extrémité Nord de la barricade (sud du point 29) du chemin du moulin, mais est repoussé à coup de grenades et de fusils.

Pertes: 1 officier blessé; troupes: 2 tués, 7 blessés.

Le 17 octobre, des combats à la grenade ont lieu par intermittences toute la nuit, non seulement devant la barricade 127, mais encore à toutes les têtes de sapes.

à 6h, nouvelle attaque de l'ennemi à la grenade, suivie d'un tir de 105 et de 77 assez violent sur tout le secteur, mais particulièrement sur la 1ère ligne, aux environs de la barricade 127.

Pertes 1 tué, 2 blessés.

Le 18 octobre, depuis la prise de la barricade 127, les Allemands ne peuvent plus nous atteindre avec des grenades ordinaires et emploient des grenades à fusil.

A 11h, l'ennemi a lancé quelques obus de 77 et de 105 vers 121-122.

   
   
 
 
   
 

Dans la nuit du 18 au 19 octobre, le 78è est relevé par le 107è. Il s'embarque en auto sur la route Arras-St Pol, à hauteur de la halte Duisans-Etrun.

EM-CHR-1er bataillon-5ème et 6ème compagnies: Manin.
CM-3ème bataillon-7ème et 8ème compagnies: Givenchy-le-Noble.

Pertes: 1 tué, 7 blessés.

Du 19 au 26 octobre, même cantonnement.

Le 27 octobre, le régiment reçoit l'ordre d'avoir évacué ses cantonnements pour le lendemain à 8 heures.

Le 28 octobre, le régiment quitte ses cantonnements pour aller à:
EM-CHR-3 compagnies du 2ème bataillon: Beaufort.
1 compagnie du 2ème bataillon: Blavincourt.
CM et 3ème bataillon: Grand-Rullecourt.
1er bataillon: Lignereuil.

   

 

   
 
- La période du 9 au 28 octobre, le même secteur, par Louis Barthas du 280ème régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre. 
                                             

...
Le 9 octobre, le 280è régiment reçut l'ordre de repartir en ligne, car vous pensez bien que Nielsel n'allait pas nous laisser six mois au repos. A sept heures du soir nous étions déjà rassemblés prêts à partir lorsqu'il vint un contre-ordre et à notre grande surprise on nous fit prendre la direction opposée à Neuville-Saint-Vaast.
Au bout d'une heure et demie de marche, nous vîmes scintiller quelques lumières dans la nuit: nous arrivions au village d'Agniez-les-Duizans où nous venions cantonner.
Notre fourrier nous appris que la 21è compagnie allait être logée dans les dépendances du château où Nielsel était installé en seigneur.
Cette nouvelle nous fit plaisir. Bien-sur, pensions-nous, un cantonnement sous les yeux du général de division devait être pourvu de tout le confort désirable, mais quelle ne fut pas notre déception quand on nous poussa dans une écurie dont une épaisse couche de fumier couvrait tout le sol !
Cent hommes auraient pu difficilement s'y coucher. On nous y entassa deux cent cinquante et il fallu encore se serrer pour faire de la place à cinquante pionniers.
En vain je cherchai à l'entour un hangar, une loge à cochons, un abri quelconque pour y passer la nuit; je ne trouvais rien; force me fut de rentrer dans l'écurie où l'on se coucha les uns sur les autres dans toutes les positions. On ne put guère dormir car il y avait toujours quelqu'un qui entrait ou sortait, ce qui ne pouvait se faire sans des piétinements provoquant des protestations, des grognements, des menaces de la part des piétinés.

Dès la pointe du jour, un grand nombre d'entre-nous sortirent dans la cour, faisant du pas gymnastique pour lutter contre le froids assez vif; on s'interpellait, on parlait, on criait en vrais Méridionaux qui ne perdent jamais de leur pétulance, on ne songeait pas que Nielsel se reposait encore, vautré dans un bon lit, et qu'on troublait son sommeil ou ses profondes méditations stratégiques, ou ses amours, car on disait qu'avec la jolie châtelaine, Nielsel... mais cela ne nous regardait pas.
Brusquement une porte s'ouvrit et le général parut tête nue, l'œil courroucé; d'une voix irritée il s'écria: "Voulez-vous vous taire ou bien je vais vous faire partir de suite aux tranchées ! Rentrez dedans, couchez-vous. Reposez-vous !"
Il nous dit cela exactement comme un maître parle à ses chiens. Il nous ordonnait de nous coucher sans daigner regarder s'il y avait de la place pour cela.

Le lendemain matin, le général fut plus aimable, il vint dans la cour avec des paquets de crayons d'un sou qu'il distribua à quelques soldats ébahis en leur disant: " Tenez, mes petits, distribuez cela à vos camarades."
"Cette distribution de crayons ne me dit rien qui vaille, dis-je aux camarades de l'escouade, vous verrez que Nielsel nous prépare quelque surprise plutôt désagréable."

Effectivement, à dix heures et demie, à peine avions-nous mangé la soupe que l'ordre fut donné de partir immédiatement pour les tranchées. En cours de route les officiers nous apprirent que le 280ème régiment allait soutenir une attaque de la division.

Quand nous eûmes dépassé Neuville-Saint-Vaast, les Allemands déclenchèrent sur nous un violent tir de barrage; nous nous repliâmes en une fuite éperdue vers Neuville.
Ah ! dira-t-on, ces Méridionaux, toujours prêts à tourner les talons, mais parmi nous il y avait des Parisiens, des Bretons, et je remarquai qu'ils se débinaient aussi vite que nous.
Le commandant "Quinze-Grammes" et "le Kronprinz" au moment où s'abattit la rafale, passaient devant un abri profond où ils se terrèrent.
Quand le calme fut revenu, ils dépêchèrent leurs larbins (disons leurs plantons) pour venir nous ramasser; ce ne fut pas sans peine car nous étions fort disséminés.

L'attaque eut lieu mais deux sections du 281è régiment qui étaient sorties des tranchées avaient été aussitôt foudroyées par les mitrailleuses.
Malgré les ordres réitérés de Nielsel, personne n'avait plus voulu sortir.

A sept heures du soir, notre compagnie alla renforcer le 281è régiment; nous occupâmes un boyau fort endommagé par les obus. Nous dûmes passer la nuit à découvert malgré de fréquentes rafales d'obus que les Allemands lançaient au petit bonheur sur nos lignes.

Encore une mauvaise nuit de plus à graver dans notre souvenir.

Le lendemain, 12 octobre, à neuf heures du soir nous allâmes relever le 281è régiment en première ligne.
En arrivant à la première ligne, nous aperçûmes chaque dix mètres des échelles d'assaut posées contre le parapet. Cette vue nous fit frissonner comme si nous étions passés devant des échafauds.
Dans notre tranchée se trouvait l'emplacement d'une batterie lourde allemande complètement anéantie par notre artillerie: canons, obus, matériel et cadavres allemands y étaient ensevelis.
De nuit et de jour, on nous fit travailler à dégager les abris qui se trouvaient à cet emplacement.

En avant et en arrière de la première ligne, il y avait un grand nombre de morts dans la proportion à peu près d'un Allemand pour vingt Français, ces derniers appartenaient au 50è régiment d'infanterie.
Elle nous coûtait cher cette avance de sept cents à huit cents mètres qui ne nous avançait à rien du tout car on se trouvait en présence de tranchées aussi solidement défendues que celles qu'on avait enlevé.

A la faveur de l'épais brouillard qui tous les matins couvrait le pays, certains allaient à la recherche de fusils, revolvers, etc. Peu scrupuleux, quelques-uns fouillaient les poches des morts.
Un matin le caporal Cathala, de la compagnie, était allé ainsi en découverte lorsqu'il fut atteint d'une balle qui le blessa grièvement à la cuisse (on dut lui pratiquer l'amputation); il se traîna à la tranchée où on lui fit un premier pansement; il gisait à terre baignant dans son sang.
Soudain, voici le général Nielsel, qu'on voyait souvent à la tranchée au petit jour mais quand tout était calme.
-Ah ! dit le général, où a-t-il été blessé ce caporal ?
On ne pouvait pas lui dire que c'était en allant fouiller les morts, on lui dit que c'était au petit-poste.
"Allez-moi chercher le capitaine. Êtes-vous content de ce caporal ? dit-il au "Kronprinz" accouru en toute hâte.
-Mais oui, très satisfait ! bredouilla notre capitaine.
-Très bien ! il sera cité, aura sa croix de guerre et la médaille militaire."
Ce qui fut fait. Voilà comment le caporal Cathala devint un héros.
...

   
 
  JMO du 281 régiment d'infanterie.
   
   
  L'abbé Galaup était depuis quelque temps hanté par le désir de trouver un fusil allemand avec une baïonnette en forme de scie pour la prendre chez lui comme souvenir.
Les Allemands en avaient une par escouade afin que le cas échéant on pût couper une branche, débiter une planche, etc. Bien entendu on la fixait au bout du fusil pour à l'occasion percer un thorax ou un ventre, elle était à double usage.
Le père Galaup à la recherche de cette arme-outil allait lui aussi chaque matin dans le brouillard au risque d'intercepter une balle au passage.
Un jour, il me dit que si j'avais envie d'un revolver et d'une belle paire de jumelles il me les indiquerait; le lendemain matin, acceptant cette offre, je me rendis à l'endroit qu'il me désigna où un obus énorme avait éclaté au milieu d'un groupe de Français montant à l'assaut, décapitant, mutilant affreusement une douzaine d'hommes qui n'étaient plus que des tronçons sanglants.
Je vis à terre les jumelles et le revolver dans leur étui, je les pris en hâte et je m'enfuis épouvanté par ce spectacle horrible.
A l'aide de ces jumelles, l'abbé Galaup finit par découvrir l'objet de ses désirs, une précieuse baïonnette-scie au bout d'un fusil que tenait un Allemand mort, à quelques pas de sa tranchée, empêtré dans un fouillis de fils de fer.
  C'était être fou que de vouloir aller même de nuit chercher cette arme; risquer neuf chances sur dix d'être tué pour une baïonnette même en forme de scie, pas un homme dans le régiment ne l'eût peut-être tenté.
Eh bien ce prêtre le tenta. La nuit suivante il partit en rampant, réussit à prendre cette baïonnette fascinatrice et revint sans avoir éveillé l'attention des Allemands mais, au retour, il s'égara et tomba sur un poste d'écoute de la compagnie voisine où veillaient deux sentinelles qui lui tirèrent dessus mais le manquèrent.
Au moment où il venait de quitter ce poste, un obus de 105 y tomba en plein, tuant les deux sentinelles.
L'abbé Galaup remercia longuement la Providence qui l'avait favorisé dans sa téméraire entreprise et l'avait préservé de si grands dangers.
Cependant, le lieutenant Malvezy avait envie de mes jumelles et me proposa sans vergogne de les échanger avec les siennes qui ne valaient pas quarante sous; je refusais, il insista; je refusai de plus belle. Il ne tarda pas à en tirer une mesquine vengeance.

Le 17 octobre à neuf heures du soir un obus éclata en plein, à trente mètres de notre emplacement, dans la tranchée, tuant net deux malheureux ravitailleurs chargés de vivres pour leur escouade.
...
Cette relève, notre compagnie voisine, la 18ème, fut très éprouvée, elle compta une vingtaine de tués ou de blessés; notre compagnie n'eût que trois blessés. Grâce que nous étions si près des Allemands que leurs artilleurs n'osaient taper sur nous de crainte d'atteindre leurs tranchées.

Un jour le père Galaup était en train de tirer comme un forcené à son créneau avec le fusil allemand qu'il avait ramassé. 
"Qui se sert de l'épée, dis-je, périra par l'épée !"
Les Allemands qui passaient des heures entières sans tirer un coup de fusil se mirent à riposter à la fusillade du père Galaup. Ils eurent tôt fait de découvrir le créneau d'où partaient les coups de fusil et tout à coup voilà une balle qui passe par l'étroite ouverture du créneau et traverse le poignet de ce prêtre batailleur, lui frôlant le front en traversant son casque. Il fut conduit au poste de secours et évacué à Royaumont d'où il nous envoya de bonnes nouvelles.
...
Le même jour, nous apprîmes, contrairement sans doute aux désirs du général Nielsel, que l'offensive était arrêtée partout et que les permissions allaient reprendre. Quel soupir de soulagement ! quel poids qui tombait sur notre poitrine. En dépit de notre fatigue, tellement la joie donne des ailes - ou plutôt des jambes - nous arrivâmes à Mareuil à une heure du matin sans avoir trouvé le chemin trop long ni notre sac trop lourd.
Dès le lendemain il fut constitué par compagnie une section de grenadiers; il était entendu qu'on choisirait de préférence des hommes jeunes et vigoureux.
A notre section le sous-lieutenant Malvezy chargé de désigner un caporal s'empressa de me choisir malgré que des quatre caporaux je fusse le plus âgé. C'était sans doute pour m'apprendre à avoir des jumelles plus belles que les siennes.
J'aurais pu réclamer mais je me dis que si aux petits-postes on était plus exposés aux grenades et à des surprises on l'était moins qu'un peu en arrière pour les obus et les torpilles, donc je quittai mes bons camarades de l'escouade pour faire partie de la section des grenadiers.

Dès le lendemain de notre séjour à Mareuil on nous fit aller travailler en première ligne afin de creuser un boyau. partis à six heures du soir, nous arrivâmes à quatre heures du matin, exténués car nous avions dû faire une vingtaine de kilomètres aller et retour; on appelait cela être au repos, il y en eut un qui ne revint pas, il avait été tué net par une balle perdue. Personne ne le plaignit. Qui de lui ou de nous était le plus à plaindre ?

Dans le jour on nous occupait à lancer des pierres en guise de grenades du matin au soir aux bords de la Scarpe afin de nous faire les bras, mais au bout de quatre jours nous en avions les épaules démolies.

Le 23 octobre, à six heures du soir, nous allâmes cantonner à Agnez pour quatre jours de plus. Cette fois, nous ne fûmes pas logés dans le château de Nielsel mais dans un autre château se trouvant au milieu du village. On nous empila dans des remises à foin ou à débarras avec pour sommier des débris de paille où pullulaient des myriades de poux.
Ce château était un vrai nid d'embusqués, de tous les embusqués de la division: téléphonistes, secrétaires, brancardiers, gendarmes. Tous ces gens-là naturellement occupaient les meilleurs places et nous regardaient avec un visible dédain.

Un après-midi, le général Nielsel nous convoqua, tous les caporaux et sergents, pour nous faire une conférence sur notre rôle aux tranchées pendant la campagne d'hiver.
Nous fûmes réunis dans la salle d'école, le général nous reçut tout souriant, tout réjoui, tout guilleret; ce n'était plus le terrible batailleur ne rêvant que de plaies et de bosses, assauts et combats.
"Allons, disait-il en clignant de l'œil, vous êtes tous de solides gaillards; avec des hommes comme vous on peut faire quelque chose; c'est bien, je suis satisfait de votre bonne mine, de votre tenue."
Après ce préambule flatteur, le général nous dit: " Vous comprenez bien que nous n'allions pas laisser les boches cet hiver bien tranquilles dans leurs trous. Il faut les embêter tout le temps, voici comment..."
Et devant un tableau noir, la craie à la main, Nielsel nous expliqua pendant deux heures la manière de faire des travaux d'approche pour enlever un petit-poste, une tranchée, s'approcher de l'ennemi pour y jeter des grenades " à tire-larigot" et, à chaque phrase, il concluait: " c'est bien simple"
En effet, cela paraissait simple, trop simple même, un jeu d'enfant. On n'eût pas dit certes qu'il s'agissait de tueries, d'égorgements, de massacres.
Puis Nielsel daigna nous remercier de notre attention forcée et s'en fut à son château, persuadé sans doute qu'il avait excité en nous notre ardeur guerrière et nos sentiments patriotiques.
Comme il se trompait !

...

Le 28 octobre, à cinq heures du soir, nous repartîmes accompagnés par des froides averses pour aller occuper des tranchées de réserve, près de Neuville-Saint-Vaast.
Cinglés par les rafales de pluie, glissant, trébuchant dans la nuit noire par des chemins ou pistes impraticables, on nous laissait bien tranquilles avec leurs stupides règlements de la discipline de marche!
Jurant, pestant, maudissant son sort, chacun marchait, se traînait comme il pouvait. Pour arriver où ? Dans des boyaux ténébreux, plein de boue où l'on se disputait quelques trous individuels à demi effondrés qu'avaient creusés nos prédécesseurs. Seuls les officiers avaient à leur disposition un abri assez bien aménagé.
Quelques plaques de tôle, des planches placées en travers du boyau et recouvertes de terre auraient suffi pour nous faire un abri sinon confortable du moins suffisant pour nous préserver du vent glacial et des averses, mais non. Là comme presque partout ailleurs, rien n'avait été prévu, rien n'avait été ordonné d'un quelconque colonel au généralissime Joffre pour abriter le bétail humain contre les intempéries.

*11

   

 

   
 
- La période du 29 octobre au 11 novembre, dans "le journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie.
   
 

Le 29 octobre, le 78ème relève le 107ème dans les tranchées. Le mouvement se fait en auto; l'embarquement a lieu à 3h30 et le débarquement à 5h15 à Duisans.

Les compagnies de tête se présentent à l'entrée de boyaux de Béthune et d'Angin à 6h. La relève est terminée à 12h, sans incident.

Entre 15h et 17h, l'ennemi, vraisemblablement en réponse au tir de notre ATD, a violemment bombardé avec des obus de gros calibre, le centre et la gauche du secteur.

A 15h30, le dépôt d'explosifs du bataillon de gauche, situé entre 122 et 123 saute sous l'action d'un obus de gros calibre.

Pendant toute la nuit, notre artillerie se montre agressive.

Pertes: 1 tué.

Le 30 octobre, à 5h30, l'artillerie ennemie a bombardé avec une grande violence nos tranchées de 1ère ligne sur tout le front et a exécuté un tir de barrage non moins violent à hauteur de la ligne de soutien, en même temps que sur la gauche seulement s'engageait une vive fusillade avec combat à la grenade. Les communications téléphoniques s'étant trouvées coupées, un tir de barrage a été demandé par signaux à 5h45 pour répondre à celui de l'ennemi. Ce tir a été arrêté à 5h50, dès qu'il a été reconnu que les Allemands ne sortaient pas de leurs tranchées.

A 10h, après un nouveau bombardement violent de la région 514, R, 274, 277, D, l'ennemi a fait sauter à la mine la barricade S. Des travaux ont été entrepris immédiatement pour dégager la sape démolie par l'explosion et déboucher dans l'entonnoir: des Allemands ayant voulu y pénétrer, nous les avons chassés à coup de grenades.

Nos tranchées ont beaucoup souffert du bombardement bien qu'une grande partie des obus ennemis n'éclatent pas.
Une de nos mitrailleuse a été enterrée; elle a pu être dégagée et réparée.

Pertes: 1 officier blessé; troupe: 5 tués, 1 blessé.

Le 31 octobre, pendant la nuit, on a pu retirer vivants deux hommes ensevelis (un du génie, un du 78è) par l'explosion d'une mine ennemie.
La sape avec poste de grenadiers ayant vue sur le fond de l'excavation a été terminée à 21h.

Nous occupons non seulement notre ancienne barricade, mais encore la lèvre nord de l'entonnoir, la tranchée allemande étant tangente à la lèvre sud. Trois cadavres allemands, déchiquetés par nos grenades, gisent dans le fond de l'excavation ainsi que d'autres débris humains, de fusils, sacs et grenades allemandes.

La lutte à la grenade se poursuit aux têtes de sapes et particulièrement près du nouvel entonnoir.

L'ennemi bombarde la tranchée de doublement, les points 126, 127 et la tranchée 514, R, 503.

Pertes: 4 tués, 5 blessés.

Le 1er novembre, à 3h30, violente attaque ennemie à la grenade à la droite du sous-secteur. Le bataillon de droite a pris ses dispositions d'alerte. Les mouvements des fractions de soutien se sont effectués dans de bonnes conditions.
Quelques petites bombes paraissant de forme ronde ont été tirées sur 514-277.

Lutte à la grenade pendant la nuit aux sapes 503 et S.

Pertes: 1 blessé.

Le 2 novembre, lutte intermittente à la grenade à la barricade S. L'ennemi a lancé un assez grand nombre de grenades à fusil vers S'.

Deux sapeurs du Génie, enterrés dans la sape S sont sortis cette nuit après avoir creusé une galerie pour déboucher dans l'entonnoir.

L'activité de l'ennemi s'est ralenti dans l'après-midi.

Le Génie a débouché dans une galerie allemande entre 126 et 134. Un combat à coup de fusil de chasse s'est engagé entre les mineurs qui se sont barricadés dans leurs galeries.

A 16h, le commandant de la compagnie du Génie a camouflé la galerie ennemie en portant sa barricade de 20 mètres en avant.

Pertes: 1 tué, 1 blessé.

Le 3  novembre, relève intérieur dans le régiment, sans incident, mais longue et pénible. Cette relève était nécessité par la fatigue extrême des unités de 1ère ligne. Les hommes de ces unités n'étaient plus que des tas de boue qu'il était indispensable de laisser se reposer et se nettoyer un peu.

La pluie persistante des deux derniers jours a causé de véritables désastres dans le secteur. On s'emploie en toute hâte à relever les boyaux et les tranchées effondrés et à rendre le secteur inexpugnable par la pose de défenses accessoires.

Pertes: 3 tués, 4 blessés.

Le 4 novembre, bombardement du secteur par des 77 et des 105 qui nous ont causé quelques pertes parce que les hommes sont obligés de travailler en permanence dans les tranchées et boyaux pour réparer les dégâts causés par le mauvais temps.

Une violente lutte à la grenade qui a eu lieu à 20h45 à notre droite, du côté des barricades 67 et 16, a été suivie d'un tir de l'artillerie ennemie sur la tranchée Rocade et le boyau d'Ecurie.

Quelques isolés ont été enlisés la nuit dernière et n'ont été retirés qu'avec des efforts sérieux. Leurs chaussures arrachées sont restées dans le fond des boyaux.

A 13h, l'ennemi a fait sauter un camouflet près de S (Camouflet est un terme du génie militaire désignant une charge d'explosif destinée à détruire une galerie ennemie, ou à neutraliser la mine préparée par les sapeurs ennemis. Ce terme est inspiré d'un vieux mot signifiant au XVIIe siècle « de la fumée soufflée sous le nez », une vexation humiliante, un affront, synonyme de claque ou de gifle, passé à ce titre dans le langage courant. Wikipédia) Deux grenadiers ont été ensevelis, un seul a pu être retiré.

Pertes: 2 tués, 3 blessés, 1 disparu.

   
   
 
 
   
 

Le 5 novembre, le 78è est relevé par le 107è. Le régiment doit regagner ses cantonnements en auto. Il embarque à 14h sur la route Arras-St Pol, la tête au carrefour du chemin halte de Duisans-Etrun.

Cantonnements:
EM - CHR - CM - 3è bataillon: Grand Rullecourt.
2è bataillon: Beaufort.
1er bataillon: Blavincourt et Lignereuil.

Le 6 novembre, à la date du 28 septembre, le général commandant en chef a conféré la médaille militaire à:
Dubreuil Édouard, adjudant au 78. "
chef de section d'une vaillance hors ligne, s'est élancé à la tête de sa section à l'attaque d'une tranchée allemande qu'il n'a pu atteindre. Est resté terré derrière une levée de terre pendant toute l'après-midi d'où, à l'affût, il a mis hors de combat une dizaine d'ennemis."

Le 7 novembre, le général en chef a promu, en date du 13 octobre 1915, au grade d'Officier de la Légion d'Honneur:
M Delouche, lieutenant-colonel, commandant le 78: " A été blessé au moment où, sous un feu des plus violents d'artillerie lourde, de mitrailleuses et d'infanterie, il entraînait les éléments de tête de son régiment à la reprise de l'attaque sur les tranchées allemandes; A refusé de se laisser évacuer sur l'arrière et bien qu'encore sous l'influence de la fièvre a tenu à reprendre le commandement de son régiment en 1ère ligne, moins de 48h après sa blessure. A ainsi donné à ses subordonnés le plus bel exemple d'énergie et de devoir militaire."

A la date du 11 octobre 1925, le général commandant en chef a promu au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur:
M Blanloeil Bernard, capitaine à titre temporaire au 78. " Blessé une première fois le 21 décembre 1914, est revenu sur le front sans vouloir prendre de convalescence, n'a cessé de faire preuve d'une conduite admirable au feu. Le 26 septembre 1915, a encore donné le plus bel exemple de courage en sortant le premier de la tranchée, sous un feu terrible de mitrailleuses et d'artillerie ennemies. A été blessé très grièvement.

M Demerliac Marie Guillaume Marcel, médecin-major de 2ème classe au 78. " Aussi brave au feu que compétent dans son service. Le 28 août 1914, est allé lui-même, sous les balles ennemies, chercher le corps d'un capitaine qu'il a rapporté. Les 25 et 26 septembre 1915, s'est prodigué en allant plusieurs fois jusque dans nos tranchées les plus avancées, avec un entrain, un calme et un sang-froid admirables pour veiller à la bonne exécution de son service et a obtenu des résultats tout à fait remarquables; Déjà cité à l'ordre du régiment. "

Le 8 novembre, sont nommés à titre définitif:

Par décret du 3 septembre 1915 (active)
au grade de chef de bataillon: M Bérenguier, chef de bataillon à titre temporaire.
au grade de capitaine: M Ursy Lieutenant.

Par décret du 20 septembre (Réserve)
au grade de lieutenant: m Faucher, capitaine à titre temporaire.
au grade de sous-lieutenant: sergents Barrot, Raymond, Bujadoux.

Sont ratifiées les nominations au grade de lieutenant à titre temporaire (active) les officiers:
par décision ministérielle du 21 septembre 1915: sous-lieutenant Goumy.
par décision ministérielle du 26 octobre 1915: sous-lieutenants Harlé et Viladier.

Sont ratifiées les nominations au grade de sous-lieutenant à titre temporaire ( réserve) les sous-officiers:
Adjudants Garcias, Dubreuil, Lavaud.
Sergents Vandais, Bernard.
Par décision ministérielle du 21 octobre 1915, l'adjudant Prestat.

Sont ratifiées les nominations au grade de sous-lieutenant à titre temporaire (active) les sous-officiers:
L'adjudant Paquet.
Par décision ministérielle du 6 octobre 1915: le maréchal des logis Bordessoule.
Par décision ministérielle du 28 octobre 1915: l'aspirant Leblanc.

Le 9 novembre, par ordre du 16 octobre 1915, le général commandant la 10ème Armée cite à l'ordre de l'Armée:
Le capitaine Causse Fernand Fulcrand du 78: " Blessé grièvement le 28 août 1914, est revenu sur le front incomplètement guéri. Modèle de devoir et de bravoure a été tué le 25 septembre 1915 au moment où il se portait à la tête de sa compagnie à l'assaut des tranchées allemandes."

Par ordre du 20 octobre 1915, le général commandant la 10ème Armée cite à l'ordre de l'Armée:
Le sergent Lachaud Jean. " Sous-officier d'un sang-froid et d'une bravoure admirable, s'est élancé le 26 septembre 1915 à la tête de sa demi-section à l'assaut d'une tranchée ennemie en criant - en avant ! les gars ! Est tombé mortellement blessé. "
Le sergent-major Bouchet Auguste. " Le 26 septembre 1915, s'est courageusement élancé à l'assaut des tranchées ennemies en entraînant sa section. Est tombé criblé de balles. "
Le caporal-mitrailleur Frapeau Félicien. " Projeté en l'air par l'explosion d'un projectile de gros calibre qui a tué et blessé plusieurs de ses hommes, est resté à son poste malgré de sérieuses contusions, refusant de se rendre au poste de secours. "

Le 10 novembre, RAS.

Le 11 novembre, le régiment reçoit l'ordre de relève. Le 3ème bataillon seul sera transporté en auto avec la CM et une partie de la CHR. Les 1er et 2ème bataillons feront le mouvement à pied, leurs sacs seront transportés par camions automobiles.

   

 

   
 
- La période du 29 octobre au 12 novembre , le même secteur, par Louis Barthas du 280ème régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre. 
                                             

...
Deux jours après ( vers le 30) à la tombée de la nuit, notre compagnie alla occuper une tranchée de deuxième ligne appelée "Tranchée du Moulin".
Il y avait effectivement un moulin dans ces lieux mais je ne m'en aperçus que trois jours après par quelques débris de briques qui jonchaient le sol mêlés à la boue.
C'est le meunier qui fera une tête lorsqu'il reviendra !

A l'emplacement occupé par la section des grenadiers, il n'y avait en tout et pour tout qu'un seul abri et encore avait-il été creusé par les Allemands qui voulaient établir une mine; malheureusement, notre avance avait interrompu les travaux et ce n'était qu'un escalier étroit d'une quarantaine de marches creusées sans étayages dans le sol crayeux; au fond, un court et étroit couloir où les bougies ne voulaient pas flamber, l'air n'y pénétrant point suffisamment.
Faute de place, on dut laisser dehors sur la banquette de tir les armes, fusils, sacs, à la merci de la pluie et des cambrioleurs de tranchée.
Ceux qui ne trouvent pas leur chambre à coucher assez spacieuse ou confortable peuvent par la pensée concevoir si quarante hommes étaient à l'aise dans cet étroit escalier boueux et glissant où à chaque instant quelqu'un montait ou descendait, alors que deux hommes ayant un peu d'embonpoint n'auraient pu se croiser; par bonheur, nous étions tous maigres.
L'ouverture de ce repaire étant tournée vers l'ennemi il était même possible qu'un des obus qui tombaient dans le voisinage s'enfilât dans cet escalier pour y faire une sanglante omelette de grenadiers, mais à cette peu riante perspective on n'y pensait même pas, on devenait familier avec le danger.
D'ailleurs, nous ne moisissions guère dans cette impasse. De la part du capitaine de jour et de nuit un planton venait ordonner des corvées, des travaux qu'on devait exécuter sous la pluie car depuis notre arrivée à la tranchée du Moulin il pleuvait presque sans arrêt.

Le 2 novembre surtout la pluie tomba à torrents, tranchées et boyaux se transformèrent en cloaques; ce jour, à la tombée de la nuit, en plein déluge, je reçus l'ordre de mettre tous les grenadiers au travail à  nettoyer les boyaux allant en première ligne et cela toute la nuit.
Ordre stupide, insensé et barbare; travailler dans la nuit opaque, une nuit de tombeau dans l'eau glacée, dans la boue, pour un travail vain tant que la pluie ne cessait pas; c'en était trop les hommes d'ailleurs déclaraient avec raison qu'ils ne voulaient  pas travailler.
Je griffonnai quelques lignes au dos de l'ordre apporté par le planton, exposant au capitaine les raisons pour lesquelles il fallait mieux attendre la fin de la pluie.
Demi-heure après, je reçu un nouveau billet, un véritable ultimatum m'ordonnant de commencer le travail immédiatement; j'étais rendu responsable de  l'exécution de cet ordre, que le capitaine viendrait lui-même se rendre compte.
A la lueur d'une lampe électrique, j'écrivis ma réponse: "Mon capitaine, je connais les limites de travail, d'efforts et de fatigue qu'on peut exiger d'un homme; ma conscience ne m'autorise pas à les franchir ou veuillez confier mon commandement à un autre."
Un moment après, le planton, trempé jusqu'à la chemise par ces multiples promenades dans la tranchée qui se transformait en canal, vint me porter l'ordre de me rendre de suite auprès du capitaine.
e capitaine était installé dans un abri profond d'une douzaine de marches; assis devant une petite table, il était en train de faire une paisible partie de carte avec le lieutenant Mouret.
A côté, un brasero répandait une douce chaleur, une ordonnance faisait chauffer du thé. Quelle différence le sort de ces officiers avec le nôtre !
- Caporal, me dit le capitaine sèchement, vous devez occuper tous vos hommes toute la nuit afin de maintenir les boyaux praticables jusqu'à la première ligne. Allez !
- Mon capitaine, tant que la pluie tombe à torrents, je ne ferai pas travailler les hommes car leur travail serait inutile et leur fatigue, leurs souffrances vaines. D'ailleurs ils ne m'obéiraient pas.
- Je vous répète que c'est l'ordre du commandant !
- Et moi je répète que cet ordre est inexécutable. Veuillez je vous prie confier le commandement de la section desq grenadiers à un autre gradé, ce n'est pas à moi, simple caporal, à la commander !
Le capitaine se leva furieux:
- Caporal Barthas ! s'écria-t-il, pour la dernière fois je vous ordonne d'exécuter cet ordre. Je vous en rends responsable. J'irai me rendre compte moi-même. Sortez d'ici !
Un quart d'heure après, non sans avoir manqué plusieurs fois de m'enliser et de me noyer sous une pluie torrentielle, je me trouvai devant l'étroite entrée de notre escalier où l'on était si coincé que celui qui sortait ne pouvait plus trouver la moindre place.
Complètement trempé, je grelottais, mes dents claquaient. Allais-je donc mourir de froid, d'épuisement dans ce sombre boyau ?
A ma détresse physique s'ajoutait ma détresse morale. Cette mise en demeure brutale de faire travailler, jeter hors de l'abri, dans la boue, les ténèbres, l'ouragan, l'eau glacée, ces quarante soldats déjà transis de froid faisait monter à mon cerveau des bouffées de rage, de colère haineuse contre les ordres inhumains.
Ma résolution était prise, je braverais les ordres du commandant, du capitaine. Les hommes resteront à l'abri mais, demain peut-être, je serai arrêté pour refus d'obéissance et traduit devant un conseil de guerre; on peut avoir la scélératesse pour l'exemple de me fusiller.
...
Je lus que le capitaine me demandait de lui donner un compte rendu des travaux effectués à cette heure.
Sur un bout de papier, je griffonnai que les hommes étaient au travail dans tel boyau. Je savais que ce planton était un bon camarade et qu'il ne me trahirait pas.
Au petit jour, les hommes de soupe partis depuis la veille pour aller à la Targette où s'avançaient les roulantes arrivèrent pour distribuer le jus, la gniole, le casse-croûte. L'escalier se vida, chacun s'ébroua dans le boyau, la pluie avait enfin cessé.
Les hommes savaient que j'avais refusé de les faire travailler la nuit sous la pluie, aussi avec des pelles et des épuisettes se mirent-ils au travail avec ardeur.
Vers les dix heures, les deux compères, le commandant et notre capitaine, bottés jusqu'au ventre vinrent nous rendre visite.
Le capitaine me regarda d'un oeil soupçonneux.
" C'est tout ça, me dit-il, qu'on a fait depuis hier soir ! Une quarantaine d'hommes !"
Il n'insista pas et je me tirai ainsi de cette affaire.

La pluie en provoquant des éboulements découvrit de nombreux cadavres français aux abords de notre tranchée qui avait été prise le 25 septembre. Ils avaient été jetés aux bords de la tranchée et recouverts insuffisamment par un peu de terre. Il n'était pas rare d'être accroché au passage par une main décharné ou un pied qui dépassaient maintenant aux parois de la tranchée; on était si blasé qu'on n'y faisait pas plus attention que si l'on était arrêté au passage par un bout de racine.

Enfin le 6 novembre, à six heures du soir, le 281ème régiment vint nous relever, nous arracher à ce bourbier, et nous allâmes à Agniez jusqu'au 13.
Il faisait des pluies journalières mais à la moindre éclaircie, bien entendu, c'étaient les habituels et stupides exercices qui reprenaient.

*11

   

 

   
 
- suite, du 12 au 18 novembre, dans "le journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie.
 
   
 

Le 12 novembre, la relève du 107ème par le 78ème, effectué dans la matinée, a été rendue très pénible par l'éboulement et l'encombrement des boyaux résultant de la pluie violente et persistante. Elle s'est terminée à 13h. Les 2 bataillons qui sont venus des cantonnements à pied ont particulièrement souffert des averses de la nuit.

De 15h à 16h30, 25 torpilles environs ont été lancées par l'ennemi sur les tranchées 128 - 126 - 62 - 58 et de la Batteuse.

Le 13 novembre, l'artillerie ennemie envoie par intermittence et d'une façon irrégulière quelques obus de 77 et de 105 sur tout le secteur, mais se montre en réalité peu active.
La fusillade a été également peu intense, quelques échanges de grenades aux barricades.

La pluie persistante a encore causé des dégâts importants à la réparation desquels on travaille activement.

Le 14 novembre, après une nuit relativement calme, l'ennemie a dirigé ce matin à 6h une attaque violente sur notre front entre 65 et 125. Le signal de cette attaque paraît avoir été donné par le lancement de deux torpilles.
Le bombardement accompagnant cette attaque fut extrêmement violent sur tout le secteur, avec une forte proportion d'obus de gros calibre qui ont détruit nos tranchées et surtout nos boyaux de communication en des points nombreux.
L'ennemi réussit à prendre pied dans nos sapes et tranchées les plus avancées entre 65 et 127, mais à 11h30 il fut chassé par une contre-attaque énergique de la tranchée 65 - 64 et du Chemin du Moulin d'où il se retira avec une rapidité telle qu'il abandonna ses blessés.

A 15h, l'ennemi tenait encore 127 (qu'il débordait légèrement vers l'ouest) 128, 139.
Le bataillon de droite, renforcé par une compagnie du bataillon de soutien se prépare à exécuter une contre-attaque sur ces tranchées à découvert, car les boyaux sont à peu près inexistants.

L'ennemi a subi des pertes très élevées; nous en avons eu également de sérieuses:
2 officiers tués: Sous-lieutenants Ypas et Lionnet.
2 officiers blessés: sous-lieutenants Lasserre et Leblanc.

Pertes: officiers 2 tués, 2 blessés. Troupe 28 tués, 54 blessés.

   
 
   
 
 
   
 

Le 15 novembre, pendant la nuit, devant 277', S' et en SZ' nos travailleurs ont été gênés par le tir intermittent des mitrailleuses ennemi qui flanquent ce saillant.

Lutte à la grenade entre 6h et 8h aux barricades 6 et 279.
Lutte à la grenade à toutes les barricades du sous-secteur de droite.

Tir continu de l'AL allemande et de quelques 77 avec activité variable de jour et de nuit sur tout le secteur.

A 15h15, une contre-attaque est exécutée par le bataillon de droite (1er bataillon) après une préparation par l'AT.
Elle a lieu par trois directions à la fois:
- du chemin du Moulin vers 128
- de 59 vers 128
- de 126 sur 127.
Le combat à la grenade a été de suite d'une violence extrême, se faisant entendre comme un roulement de tonnerre.
Des mitrailleuses ennemies placées vers 127 sont immédiatement entrées en action ainsi que deux des nôtres placées près de 62 et 125
Quelques instants plus tard, l'AL entrait à son tour en action bombardant nos tranchées et même celles de l'ennemi avec des obus de très gros calibre.
Notre tir de barrage avait également été déclenché à la même heure.
La consommation de grenades a été considérable des deux côtés, mais malgré tous leurs efforts nos grenadiers n'ont pu prendre pied dans les tranchées tenues par l'ennemi et ouvrir ainsi le chemin creux aux unités qui se trouvaient prêtes à les suivre. Ils n'ont réussi qu'à refouler les Allemands dans le chemin du moulin et à se rapprocher de 128.
Le combat à la grenade a duré jusqu'à 16h30 et le bombardement sur tout le secteur jusqu'à 17h15, toujours avec la même violence et détruisant une fois de plus nos boyaux en de nombreux points.
Un obus est tombé sur le PC du commandant Boussavit dont il a seulement obstrué l'entré.
Nos canons de 58 et celui de 37 n'ont paru produire aucun effet appréciable sur la tranchée ennemie.

Pertes: 5 tués, 21 blessés.

Le 16 novembre, pendant toute la nuit, l'artillerie allemande de gros calibre a exécuté un tir ininterrompu sur le secteur. Lutte à la grenade aux tête de sapes.
L'ennemi a lancé un assez grand nombre de grenades à fusil sur la tranchée de doublement.

A 5h, le 3ème bataillon a relevé le 1er dans le secteur de droite. Cette relève effectuée sans incident a été longue et difficile en raison de l'état des boyaux terminée à 9h.
Le 2ème bataillon garde ses emplacements.

Pertes: 1 blessé.

Le 17 novembre, combat à la grenade aux barricades et aux têtes de sapes. 

Dans la nuit nous nous sommes établis dans le chemin du moulin, à proximité du point 120 et nous y avons construit une barricade à laquelle conduit une sape partant un peu au Nord du point 64.

Le tir de l'artillerie allemande a été moins intense que la veille. La proportion des 77 était beaucoup plus grande.

On a signalé, sous la tranchée allemande, un peu au N-E du point 408, une ouverture munie d'un châssis dont le sommet est très apparent. Cet ouvrage ne parait pas destiné à recevoir une mitrailleuse, mais plutôt à servir de rampe ou d'escalier. Notre artillerie de tranchée a reçu l'ordre de tirer sur ce point qui se trouve à 30 ou 40 mètres de nos lignes.

La 58ème DI a fait prévenir que les Allemands remuaient beaucoup de terre devant elle.

Pertes: 2 tués, 4 blessés.

Le 18 novembre, lutte assez violente à la grenade devant 128 à 15h et à 3h30. L'ennemi renforce sa tranchée de tir en avant de 64 - 65 en utilisant des sacs à terre. Dans l'après-midi une grenade allemande est tombée à proximité du point 137 et a provoqué l'explosion de quelques unes de nos grenades qui s'y trouvaient en dépôt.

Pendant la nuit, des grenadiers aidés par une demi-section ont réalisé une avance de 126 dans la direction du point 127. Par suite de cette avance notre barricade a pu être installé à 20 m du point 126.

L'artillerie ennemie a montré peu d'activité. Quelques obus de 77 et de 105 ont été tirés sur tout le secteur, notamment dans la matinée. Une dizaine de grosses bombes sont tombés entre 7 et 9 heures, en particulier autour du point 122.

Pertes: 4 blessés, 2 disparus.

 

   
   

 

   
 
- La période du 13 au 18 novembre , le même secteur par Louis Barthas du 280ème régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre. 
                                             

...
Le 13 novembre, nous devions à la tombée de la nuit partir pour Mareuil et y rester six jours en réserve; dans la journée j'avais lavé ma chemise farcie de poux et je cherchais dans la grande cour du cantonnement un endroit ensoleillé pour l'y étendre.
...
Chaque nuit passée à Mareuil il fallait aller creuser ou nettoyer des boyaux vers les premières lignes.
Elles étaient bien longues, bien fatigantes ces nuits sans étoiles, sans lune, qu'un brouillard opaque rendait plus sombre !
Pour améliorer un peu notre ordinaire en tranchée on ne nous donnait presque rien à manger à l'arrière; allez travailler ou marcher toute la nuit de bon cœur, quand on a l'estomac creux.
Et pendant ce temps, bien au chaud, le ventre bien plein, nos officiers buvaient, chantaient, jouaient au village. C'était révoltant et cela finit par inciter les hommes à se révolter.
...

*11

   

 

   
 
- suite, du 19 au 29 novembre, dans "le journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie.
   
 

Le 19 novembre, nuit assez calme. Matinée très calme. L'artillerie ennemie n'a tiré que quelques salves intermittente de 77 dans la nuit.

Vers 11h, une rafale d'obus de 77 fusants, sur le boyau montant du Labyrinthe.

Échange de grenades aux barricades et têtes de sapes.

Un groupe assez important de travailleurs ennemis a été signalé ce matin à 10h près du point 141. Sur notre demande, l'artillerie a exécuté trois rafales nourries sur ces travailleurs.

Pertes: 1 blessé.

le 20 novembre, nuit et matinée assez calmes. Pendant la nuit les guetteurs ont aperçu à la lueur des fusées des Allemands qui plaçaient des défenses accessoires en 128, ils ont tiré dessus et les ont dispersés.

Violent bombardement de tous calibres sur la partie gauche du secteur entre 134 et 144.

A 13h30, une de nos torpilles de 240 a mis le feu à un dépôt allemand de fusées éclairantes situé vers le point 142.

Pertes: 1 tué, 1 blessé.

 

   
   
 
 
   
 

Le 21 novembre, le 78ème est relevé par le 107ème.

Le 2ème bataillon, la CHR, la CM et les havresacs des 1er et 3ème bataillons sont transportés en auto. Les 2ème et 3ème bataillons regagnent leurs cantonnements à pied.

CM - CHR - CM - 3ème bataillon: Grand-Rullecourt.
2ème bataillon: Beaufort.
1er bataillon: Blavincourt, Lignereuil.

Pertes: 1 blessé.

Le 22 novembre, par ordre du 4 novembre 1915, le général commandant la 10ème Armée cite à l'ordre de l'Armée: 

le lieutenant-colonel Delouche Daniel du 78è: 
"Atteint le 16 octobre 1915, de commotion cérébrale par chocs d'éclats d'obus arrêtés par le casque et de nombreuses blessures à la joue gauche, alors qu'il inspectait le travail de ses grenadiers contre une forte barricade allemande, a donné un bel exemple d'énergie, de moral et de devoir militaire en revenant aussitôt pansé, encourager par sa présence les troupes d'attaque de la barricade qui fut enlevé malgré une très forte résistance et conservée malgré deux violentes contre-attaques. Blessé le 26 septembre 1915, avait déjà refusé de se laisser évacuer. "

le sous-lieutenant Sans Auguste du 78ème:
" Blessé une première fois le 13 avril 1915 à l'assaut d'une tranchée ennemie et revenu sur le front a constamment fait preuve d'un beau courage. Le 26 septembre 1915, malgré un feu violent et très ajusté, s'est maintenu en observation dans une sape avancée où il a été blessé mortellement. "

le sous-lieutenant Verger Claude Marius du 78ème:
" Blessé le 9 septembre 1915, dans une sape avancée au cours d'un combat de grenades où il donnait à ses hommes l'exemple du courage et du sang-froid, se sentant atteint très grièvement a fait preuve du moral le plus élevé en disant: - ça ne fait rien, je suis content, j'ai fait mon devoir. - "

Du 23 au 29 novembre, mêmes cantonnements. RAS.

   

 

   
 
- La période du 19 novembre au 1er décembre, le même secteur par Louis Barthas du 280ème régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre. 
                                             

...
Le 19 novembre, nous devions regagner les tranchées à la tombée de la nuit mais, vu le brouillard épais qui couvrait le pays, nous quittâmes Mareuil à onze heures du matin pour quelques heures après s'installer dans un boyau de dédoublement de la première ligne.
Cette installation consista simplement à poser son sac et son fourbi sur la banquette de tir et attendre d'être réquisitionné pour quelque corvée plus ou moins attrayante.
Il n'y avait pas le moindre abri à l'emplacement occupé par la section des grenadiers. Cette indifférence totale de nos grands chefs pour le vil troupeau de bêtes de somme que nous étions n'étonnait plus personne.
Notre général Nielsel défendait même que l'on creusât des abris individuels dans le flanc de la tranchée sous prétexte que cela compromettait la solidité du talus !
Il défendait aussi expressément qu'on s'abritât dans les galeries de mine ou sapes d'écoute, " de crainte, disait-il, que les hommes ne sortent pas assez vite en cas d'alerte."
Ce boyau était cependant égayé par la présence de quatre lance-torpilles (crapouillots) repérés par l'artillerie allemande, car de nombreux trous d'obus récents se voyaient en avant, en arrière et en certains endroits au milieu même. C'était rassurant !
La nuit, les heureux crapouilloteurs abandonnaient leurs machines et allaient dormir à l'arrière; nous en profitions pour nous entasser dans les deux entrées d'un grand abri qu'ils creusaient pour eux; ces gens là restaient plusieurs mois au même point mais nous, Juifs errants des tranchées, nous ne restions guère plus de trois ou quatre jours au même endroit.

Chaque nuit il nous fut imposé un travail à tâche qui était loin d'être intéressant. Il s'agissait de porter en avant de quelque petit-poste un lourd chevalet où étaient enroulés des fils de fer barbelés.
Ah ! Quelle corvée. Il fallait parfois s'atteler vingt hommes pour franchir un boyau, un trou d'obus, dépêtrer le chevalet d'un fouillis de fil de fer que l'obscurité nous empêchait de voir et d'éviter; il fallait quelque fois la moitié de la nuit pour faire un trajet de soixante à  quatre-vingt mètres.
Arrivée à destination, nous lancions le chevalet du haut d'une petite pente et il roulait avec bruit dans un petit ravin de l'autre côté duquel étaient les Allemands qui devaient certainement entendre ce tapage; cependant ils ne tiraient pas un coup de fusil; mais cela éytait réciproque, on tirait rarement sur les travailleurs de part et d'autre.
Que de milliers de plus de victimes n'y aurait-il pas eu sans cet accord tacite dicté non par nos chefs mais par la raison et le bon sens.

Le travail fini nous regagnions notre sombre boyau non sans avoir l'épiderme déchiré, troué, égratigné par les fils de fer épineux, sans compter de multiples accrocs aux capotes et aux pantalons.

le 22 novembre, nous quittâmes sans regrets le boyau des crapouillots et ses corvées nocturnes où nous déchiquetions nos mains surtout et nos jambes et j'allai avec mon équipe de grenadiers occuper un petit-poste installé derrière un barrage dans un boyau commun avec les Allemands.

C'était un petit-poste aménagé d'après les récentes instructions du général Nielsel qui méritait à ce propos des félicitations car c'était la première fois qu'apparaissait chez un de nos grands chefs le souci d'abriter le soldat contre les intempéries et les dangers.
Tout d'abord, une plaque de tôle en travers pour les sentinelles, en arrière une toile métallique pour arrêter bombes et grenades, enfin une sape profonde de sept à huit marches où, entre deux gardes, les hommes pouvaient sinon se coucher tout au moins se reposer et s'abriter.

   
 

Par exemple, à ce petit-poste, il ne fallait pas être curieux d'admirer le paysage environnant, à peine la tête eût-elle passé au-dessus du parapet qu'elle eût été trouée comme une écumoire.

Nous devions utiliser, pour surveiller, les "périscopes". Malgré le soin que nous avions à  dissimuler le miroir supérieur derrière une touffe d'herbe ou une motte de terre, crac ! trois fois les balles brisèrent les périscopes.

Du matin au soir, d'adroits tireurs allemands, le doigt sur la gâchette, avaient l'œil fixé sur notre petit-poste et nous. On ne savait même pas l'emplacement exact de leur petit-poste tellement il était bien dissimulé.

 

 

 

 

*11

 

 

   
 
- suite, du 30 novembre au , dans "le journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie.
   
 

Le 30 novembre, le 78ème relève le 107ème dans les tranchées. 
Il est transporté en auto en 2 fractions:
1) Le 1er bataillon, 1 compagnie du 3ème bataillon, la CHR et une partie de la CM s'embarquent à 3h30 au carrefour du chemin Blavincourt-Gd Rullecourt, sur la route Frévent - Avesnes.
2) Le 2ème bataillon, 3 compagnies du 3ème bataillon et une partie de la CM s'embarquent à 10h30 au même point.

La relève a été longue et pénible en raison de l'état des boyaux et ne s'est terminée qu'à 10h30. La pluie qui a suivi le dégel a causé des dégâts indescriptibles. Les points où les hommes enfoncent jusqu'aux genoux ne sont pas rares et les boyaux ont par endroits presque disparu en 1ère ligne.

Entre 14h et 15h, bombardement de la tranchée de doublement entre 57 et 50 par une vingtaine d'obus de 77 et de 105.

Le 1 décembre, vers 10h, à la suite d'un tir de nos canons de 38 vers 127 et 408 et de rafales de 75 sur les tranchées ennemies, l'artillerie allemande de 77 et de 105 a bombardé la partie gauche du secteur du 78ème ne causant que des dégâts matériels.

Fusillade toute la nuit et échange de grenades aux têtes de sapes.

Les éboulements et glissements ont continué encore sans interruption et ont produit de nouvelles brèches surtout dans les tranchées avancées.

En raison des difficultés de la circulation pour les hommes chargés, dans les boyaux boueux et glissants, la corvée d'alimentation commencée hier à 17h30 n'a été terminée que ce matin à 8h.

Le 2 décembre, journée et nuit assez calmes.

Les éboulements ont continué toute la nuit, provoqués par la pluie qui n'a guère cessé.

Les Allemands paraissent avoir amorcé une sape se dirigeant de la tranchée 129 - 120 vers la barricade 201.

A 17h, en réponse au tir de nos torpilles, quelques 77 ont été tirés sur la tranchée de doublement et la tranchée de soutien dans la zone 121 - 231 - 877.

Le fortin installé par les Allemands en S' devient de plus en plus considérable.

Des bruits souterrains sont signalés aux points 65 et Y.

Vers 19h30, l'ennemi a lancé un assez grand nombre de grenades à fusil sur le point 514.

A 22h, quelques Allemands se sont glissés vers la barricade 514 et ont lancé des grenades sur le poste qui l'occupait. La riposte immédiate de nos grenadiers les a mis en fuite.

Le 3 décembre, au tir de notre artillerie sur 200 - 215 - 623, les Allemands ont riposté par 4 ou 5 salves de 77 sur la partie Est de la Batteuse.

Rafale d'obus de 105 sur la ligne de doublement entre 121 et 736.

Une grande partie de l'activité est absorbée par le relèvement des éboulements et la réparation des brèches dans tout le secteur.

Perte: 1 blessé.

le 4 décembre, nuit et journée assez calme.

A 3h, échange de grenades à la barricade S'.

A 10h, bombardement de 77 à la tranchée de la Batteuse (40 coups).

A 13h25, quelques obus sur la Batteuse. L'artillerie ennemie n'a lancé qu'une dizaine d'obus sur la bataillon de gauche. Une bonne partie des obus percutants n'éclate pas.

La situation du secteur est sans précédent. C'est avec des peines inouies que les statues de boue que sont nos hommes arrivent à rétablir de très imparfaites communications. Les travailleurs ne peuvent pas détacher la boue des pelles. Les corvées ne peuvent pas arriver. La corvée des territoriaux, enlisée, a été obligée de déposer en route le matériel qu'elle transportait.
Les hommes, enlisés jusqu'à la poitrine, dans le boyau montant n'ont pu être dégagés qu'avec des équipes spéciales.

La lutte contre la boue continue, mais la circulation ne peut plus se faire que la nuit, en passant en dehors des boyaux.

Le 5 décembre, nuit assez calme.

Dans la matinée, les Allemands ont envoyé en riposte à notre artillerie de nombreuses rafales de 77 et de 105 dans la tranchée de la Batteuse, la tranchée Rocade et sur  324 - 326.

A 11h, bombardement avec du 150 dans la région 229 - 231 - 324.

L'état des boyaux est toujours le même mais ne s'est pas aggravé. Chacun travaille de son mieux autour de soi et on essaie de rendre praticables les boyaux reliant les PC du colonel et des chefs de bataillon et les boyaux montants et descendants.

Pertes: 2 tués, 3 blessés.

Le 6 décembre, dans la matinée l'artillerie ennemie a riposté au tir de notre artillerie par des obus de gros calibre sur Écurie et le bataillon de droite. Quelques 77 dans la soirée du 5 et la matinée du 6 sur le sous-secteur de gauche.

Fusillade peu intense toute la nuit. Quelques échanges de grenades aux barricades.

Le travail de relèvement des éboulements et d'enlèvement de la boue continue dans les mêmes conditions que la veille. Malgré les efforts fournis, la situation ne s'est pas sensiblement améliorée.

Le 7 décembre, nuit et journée calme.

L'artillerie ennemie n'a montré que peu d'activité et n'a lancé que quelques 77 fusants sur la partie gauche du sous-secteur.

Fusillade intermittente et peu nourrie pendant la nuit.

Le 1er bataillon du 78ème est relevé par un bataillon du 107ème et transporté en auto au cantonnement de Grand-Rullecourt. La relève, faite la nuit et par le terre-plein en raison du mauvais état des boyaux, se termine à minuit 30 sans incident.

Perte: 1 tué.

   

 

 
 

 

 

   
 

Le 8 décembre, L'EM, la CHR et le 2ème bataillon du 78 sont relvés par l'EM, la CHR et un bataillon du 107ème. La relève s'effectue dans les mêmes conditions que la nuit précédente.

Cantonnements:
EM, CHR: Grand-Rullecourt.
2ème bataillon: Beaufort.

Perte: 1 blessé.

Le 9 décembre, le 3ème bataillon du 78ème est relevé dans la nuit du 9 au 10 par un bataillon du 107ème dans les mêmes conditions que pour les deux autres bataillons et va cantonner à Lignereuil et Blavincourt.

Le 10 décembre, par ordre du général commandant la 23ème division, la CM du 78 doit aller à Etrun en cantonnement de repos. 

Le 11 décembre, le général commandant la 10ème Armée cite à l'ordre e l'Armée le soldat grenadier Tannaud Célestin Jules du 78: 
" Grenadier intrépide et d'une adresse remarquable, a tué, le 30 octobre 1915, quatre Allemands à coup de grenades, au moment où ils se précipitaient dans l'entonnoir produit par l'explosion d'une mine.
A ensuite, par la précision de son tir, contribué à nous permettre l'occupation du rebord de l'excavation produite.
"

Du 12 au 15 décembre, RAS.

Le 16 décembre, le 1er bataillon du 78 va cantonner à Duisans.
Embarquement à 13h cote 147, 800m sud de Blavincourt.

   

 

   
 
- La période du 1er décembre au , le même secteur par Louis Barthas du 280ème régiment d'infanterie dans ses carnets de guerre. 
                                             

...

*11

   

 

   
 
- suite, du , dans "le journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie.
   
 

Le 17 décembre, le 3ème bataillon du 78 va cantonner à Etrun, Louez.
Le 2ème bataillon s'embarque en auto à la cote 147 à 13h, dépose ses sacs à Duisans et va relever le bataillon de gauche du 107ème sur le front 126 - S' inclus.

Le colonel commandant le 78ème prend à 20h, le commandement du sous-secteur de gauche de la 23ème division d'infanterie.

La relève est terminée sans incident à 20h30.

Le 18 décembre, nuit calme, légère fusillade intermittent. L'artillerie ennemi n'a montré aucune activité.

A 21h, une compagnie ennemie étant venue travailler en arrière (nord) de 134 - 135, le tir de notre artillerie a été demandé contre cette compagnie, ente 134 - 135 et 701 - 702. 9 coups de 75 ont été tirés, dont la plupart sont tombés sur nos tranchées notamment entre 5 et 6 et entre 5 et 503 nous tuant 2 hommes et en blessant 4 autres. La tranchée 6 - 6' avait été évacuée pendant le tir et l'accident parait dû à ce que les pièces n'avaient pas réglé la hausse du jour.
Quelques obus de 78 sont en outre tombés entre  277 et S' sans causer d'accident. Ils devaient provenir de l'artillerie de la 58ème DI.

Perte: 1 blessé.

Le 19 décembre, fusillade un peu plus nourrie que la veille, surtout pendant la nuit. L'artillerie ennemie a montré également plus d'activité, notamment dans la matinée entre 9h et 11h.

Vers midi, un fanion rouge et un fanion jaune ont été promenés dans les tranchées ennemies entre S' et 279. En même temps, l'ennemi a lancé trois fusées blanches. Un fanion blanc a également été agité dans un arbre de Thélus. La manœuvre de ces trois fanions avait probablement pour but le repérage de la première ligne allemande par l'artillerie ennemie.

Pertes: 2 tués, 3 blessés.

Le 21 décembre, assez faible activité de l'artillerie ennemie. Fusillade peu intense. Le feu de tireurs spéciaux a empêché l'ennemi de continuer la sape commencée entre 134 - 278.

Le 3ème bataillon relève un bataillon du 256 régiment d'infanterie dans le secteur compris entre un point situé entre S' et 722 et le point 859. Relève terminée à 17h sans incident.

Le 22 décembre, activité plus grande de l'artillerie ennemie qui a canonné par rafales violentes de 77 et de 105 dans la matinée la région 569 - D. L'ennemi a également lancé 12 bombes de forte dimension et des grenades à fusil dans les régions 724 - Z' et 860 - 859.

Le secteur passé au 78è par la 58ème DI ne le cède en rien à nos plus mauvais boyaux ou tranchées, comme dégradations, éboulements et cloaques de boue sans fond mais une partie des boyaux se trouvant creusés en terrain vierge seront plus faciles à réparer et à entretenir.

Perte: 1 blessé.

Le 23 décembre, pendant la nuit et la matinée, fusillade peu intense. Par contre l'artillerie ennemie de tous calibres s'est montrée particulièrement active à la suite de l'action de notre artillerie de tranchée. Les obus tombés sur de nombreux points du secteur, surtout dans la zone des tranchées de doublement et de soutien ont produit dans les tranchées et boyaux des dégâts matériels sérieux qui s'ajoute encore à ceux de la pluie.

Les boyaux étant redevenus impraticables et la circulation sur le terre-plein très dangereuse en raison des rafales de l'artillerie ennemie, les corvées sont de plus en plus longues et pénibles.

Perte: 1 blessé.

Le 24 décembre, l'artillerie ennemie a montré une activité assez grande, particulièrement dans la soirée, continuant, concurremment avec la pluie, à ruiner les tranchées et les boyaux.
Ceux ci sont devenus absolument impraticables. Deux abris se sont effondrés sans produire d'accident, plusieurs ont été envahis par l'eau. On continue à lutter contre l'eau et la boue, mais tous les travaux d'aménagement sont ajournés. En raison des infiltrations qui se produisent la construction des abris est rendue notamment presque impossible, la voute s'éboulant au moment de la fouille avant que l'on ait pu boiser. Les communications ne sont plus possibles que par le terre-plein.

D'après les renseignements fournis par un prisonnier allemand du 231ème, la situation n'est pas meilleure chez l'ennemi.

Deux soldats du 231è régiment allemand (un Lorrain et un Wurtembergeois) se sont présentés librement en face du point S' et ont été fait prisonniers.

Le 25 décembre, l'artillerie ennemie a montré une activité moins grande que pendant les deux précédentes journées.

Fusillade peu intense. Vers 21h30 une corvée portant du matériel en 1ère ligne, par le terre-plein, a été aperçue par les Allemands et accueillie par des coups de feu qui n'ont pas fait de victimes.

Au cours de la nuit l'ennemie a approfondi ses tranchées en 128 - 127 et en avant de 6' - 6. Vers 127 le parapet atteint une hauteur de près de 2 mètres.

La persistance de la pluie a continué à rendre les boyaux impraticables et à déterminer de nombreux éboulements ainsi que des affaissements d'abris.

Les communications ne sont toujours possibles que par le terre-plein. La tranchée de tir a pu jusqu'à maintenant, au prix d'efforts ininterrompus de jour et de nuit, être maintenue en bon état.

Six prisonniers volontaires ont encore été faits par le régiment:
1 Bavarois du 15ème rgt.
1 Saxon.
1 Wurtembergeois et 3 Lorrains du 231 rgt.

Le 26 décembre, l'artillerie ennemie a canonné le secteur dans l'après-midi, notamment dans la région des boyaux Nézot et de Douai et vers le Grand Entonnoir
Fusillade peu intense.

La pluie persistante, particulièrement au petit jour, a gêné considérablement les travaux de nettoyage et ruiné comme les jours précédents le travail antérieurement effectué.

Dans la partie gauche du secteur, l'artillerie de tranchée est complètement enlisée; les artilleurs travaillent au dégagement de leurs pièces.

Le 27 décembre, activité plus intense de l'artillerie ennemie qui a dirigé un tir d'obus de 150 sur notre 1ère ligne, mais deux obus étant tombés dans les lignes allemandes près du point 128 et en arrière de la ligne 127 - 128, le tir a cessé immédiatement.

Dans un tir de 77, effectué vers 210 - 211, 8 obus n'ont pas éclatés.

Fusillade assez faible.

Pas de changement dans la situation matérielle. Seule la tranchée de tir est utilisable sur toute son étendue, grâce aux travaux constants qui y sont effectués.

Perte: 1 blessé.

   

 

   
 

Le 28 décembre, la relève du 2ème bataillon du 78 par le 3ème bataillon du 63ème s'est effectuée normalement; elle a été terminée à 5 heures.
Cantonnement du 2ème bataillon: Agnez-les-Duisans.

L'artillerie ennemie continue à montrer une certaine activité. Quelques obus sont tombés sur la 1ère ligne, d'autres ont été dirigés sur des travailleurs qui nettoyaient les boyaux entre  230 et 326 (un sapeur du Génie a été légèrement blessé.)

Sur la déclaration d'un déserteur allemand fait prisonnier par le 326è, à notre gauche et qui annonçait une attaque pour ce matin, ordre a été donné aux bataillons de prendre les mesures de précaution nécessaires.
L'occupation des positions de combat par les compagnies de 1ère ligne et les mouvements des unités de renfort se sont effectués avec régularité et sans incident. L'ennemi n'a manifesté aucune activité anormale, bien que quelques coups de feu aient été tirés sur les isolés circulant en dehors des boyaux.

Quatre avions allemands ont survolé nos ligne vers 9h30.

Le 29 décembre, l'EM du 78, la CHR et le 1er bataillon sont relevés par l'EM, la CHR et un bataillon du 63 et vont cantonner à Noyelle-Vion.

Le 30 décembre, le 3ème bataillon du 78 est relevé par un bataillon du 63 et va cantonner à Habarcq.

le 31 décembre 1915 et le 1 janvier 1916, RAS.

Le 2 janvier 1916, par décision ministérielle du 6 décembre 1915, la nomination au grade de sous-lieutenant à titre temporaire de l'adjudant Clergerie est approuvée.

Les 3 et 4 janvier, RAS.

   

 

   
 

Le 5 janvier, le 1er bataillon du 78 relève le 1er bataillon du 63ème dans le sous-secteur de droite de la 45ème brigade, du point 136 au point 503 exclu.

A 16h, une explosion a été entendu à l'Est de la route de Lille et a provoqué une légère fusillade avec échange de grenades.

Le 6 janvier, vers 4h une nouvelle explosion a été entendue à l'Est de la route de Lille.

Le 3ème bataillon du 78 a remplacé le bataillon de gauche du 63è.

Relève effectuée sans incident et terminée à 5h30.

Un petit groupe de travailleurs ennemis plaçant des défenses accessoires devant 127 - 128 a été dispersé à la grenade.

Le 7 janvier, feu d'infanterie assez nourri au cours de la nuit et particulièrement dans la partie gauche du sous-secteur.

Des deux côtés la vigilance est entière et le moindre mouvement apparent provoque des coups de fusil.

Dans la matinée, activité assez grande de l'artillerie ennemie en réponse au tir de nos artilleries de campagne et de tranchée.

Échange de grenades près de l'entonnoir S'.

Tous les projectiles de 58 tirés devant le bataillon de droite ont éclaté.

Le 2ème bataillon du 78 a relevé le 3ème bataillon du 63 ( bataillon du centre ) de 503 inclus à S' inclus. Relève terminée à 5h sans incident.

Perte: 1 blessé.

Le 8 janvier, au cours de la nuit et dans la matinée, l'artillerie ennemie a montré une certaine activité dans tout le secteur, notamment sur les tranchées de doublement et de soutien. Plusieurs obus de gros calibre sur Écurie

Fusillade faible, mais ininterrompue pendant toute la nuit et ce matin jusqu'à 9h. Échange de grenades en S'.

Les Allemands ont fait trois échancrures dans le parados de leur tranchée entre 127 et 134 (ce parados a un relief plus élevé que le parapet de la tranchée).

Le 9 janvier, activité assez grande de l'artillerie ennemie, particulièrement sur les tranchées de doublement et de soutien et les Boyaux Charpentier et de Madagascar.

De nombreux projectiles de 77 et de 105 sont tombés aux abords du PC 231 entre 10h et 12h.

Vers 14h, nous avons riposté énergiquement au lancement de grenades à fusil. A la suite de cette riposte l'ennemi a arrêté son tir.

A 19h30, une torpille allemande tombe sur un abri de mitrailleuses au sud du point 859, tue un servant et en blesse un autre.

A 20h nous faisons rentrer à coups de fusil, dans leurs tranchées, quelques Allemands travaillant à la réfection de leur parapet en 278.

A 23h, devant le bataillon de gauche, alerte chez l'ennemi qui déclenche une fusillade désordonnée.
Une riposte énergique à l'aide de grenades lancées au moyen de l'arbalète Imphy amène la cessation du feu adverse.

   
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  Le 10 janvier, grande activité de l'artillerie ennemie. La canonnade est pour ainsi dire ininterrompue. Tirs de 77 et de 105 en arrière de la tranchée de tit et sur les tranchées de doublement et de soutien.

Perte: 1 blessé.

le 11 janvier, l'artillerie ennemie continue à se montrer active. De nombreuses rafales violentes, dans la région de Rocade, la Batteuse et sur les tranchées de doublement et de soutien ont fréquemment gêné nos travaux de jour.

Des torpilles ennemies ont été lancées sur notre 1ère ligne entre 145 et 126 et entre 860 et 859.

Échange de grenades à l'Est de S' et vers 860. Aux grenades à fusil allemandes on a riposté avec l'arbalète Imphy avec succès.

Dans la nuit, échange de grenades à l'extrémité de la Barricade 273.

Vers 22h, une vive fusillade a été entendue dans le secteur de la 24ème DI; le calme renaît au bout d'une quinzaine de minutes.

Pertes: 3 blessés.

Le 12 janvier, l'artillerie ennemie continue à se montrer assez active. Un abri d'escouade a été endommagé vers 220 (pas de perte).

A 10h35, l'AD23 a informé téléphoniquement qu'elle allait régler par avion un tir dans la région 570 - 161 - 162. L'évacuation des barricades et de la tranchée de tir de cette zone a aussitôt été prescrite, mais au moment où l'évacuation se terminait, l'avion de réglage avait atterri. Le tir n'a donc pas eu lieu.

Dans l'après-midi l'artillerie ennemie a riposté très violemment au tir de nos canons de tranchées de 58.

Perte: 1 blessé.

Le 13 janvier, le 1er bataillon du 78 a été relevé par le 1er bataillon du 63, dans le sous-secteur de droite entre le point 136 et un point situé à 50m au nord du point 5. Relève terminée à 5h, sans incident.

Vers 4h une patrouille ennemie de 4 ou 5 hommes s'est avancée vers le point Z'. Une patrouille de 6 hommes armés de grenades fut immédiatement envoyée par le chef de la section du point Z'' pour faire des prisonniers. L'ennemi ayant aperçu nos patrouilleurs fit demi-tour, poursuivi à coups de grenades et rentra précipitamment dans sa tranchée.

Nombreuses rafales de 77 et de 105 sur les tranchées de doublement et de soutien. Un tiers environ des obus n'a pas éclaté. La plupart de ces tirs paraissent provenir de la région de Thélus.

   

 

   
 

Le 14 janvier l'EM, la CHR et le 3ème bataillon du 78 seront relevés par l'EM, la CHR et le 2ème bataillon du 63ème.

Cantonnements: EM - CHR -: Noyelle-Vion.
3ème bataillon: Habarcq.

Le 15 janvier, le 2ème bataillon du 78 est relevé par le 3ème bataillon du 63ème et va cantonner à Agnez-les-Duisans.

Le 16 janvier: RAS.

Le 17 janvier, le lieutenant-colonel Antoine, chef d'état-major du 12ème CA prend le commandement du 78ème. Le Lieutenant-colonel Delouche est nommé chef d'État major du 12ème CA.

Du 18 au 20 janvier, RAS.

   

 

   
 

Le 21 janvier le 1er bataillon du 78 relève le 1er bataillon du 63ème à la droite du sous-secteur.

Le 22 janvier, l'EM et le 3ème bataillon du 78ème relèvent l'EM et le 2ème bataillon du 63ème. Relève terminée à 5h sans incident.

Très grande activité de l'artillerie ennemie de tous calibres, particulièrement dans la matinée. Des torpilles allemandes sont tombés entre les points 10 et 57, 125 et 5, 859 et 569. Dans le bataillon de gauche, notre artillerie de tranchée n'a pu riposter, faute de munitions.

« La torpille est un engin dont la portée varie de 200 à 1000 mètres selon le calibre, et se tire comme un obusier, sous un angle très court. Elle consiste en une mince enveloppe renfermant une énorme charge de mélinite. Elle est de forme allongée et munie d’une queue et d’ailes. La queue seule s’enfonce à l’intérieur de la pièce et repose sur la charge de poudre qui la projette. Les ailes sont pour donner la direction. Chez nous, nous en avions de 18, 40 et 100 kilos. Les Boches en avaient d’un kilo qu’ils lançaient comme des grenades. La torpille marche lentement. En entendant le coup du départ de la pièce, on peut la voir monter presque à angle droit, et on l’entend grâce au bruit particulier que font ses ailes en tournant. En déterminant son point de chute, on peut avoir le temps de se garer. Elle est généralement à fusée retardée et s’enfonce profondément en terre où elle éclate avec un bruit épouvantable et surtout démoralisant en faisant des cratères énormes. Elle est surtout employée pour la destruction des ouvrages, abris ou tranchées. » (C’est à Craonne, sur le plateau…, Journal de route 1914-15-16-17-18-19 de Xavier Chaïla, Carcassonne, FAOL, « La Mémoire de 14-18 en Languedoc, 1997, pp.55-56, Vosges, août 1916) 

Collectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918

Lutte active à la grenade autour de S' dans la soirée et la nuit, endommageant une dizaine de mètres de tranchées.

Des bruits souterrains de terrassements auraient été entendus par le bataillon de gauche relevé (63è) entre 722 et 724. Des écoutes sont mises pour vérifier le fait.

Le 23 janvier, à 6h30, après une nuit calme, les Allemands ont attaqués sur le front du secteur. L'attaque fut précédée par le lancement de quelques torpilles et à 6h20 par de fortes explosions de mines à l'Est du 78ème, dans la région 136 - 201 et au delà. De nombreuses grenades furent également lancées sur tout notre front, mais l'attaque ne fut prononcée que sur la partie où les mines avaient joué et endommagé la première ligne.

Mine
Charge d’explosifs que l’on amenait sous la tranchée ennemie afin de la faire exploser. Les mines étaient placées dans des galeries souterraines, creusées à cette fin par des troupes spécialisées, les sapeurs. Par extension, on désigne comme la « mine » l’ensemble du cheminement souterrain creusé par l’assaillant jusque sous la position adverse pour y aménager une chambre de mine. Ce type de guerre était très craint des combattants, comme de ceux chargés de placer les mines. Des entonnoirs (par exemple à Massiges, Marne ou à Vauquois, Meuse) et des galeries de mine (à la Chapelotte, Vosges) sont encore visibles dans le paysage.
Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de Vauquois et de sa région, mai 2004
Citation :
Le soldat du 2e génie Pierre Guiraud écrit à ses cousins en mai 1918 à ce sujet « ses le plus sale travail que l’en fait en et plus dangeureus que en car cam on travail a se metre desou la terre et que eu vous font sauter la mine vous éte sur dit raister » (correspondance inédite)

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En même temps un violent tir de barrage ennemi battait le secteur, en particulier en arrière de la ligne de soutien des 1er et 2ème bataillon.
Le tir de barrage de notre artillerie fut obtenu instantanément, mais trop court sur  859 - 860. Il causa des pertes à la 12ème compagnie.
L'AD ouvrit également un feu violent: 32 projectiles dont 10 de 50Kg.
L'attaque allemande déboucha en forces sur la droite du 78ème et sur le 107ème en 136, point de la mine la plus à l'ouest. Le 1er bataillon qui avait justement une alerte aux gaz au moment de l'attaque reçut l'ennemi à coup de fusil, de grenades et de mitrailleuses. Tout le monde était à son poste, et, exécutant alors la consigne en cas d'attaque aux gaz, une section de soutien de la 1ère compagnie renforça la 1ère ligne et une section occupa les abris 57 à la disposition du capitaine.
L'attaque du front 145 - 136 (exclus) fut arrêtée, mais par 136 dont le poste avait sauté, l'ennemi avait poussé à notre droite jusque vers  61, point au nord duquel le 107 établit une barricade.
Profitant de cette avance dans le boyau, l'ennemi attaqua fortement la ligne 145 - 136 non seulement de face, mais par le flanc droit et même par derrière, par l'ancien boyau 136 - 59.
Cette situation amena progressivement le repli des défenseurs de 136 vers 145 où une solide barricade fut établi, à 15m à l'Est de ce point.
A partir de 7h30, l'intensité du tir diminua, des dispositions furent prises pour arrêter la progression de l'ennemi: un tir fut demandé à l'artillerie sur les boyaux Nord - Sud permettant d'alimenter l'attaque ennemie et spécialement  753 - 411 - 731, le boyau 59 - 145 fut organisé en tranchée de tir, face à l'Est, le ravitaillement en cartouches et grenades fut assuré.

Des avions français et allemands furent vus dans la matinée et dans la soirée. Activité assez considérable. Nombreux tirs contre ces avions de la part des deux partis.

Une opération prévue pour l'artillerie dans la direction de la Folie amena les 2ème et 3ème bataillons à prendre les précautions nécessaires, le 1er bataillon continua ses opérations de ravitaillement et d'ailleurs l'ennemi ne réagit pas à partir de l'heure H sur le secteur.

En vue de reprendre le terrain perdu  de 145 à 136, une attaque à la grenade fut montée pour 15h30 de concert avec le 107ème, l'artillerie de tranchée et l'artillerie de l'AD.

A l'heure fixée, l'attaque préparée par les artilleries est déclenchée violemment; nous repoussons les Allemands vers 136 dans les deux tranchées jointives, l'ancienne et la nouvelle qui sont barricadées toutes les deux, à mi-chemin entre 145 et 136.

Il ne fut pas possible de pousser plus avant, l'action de l'ennemi se faisant sentir de front et sur la droite car il occupait toujours le boyau 136 - 61 et une partie de l'ancien boyau 59 - 136.

A la tombée du jour, les barricades furent renforcées; un barrage fut construit dans la nuit, prolongeant vers le sud la ligne des barricades A et B pour donner des feux face à l'Est et permettre la liaison ultérieure avec le 107ème vers 61.

Pertes: 14 tués, 18 blessés.

Le 24 janvier, au cours de la nuit du 23 au 24 janvier, violent tir d'artillerie des deux côtés, spécialement entre 11h et minuit.

Dans la matinée, vers 8h30, une action à la grenade conduite par les grenadiers de la 4ème compagnie, permit de reporter plus à l'Est la barricade qui avait été construite auprès de 145 dans la tranchée menant à 136.

En vue de reprendre à l'ennemi la portion de notre front qu'il avait occupé le 23 janvier, et conformément à l'ordre 842 du général commandant la 23ème DI, une entente fut établie pour l'action simultanée du bataillon de droite du 78ème ( Cdt Issaly) et du bataillon de gauche du 107ème (Cdt Magord), ce dernier devant marcher de 61 sur 136, le premier de 145 sur le même point 136U, par les deux tranchées, l'ancienne et la nouvelle.
L'action fut fixée pour 11h45, après une préparation du canon de 58 sur les points à atteindre, un tir devait être exécuté aussi en avant de 6 - 6 allongé sur le front au moment de l'action.
La préparation  du tir au 58 donna de nombreux ratés spécialement avec un canon 1bis. A l'heure dite, les deux attaques partirent, l'artillerie de campagne battant le boyau 411 - 731 pour empêcher les renforts de l'ennemi d'arriver contre nous.
A midi, la lutte d'artillerie et à la grenade bat son plein; une section de la 1ère compagnie est portée en avant pour relier notre droite à la gauche du 107 - 138.
A 12h50 de nombreuses fusées rouges allemandes sont le signal d'un violent tir de barrage d'artillerie et d'une vive fusillade. Le manque de grenades se fait sentir au 107ème auquel il en est cédé et dont on annonce l'avance marquée d'un drapeau blanc alors que celle de nos grenadiers est signalée par un sac à terre porté sur un bâton. Mais la liaison ne peut se faire, le 58 ne peut tirer sur la tranchée et on annonce une menace de l'infanterie allemande baïonnette au canon. La 1ère compagnie se prépare à la rescousse.
A 13h50 la progression sur la tranchée neuve n'a pu dépasser la traverse derrière laquelle l'ennemi s'est fortement barricadé. Nous avons encore moins avancé dans la tranchée ancienne qui, toute rectiligne est enfilée par le tir ennemi et est remplie de fil de fer. De plus, de sa tranchée de tir 127 - 128, l'ennemi prenait dans le flanc l'attaque de nos grenadiers et le capitaine Jouanny ne peut marcher plus avant.
Le 107ème ne parvenant pas à gagner 136 de vive force le combat se ralentit et l'action est remise à la nuit, de manière à agir par surprise, en liaison avec le 107ème, mais à la suite des événements qui se déroulent à la droite du secteur, l'opération projetée n'a pas lieu.
A 16h45, les Allemands font sauter 8 mines presque successivement dans nos lignes sur le front S' - 859 et attaquent en masse comme ils l'avaient fait la veille au matin à l'autre extrémité du 78ème et sur le régiment voisin.
Les deux compagnies qui tiennent la partie Nord du sous-secteur: 12ème compagnies de 859 à 726; 9ème Cie de 726 à S', effrayées et très réduites par les explosions se replient rapidement sur la ligne de doublement et même au-delà, jusque vers 403, l'ennemi pénètre jusqu'en D. Ce mouvement s'étend à droite et à gauche dans la ligne de doublement.
Les mitrailleurs en 1ère ligne sont tous tués ou prisonniers, deux toutefois parviennent à s'échapper. A 859, un mitrailleur part avec la culasse de son arme. Les deux mitrailleuses du 130ème territorial en 757, sur la ligne de doublement sont également prises.
Les restes de la 9ème compagnie, ne comprenant tout d'abord qu'une vingtaine d'hommes ralliés par le lieutenant le Roy commandant de Cie ont en se retirant découvert la gauche du 2ème bataillon; la 12è sous les ordres du capitaine Faucher s'établit sur la ligne de doublement qu'elle reprend à l'ennemi.
Ces deux compagnies, se rapprochant l'une de l'autre, un peloton de la 11ème se portant de 403 sur D, contribuent à chasser l'ennemi de la ligne de doublement.
Le 2ème bataillon a porté sa gauche à 274 pour fermer l'ouverture. 
L'incursion ennemie est arrêtée.
Le commandant du 3ème bataillon qui avait quitté son PC pour rallier ses unités et les isolés qui se repliaient sur la ligne de soutien revient à son emplacement avec les fractions immédiatement disponibles de la tranchée de soutien  (10ème Cie) et du chemin Creux (11ème Cie)
Le commandant du 78ème qui s'était porté dès l'annonce des explosions de son PC 231 à celui du bataillon de centre pour juger de la situation et prendre les dispositions nécessaires, se rendit ensuite au PC du 3ème bataillon dont le chef fut convoqué à la brigade.
D'après les ordres donnés verbalement à cet officier supérieur et la transmission téléphonique faite par le colonel commandant la brigade au commandant du 78ème une contre-attaque fut montée pour continuer à reprendre à l'ennemi le terrain qu'il avait conquis.
Une compagnie du 2ème bataillon doit attaquer du Sud-Ouest au Nord-Est dans le sens de la tranchée de la Paix, deux compagnies du 3ème bataillon doivent progresser de l'ouest vers l'Est, dans le même but.
Comme réserve de cette attaque, les deux bataillons du 63ème Rgt au repos ont été alestés dans leurs cantonnements et dirigés; le 3ème (Cdt Maury) pour renforcer le 2ème bataillon du 78è, le 2ème (Cpne Tharaud) pour renforcer le 3ème bataillon du 78ème.
Déjà la ligne du 3ème bataillon est relié à celle du 2ème et la 9ème Cie s'avançant vers D''' retrouve son PC qui a été pillé et des abris effondrés d'où une vingtaine d'hommes sont retirés vivants et avec leurs armes. L'ennemi ne les avait pas trouvés.

Pertes: 8 tués, 17 blessés, 58 disparus.

Le 25 janvier, à l'heure fixée pour la contre-attaque (d'abord une heure, puis deux en raison du trajet à effectuer par les bataillons du 63è) l'assaut est donné aux tranchées par les grenadiers, la droite du 3ème bataillon arrive jusqu'en face de D''' pendant que la 6ème compagnie (capitaine Perrot) par T et Y s'étend jusque vers S' face aussi à D'''. L'attaque amène une violente réaction de l'artillerie ennemie.
A 3h15 le 3ème bataillon fait connaître que les Allemands viennent de prononcer une attaque sur le 326è à notre gauche.
A droite, la progression nous avait donné la transversale D- Y - S' avec barricades à D''' et S'.
L'avance de la gauche qui avait été presque jusqu'à la tranchée de la Paix ne peut être maintenue en raison du manque progressif de grenades, alors que l'ennemi en est toujours largement pourvu.
Les têtes de colonnes de grenadiers établissent des barrages en barricades à 50m en avant de 569, à 30m de 754, à 80m en avant de 757. A partir de ce moment la situation reste stationnaire.
En prévision de l'arrivée du jour, la 6ème compagnie approfondit le boyau S'D''' trop peu profond pour assurer la protection des occupants.
Le comandant du 78è prépare alors une nouvelle tentative par le 3ème bataillon en faisant monter le plus grand nombre de grenades et de sacs à terre et s'entendant avec la batterie de 58 pour détruire les barricades ennemies.

A 7h45, l'ordre est reçu téléphoniquement de relever le 78ème par le 63ème et de laisser le commandement de l'attaque au colonel commandant le 63ème.

Les bataillons du 78ème passent en réserve. Les pertes ne sont pas encore connues, les explosions ont dû en causer un nombre considérable, surtout à la 12ème Cie, la 9ème ayant retrouvé et rallié dans la nuit un certain nombre d'hommes.

Sont portés disparus:
les sous-lieutenants Alhéritière et Coucaud.
Le sous-lieutenant Dubreuil en s'avançant dans la nuit au-delà d'une barricade n'a pas reparu.

La nuit a été calme devant le front du 1er bataillon,. la tranchée 62 - 145 - 136 a été construite.

A 6h30 le combat à la grenade reprend à la barricade Est de 145 mais dure peu.

Vers 20h, nouveau combat à la grenade vers la même barricade, provoqué par les Allemands qui lancent des grenades sur nos travailleurs.

Pertes: officiers 1 blessé, 3 disparus Troupes 5 tués, 14 blessés, 30 disparus.

Le 26 janvier, à 4h15 nous lançons sur la droite, des grenades à l'aide de l'arbalète d'Imphy. Ce tir, bien réglé, détermine une vive animation de l'ennemi qui cherche à se retirer par le terre-plein et est dispersé à coup de fusil.

De 7h30 à 9h30 un biplan allemand survole nos lignes à faible hauteur, malgré nos feux d'infanterie. La brigade et l'artillerie sont prévenues. A remarquer qu'un avion allemand avait survolé nos lignes dans les mêmes conditions, la veille de l'attaque effectuée à l'Est du point 136.

Dans la première partie de la nuit, alertes continuelles dans le secteur du bataillon de droite (1er bataillon), les Allemands continuant à tirer sur la barricade 138 dont nous augmentons progressivement l'épaisseur.

Pertes 2 blessés.

Le 27 janvier, à 1h, vif combat à la grenade, à l'Est du point 145.
Fusillade et combat à la grenade pendant toute la nuit sur le front du 2ème bataillon.
Fusillade intermittente sur nos travailleurs posant des défenses accessoires en avant de 5 - 125 - 126.

A 14h, l'ennemi attaque à la grenade les barricades de S'. Nos grenadiers ripostent avec succès; la lutte dure 25 minutes, l'attaque ennemie échoue.

De 14h à 16h, violent bombardement d'artillerie ennemie de tous calibres sur le secteur et particulièrement sur la tranchée de soutien entre 877 et 324.

Dans la partie nord du secteur, toujours tenue par les bataillons du 63è et du 78è, une attaque allemande sur S' - Y - D''' amène un vif combat à la grenade. Les tirs de barrage demandés des deux côtés n'interviennent que tardivement en raison du brouillard épais.

Pertes: 2 blessés.

Le 28 janvier, à 4h, le 2ème bataillon du 63è est relevé. Il est remplacé en 1ère ligne par le 3ème bataillon du 78è. En arrière, le 3ème bataillon du 63è (Cdt Maury) laisse 2 compagnies derrière le 2ème bataillon du 78è (Cdt Tatin) et posté à 5h, ses 2 autres compagnies en arrière du bataillon Vuillemin.
Relève effectuée sans incident.

Léger bombardement dans la matinée. Notre artillerie répond vigoureusement.

Dans l'après-midi, tir intermittent des deux artilleries. En réponse à notre tir de 58 et de l'arbalète d'Imphy, les Allemands canonnent notre droite avec du minenwerfer: le sous-lieutenant Silvani est blessé et 2 soldats tués et 2 blessés.

Minen / Minenwerfer

Nom des pièces d’artillerie de tranchée allemande, et, par extension, désignation des projectiles qu’elles envoient.

Citations :

« Les vilains « Minenwerfer », lourdes torpilles, laids crapouillots, étaient encore choses inconnues dans ce secteur » Carnets de L. Barthas, p.100.
« C’est un sujet contre lequel les soldats récriminent le plus. Il serait heureux que notre artillerie lourde puisse museler rapidement les Minen dès qu'ils se mettent en action et que nous soyons dotés d'engins aussi puissants et aussi précis. » (combattant du 369 e RI fin 1917, cité dans Nicot Jean, Les poilus ont la parole, p.65, n.5)
« C’est là que j’ai pu voir leur redoutable Minenwerfer, bombe de 60 kilos dont le trou qu’elle fait en tombant contiendrait dix hommes. Aussi, si ça tombait sur un gourbi, il n’existait plus rien de ce qui auparavant nous servait d’abri. » (Fernand Tailhades, « Souvenirs », dans Eckart Birnstiel et Rémy Cazals éd., Ennemis fraternels 1914-1915, Toulouse, PUM, 2002, p. 170, Vosges, mars 1915).

Collectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918

A 23h, combat à la grenade en D''' - Y - S'.

Pertes officiers 1 blessé, troupe 2 tués, 6 blessés.

Le 29 janvier, à 1h30, nouveau combat à la grenade en  D'' - Y - S': pas de perte ni de dégât.

A 2h, une vingtaine d'obus de gros calibre tombent sur le centre de la tranchée de soutien.

La droite est assez calme et la relève du 1er bataillon du 78è par le 1er bataillon du 63è s'effectue sans incident.

Dans la matinée, bombardement de nos lignes par du 105 fusant sur 59 - 46 - 45.

L'arbalète d'Imphy du point 145 continue des tirs efficaces sur le boyau 127 - 130.

Au cours de l'après-midi, plusieurs obus de 75 tombent dans nos lignes et blessent 2 hommes en 1ère ligne.

Pertes: 1 tué, 1 blessé.

   

 

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Le 30 janvier, nuit assez calme. On profite de ce ralentissement de l'activité pour réfectionner les tranchées et boyaux fort endommagés par les tirs des journées précédentes.

Le 2ème bataillon du 78 est relevé par le 3ème bataillon du 63ème et va cantonner à Agnez-les-Duisans.

Le lieutenant-colonel du 78ème est remplacé par le colonel du 63ème dans le commandement du sous-secteur.

Perte: 1 tué.

Le 31 janvier, le 3ème bataillon du 78ème (Capitaine Teilhac) est relevé par le 2ème bataillon du 63ème et va cantonner à Habarcq.

Les 1er et 2 février mêmes cantonnements. RAS.

 

 

 

 

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Le 3 février, le 2ème bataillon du 78è relève le 3ème bataillon du 63è (Cdt Maury) au centre du sous secteur.

Le 4 février, le 3ème bataillon du capitaine Teilhac relève le bataillon de gauche du 63ème.

Le lieutenant colonel commandant le 78è relève le colonel commandant le 63è dans le commandement du sous-secteur de la 45ème brigade.

De 8h30 à 14h, bombardement violent de l'artillerie ennemie, suspendu seulement pendant de courtes interruptions. Le tir est particulièrement dirigé sur les P.C. et les voies de communication. Un projectile tue un homme et en blesse un autre entre les points 126 et 125.

Pendant l'après-midi, rafales fréquentes d'obus de tous calibres.

L'ennemie continue à canonner violemment le secteur de 21h à 24h.

Le 5 février, secteur calme de 0 à 6h15.

Le 1er bataillon (Issaly) relève, dans la partie droite du sous-secteur, le 1er bataillon du 63 (Vergnaud). Relève terminée à 5h30 sans incident.

De 6h15 à 22h, l'artillerie ennemie continue à se montrer très active. Il semble que le nombre de pièces en action ait considérablement augmenté depuis quelques jours. Elle riposte exactement et immédiatement à nos tirs de 58 qui doivent gêner considérablement l'adversaire.
Le bombardement a causé des dégâts importants à nos tranchées et boyaux. Un abri d'escouade a été enfoncé à la 9ème compagnie: les hommes ont pu être retirés sains et saufs.

Le tir diminue d'intensité à partir de 22h.

Pertes: 1 blessé.

Le 6 février, la deuxième partie de la nuit est très calme. Entre 4 et 5h, le bataillon du centre et le bataillon de gauche signalent des bruits de pas et de conversations dans les tranchées allemandes; il semble qu'il y ait une relève. Un tir d'artillerie est demandé sur les boyaux ennemis menant sur cette partie: régions E4 - 411 - 179. Le tir n'a pas été obtenu immédiatement. Son résultat n'a pu être constaté.

De 9h à 10h, violentes rafales de 77, de 105 et de grenades à fusil, spécialement sur notre droite, dand la tranchée de doublement.

A 9h30 et à 10h, tir combiné de notre A.T. et de notre A.C. qui nous amène deux violentes ripostes de l'ennemi.

A 11h et à 13h, nouvelles rafales ennemies sur le centre du secteur et sur 231.

A 16h45, notre A;T effectue un nouveau tir combiné avec l'artillerie de campagne. L'ennemi réagit encore avec une très grande violence: plusieurs abris s'effondrent.

Soirée calme.

Pertes: 5 blessés.

Le 7 février, nuit calme comme cela n'était pas arivé depuis le 4 février, jour où le 78è avait relevé le 63è.

Quelques rafales de 77 et de 150 dans la matinée.

A 13h30, notre artillerie tire vers la route de Lille, l'ennemi ne réagit pas.

De 16h à 16h30 notre A.T. exécute un tir combiné avec l'A.C. L'ennemi y répond par un très fort bombardement d'obus de gros calibre sur nos tranchées de doublement et de soutien et sur nos boyaux de communication.

A 17h10, un ballon semblant sphérique, mais difficile à préciser en raison de la chute du jour, a passé rapidement, à grande hauteur, emporté par le vent vers l'Est-Nord-Est.

Nuit calme. Quelques coups de canon des deux côtés. La barricade de l'ancien boyau de Douai a été poussée à 40 mètres plus en avant, vers 859. Cette opération a pu s'effectuer sans perte.

Le 8 février, matinée calme dans tout le secteur, jusque vers 9h. A 9h30 l'artillerie ennemie ouvre le feu.

A 10h, notre A.T. exécute un tir combiné avec l'A.C. Cette action amène de violents tirs de représailles de la part de l'ennemi qui vise particulièrement la zone comprise entre le PC 231 et le PC du bataillon de droite. Un abri est complètement effondré (un tué, deux blessés).

Vers 11h30, violente action dans la région situé au nord du C.A. Le bataillon de gauche du régiment n'est pas inquiété. On entend des tirs de barrage.

A 12h30, l'AD23 prête son concours à ces tirs.

Pendant tout l'après-midi la violente canonnade signalée plus haut se poursuit au nord du secteur du C.A.

A 16h un tir combiné de nos AT et AC amène de la part de l'ennemi une réaction qui produit de nombreux dégâts matériels aux tranchées et boyaux.

Soirée très calme jusqu'à 24h.

Pertes: 2 tués, 4 blessés.

Le 9 février, nuit calme, mais la neige est tombée vers le milieu de la nuit et ce matin; la fonte a endommagé les tranchées et boyaux dé^à ébranlés par les derniers bombardements.

On a travaillé sans trêve à la remise en état des communications: celles du bataillon de gauche deviennent très précaires.

A 11h, tir combiné de 75 et d'A.T, des matériaux et des grenades ont explosé dans les lignes ennemies.

L'ennemi riposte à 11h et à 11h  45 avec du 77, du 105 et du 150, sur nos communications, Charpentier, 231, Anniversaire.

A 11h10, le génie fait exploser un camouflet vers 144, en C, pour ruiner une galerie que l'ennemi poussait vers notre tranchée. Pas d'effet extérieur, pas de projection de bourrage, l'opération semble avoir réussi.

A 15h, déclenchement d'une violente canonnade au Nord du secteur du C.A. Elle dure jusqu'à la nuit.

La canonnade recommence vers 21h et continue jusqu'à 21h30.

Pertes: 1 tué, 1 blessé.

Le 10 février, les 2ème et 3ème bataillons sont relevés par les 3è et 2ème bataillons du 63è et vont cantonner à Agnez-les-duisans (2è bataillon) et Habarcq (3ème bataillon).

Le colonel commandant le 63è remplace le lieutenant colonel du 78 dans le commandement du sous-secteur.

Perte: 1 blessé.

Le 11 février, le 1er bataillon du 78 est relevé par le 1er bataillon du 63è et vient cantonner à Noyelle-Vion.

   

 

   
  Le 12 février par décret du 16 janvier, le capitaine de réserve à titre temporaire Faucher est promu au grade de lieutenant à titre définitif dans l'armée active.

Par décision ministérielle du 16 janvier, le lieutenant Faucher est nommé au grade de capitaine à titre temporaire.

Le 13 février, par décision du général commandant en chef en date du 6 février 1916, l'adjudant Besnier, l'adjudant Cazeaux et le sergent Roger sont nommés sous-lieutenants à titre temporaire.

Par décision du général commandant en chef du 8 février 1916, l'adjudant Foureix est nommé au grade de sous-lieutenant à titre temporaire.

Le 15 et 16 février, RAS.

Le 17 février, le régiment se prépare à relever le 63è dans les tranchées.

   

 

   
  Le 18 février, le 78 relève le 63ème par bataillons successifs, dans le sous-secteur de gauche. L'opération se déroule entre 22h et 4h.

Les artilleries ne tirent presque pas dans la matinée, la pluie tombe, augmentant les dégâts des tranchées et boyaux.

A 13h42 une mine explose vers la droite du secteur à la barricade 61. Les 3 grenadiers de la barricades sont ensevelis sous les nombreux décombres (en tout 5 tués, 2 blessés)

Aucune action de l'ennemi, ni par le fusil, ni par la grenade ou l'artillerie. Notre artillerie prévenue reste aux aguets.

Soirée calme dans la prmière moitié de la nuit, nos postes de 61 tirent à plusieurs reprises sur des petits groupes de travailleurs ennemis. L'ennemi répond faiblement.

Pertes: 2 tués, 2 blessés, 3 disparus.

  Le 19 février, deux patrouilles sont faites dans la 2ème partie de la nuit, l'une vers le point 61 qui ramène le corps d'un blessé de l'explosion, l'autre vers 859-860 qui reconnaît des tas de terre qu'élève l'ennemi. Il semble que l'ennemi construit un petit ouvrage pour mitrailleuses.

Matinée et après-midi particulièrement calmes, quelques coups d'AT sur 569 et 754. Le tir de nos grenades Feuillette fait aussitôt cesser le bombardement.

Échange de grenades à l'extrême gauche, vers 859, à 20h.

A 21h30, le poste placé en 6 est bombardé par des coups d'AT et des grenades. Riposte de nos grenadiers, l'ennemi se calme aussitôt.

Entre 22h30 et 23h40, passage d'avions ennemis se dirigeant vers l'ouest, puis rentrant dans les lignes allemandes. Ces avions sont contrebattus par notre artillerie.

Le 20 février, nuit très claire. Le vent tourne au nord. On se prépare contre une émission possible de gaz.

A 14h, concentration de feux de notre AD et de notre AT. Riposte légère de l'ennemi.

Des balles ennemies retournées ont endommagé nos parapets en 765 et 766.

RAS dans la soirée et la nuit.

Perte: 1 blessé.

Le 21 février, matinée extrêmement calme.

A 13h55, une mine ennemie explose en avant et à l'ouest de 6. L'ennemi cherche à occuper l'entonnoir qui mord sur la tranchée 5'-6. Notre artillerie déclenche avec une grande justesse un tir sur les lignes ennemies.

Une vigoureuse contre-attaque nous permet d'occuper instantanément la lèvre S.O de l'entonnoir. Le capitaine Blanloeil (8ème compagnie) est tué d'une grenade à fusil à la tête en menant cette contre-attaque.

Le commandant du 2ème bataillon signale 5 tués et 3 blessés.

  http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/
forum-pages-histoire/grenade-artillerie-fantassin-sujet_10970_1.htm
A cours de la nuit on pousse activement l'organisation des lèvres S.O des entonnoirs: l'ennemi tiraille sur nos travailleurs.
   
  Relève à l'intérieur des bataillons sans incidents.

Pertes: 1 officier tué et 1 blessé.  1 homme de troupe tué, 9 blessés, 5 disparus.

Le 22 février, matinée très calme. Gelée au lever du jour, beau-temps suivi d'une chute de neige qui dure jusqu'à 14h45. Faible activité de l'artillerie de part et d'autre pendant l'après-midi.

A 19h30 le bataillon de droite signale des roulements de voitures sur la route de Lille, vers les Tilleuls. L'intervention de notre artillerie est demandée, elle tire 40 obus.

La neige et la gelée ont fortement endommagé nos tranchées et boyaux et entravé considérablement nos travaux d'organisation.

Pertes: 1 tué, 1 blessé.

Le 23 février, très faible activité des artilleries dans la nuit et la matinée.

A 11h20 et à 13h, quelques obus de gros calibre sont entendus se dirigeant sur nos lignes arrière.

La neige continue à tomber tout l'après-midi, gênant les transports, les ravitaillements et les travaux.

A 16h20 et à 18h, explosions de mines à notre gauche; un agent de liaison envoyé au 326è fait connaître que ces explosions se sont produites sur le front de la 24è DI., quelques obus vers le centre, sur la tranchée de soutien.

A 20h, les grenadiers de 6' (1er bataillon) dispersent des travailleurs ennemis au nord de 6 (2è bataillon).

Vers 23h, combat de grenades autour de l'entonnoir 61.

Pertes: 1 tué, 1 blessé.

Le 24 février, à 5h30, grenades allemandes sur nos travailleurs en 6. Nous ripostons et prenons l'avantage, l'ennemi cesse son tir. Passage d'avions ennemis vers 13h. L'artillerie les contrebat.

De 14h à 14h30, tir combiné du 75 de l'AT, en avant des entonnoirs 61, 6' et 6. Des obus de 75 tombent sur les lèvres des entonnoirs, une torpille de 58 tombe dans l'entonnoir 6 même. L'ennemi réagit par quelques petites bombes et par des obus de 105.

RAS dans la soirée.

Pertes: 2 blessés.

Le 25 février, une patrouille est tentée sur la neige par un homme habillé en blanc (gilet de laine etc...). Malgré cette ruse elle est immédiatement éventée, reçue à coup de fusil et ne donne aucun résultat.

Vers 6h, reprise du combat de grenades au nord de 6. Notre tir est nettement supérieur.

A 8h30 quelques coups sur la région de la batteuse.

A 12h45, notre artillerie tire sur les lignes ennemies vers 411 où des mouvements auraient été aperçus par le régiment de droite. L'ennemi ne réagit qu'à gauche et à droite du secteur; rien sur le 78ème.

RAS dans l'après-midi.

Pertes: 1 blessé.

Le 26 février, le 78ème est relevé par le 63ème et regagne à  pied ses cantonnements.
EM - CHR - 1er bataillon: Noyelle-Vion
2ème bataillon: Agnez-lez-Duisans
3ème bataillon: Habarcq.

   
 
  *8

 

   
  Du 27 février au 1 mars, mêmes cantonnements.

Le 2 mars, par ordre n°204, du 28 février 1916, le général commandant la 10ème Armée cite à l'ordre de l'Armée:
le capitaine Faucher, le capitaine Dupêcher, les sous-lieutenants Robertie, Dubreuil, Auclair.

Le 3 mars, mêmes cantonnements.

Le 4 mars, le régiment se prépare à relever le 63ème dans les tranchées.

   

 

   
  Le 5 mars, le 78ème relève, au cours de la nuit du 4 au 5 mars, dans le secteur, les 3ème bataillons et l'EM du 63ème. Relève pénible en raison de la fonte de la neige, mais fait sans incident.

Le bataillon de gauche signale qu'un camouflet ennemi aurait joué à une heure, à la mine 765. Aucun entonnoir apparent.

A 3h20, le génie fait jouer un camouflet à 503, l'opération semble avoir réussi, on n'entend plus de travail ennemi.

A 9h5, un biplan allemand vient de l'ouest (de nos lignes) et entre dans les siennes sans être inquiété. Il survole ensuite le secteur avec un deuxième avion. Ils sont canonnés à partir de 9h20. Un avion britannique survol nos lignes à partir de 10h.

L'ennemi ne montre qu'une activité presque nulle (quelques coups d'artillerie espacés: 77 et 105) et quelques bombes dans la partie droite du secteur.

Nos tranchées et boyaux sont fortement endommagés par suite du dégel. On travaille activement à leur déblaiement mais la tâche à effectuer est considérable et la remise en état du secteur demandera plusieurs jours.

Un coup de main est projeté à l'occasion de l'explosion d'une mine que doit faire sauter le génie à 17h30, au point 730
But de l'opération: faire des prisonniers ou tout au moins recueillir des objets permettant d'identifier la troupe occupant la tranchée ennemie avancée.
La patrouille (1 sergent, 1 caporal, 4 grenadiers) devait sortir de la tranchée vers 144, prendre pour objectif la lèvre sud de l'entonnoir formé par l'explosion et sortir simultanément de la tranchée. Chacun avait une mission bien définie.
A 17h30 (heure fixée pour la mise de feu) un délai de 10 minutes est encore nécessaire pour la réfection de la banquette de franchissement qui, construite dans un sol détrempé, s'était effondrée en partie. Ce délai de 10' est demandé à l'officier du génie et l'explosion n'a lieu qu'à 17h42.
Dans l'intervalle (17h39) une bombe ennemie avait explosé vers 125 et notre artillerie, croyant qu'il s'agissait de l'explosion de la mine avait aussitôt déclenché son tir.
Dès que l'explosion se produisit, nos patrouilleurs sortirent de la tranchée et dépassèrent nos réseaux, mais à ce moment ils tombèrent sous les feux de flanc d'une mitrailleuse placée vers 134, ils durent se terrer dans des trous d'obus et ne rentrèrent dans nos lignes qu'à la nuit.

A la suite de l'explosion, l'ennemi réagit par un tir sur tout le secteur, mais sans exécuter de tir de barrage.

A 18h, le tir se ralentit puis cesse complètement. Nuit calme.

le 6 mars, le dégel rend les communications de plus en plus difficiles.
Visite du secteur par le général de brigade Ross de l'armée britannique (152ème brigade - 50è DI.)

Notre AT exécute de nombreux tirs dans la matinée. Pas de ratés.

Commencement de l'après-midi calme dans tout le secteur. A partir de 15h45 et jusqu'à 16h30, tir assez dense de 150 sur le boyau de Duai.

A 17h15, tir violent de notre 75 sur Bonval. Aucune représailles ennemie. Lancé de grenades Feuillette sur l'entonnoir 730 et la tranchée adjacente.

Le ravitaillement en matériel et l'évacuation de ce qu'il est possible de faire dès maintenant vers l'arrière, en prévision de la prochaine relève par l'armée britannique s'effectue par la voie de 0m40.

Nuit calme, assez froide.

Pertes: 4 tués, 2 blessés.

le 7 mars, dans la matinée, activité de notre AT qui obtient de bons résultats. Faible réponse des minenwerfers ennemis.

Visite d'officiers de l'armée britannique ( EM de bataillon, chef d'état major de la brigade). Aucun incident.

Après-midi calme.

A 17h35, l'ennemi fait exploser une mine un peu au sud du point 765. L'entonnoir mord un peu par sa lèvre ouest notre ancienne tranchée obstruée par du fil de fer. L'explosion fait sauter notre barricade du point 765 et bouche l'entrée de la mine située à l'ouest de ce point. Les allemands lancent aussitôt après une dizaine de bombes de petit calibre, mais n'attaquent pas.

Toute la nuit est employée aux déblaiements et à notre organisation, de manière à interdire aux Allemands tout accès dans l'entonnoir (pertes: 1 caporal, 5 soldats tués ou disparus)

Nuit absolument calme des deux côtés.

Pertes 4 tués, 4 blessés, 2 disparus.

Le 8 mars, dans la matinée, quelques obus sur le bataillon de droite et sur l'arrière du PC 231.

Entre 9h et 10h, tir de 150 par salves de 4 coups sur la route de Béthune, près de Madagascar.

Jusqu'à 10h, très grande activité des avions français, britanniques et allemands.

A 12h30, le général de brigade Ross et un capitaine mitrailleur de l'armée britannique viennent visiter nos lignes avant.

Très violent de l'AD 24 de 13h45 à 15h.

Très beau temps, fonte de la neige tombée au commencement de la nuit.

A 14h30, le génie fait sauter un camouflet à l'est de 144, il y a projection extérieure et ébranlement violent de notre tranchée qui est comblée en certains points.

A 17h45, des voitures sont entendues sur la route de Lilles, le tir est demandé à l'AD 23 et obtenu très rapidement.

Au cours de la nuit des patrouilles ont été faites dans le but de faire des prisonniers ou d'identifier l'ennemi. L'une d'elle, forte de 10 hommes, au 2ème bataillon, ne peut franchir les défenses accessoires ennemies. Elle lance une quinzaine de grenades sur l'adversaire. Aucun renseignement sur l'identité des troupes placées en face de nous ne peut être recueilli.

La relève des compagnies, dans l'intérieur des bataillons, s'effectue sans incident.

Le 9 mars, à 5h30, après quelques coups de canon sur tout le secteur, explosion d'une mine dans le secteur du régiment de droite (138è). Très violente secousse. Une quinzaine de bombes lancées aussitôt sur la partie droite du secteur ont causé des dégâts matériels en 121 et 125.

A 9h35, un avion ennemi lance un certain nombre de bombes ayant la forme de gros bidons, la plupart n'éclate pas.

Dans la matinée, continuation du tir de nos 58, spécialement entre 408 et S' où une mitrailleuse a arrêté cette nuit notre patrouille offensive et à 11h35 sur les premières lignes et à une grande hauteur.

A 15h30 et à 16h l'AD23 exécute un tir violent, à obus spéciaux sur les lignes arrières de l'ennemi.

Des voitures sont signalées sur la route de Thélus à 18h45; un tir d'artillerie est demandée (50 coups); même tir répété à 20h.

Chute de neige abondante.

Le 10 mars, à 8h10, une très forte mine explose entre 144 et 138, mordant sur notre ligne au sud de l'aileron 144. L'ennemi se montre par dessus le parapet et pousse des "bravos" mais notre tir intermittent le force à rester dans sa tranchée.

Visite des officiers britanniques dans le secteur (major Booth, les officiers grenadiers et mitrailleurs, un officier par compagnie). Dispositions prises en prévision de la relève de la nuit du 11 au 12.

Après-midi calme.

Très faible activité de l'artillerie ennemie. Nombreuses fusées éclairantes pendant la nuit.

Pertes: 2 blessés.

Le 11 mars, vers 10h, quelques bombes allemandes, semblant provenir du point 507 (route de Lille) tombent dans le secteur de droite vers 57-59.

A 10h40, notre génie fait jouer un camouflet à 61 our obstruer une des galeries. Aucun effet extérieur.

La tranchée 126-144 est déblayée jusqu'à l'entonnoir, la lèvre ouest organisée: 2 postes sont établis à la lèvre même.

Les commandants de compagnie, les officiers grenadiers et les officiers mitrailleurs de l'armée britannique qui ont passé la nuit dans les PC reçoivent des officiers du régiment toutes les consignes relatives au secteur.

On fait descendre à Ariane tout le matériel possible de grenades et de cartouches.

Les mitrailleuses et l'AT britanniques sont mises en place.

A 17h, le général Ross commandant la brigade, son chef d'EM, les chefs des bataillons de droite et du centre viennent dans le secteur.

Vers 17h, deux torpilles des minewerfer du point 507 ont atteint un abri de mitrailleuses en 137, tué 2 soldats britanniques et blessés légèrement 1 anglais et 1 français.

La relève du 78è par la 152ème brigade britannique s'opère dans le cours de la nuit. Les bataillons écossais se présentent à Anzin comme suit:
Le 6è Seaforth Higlander (18h) relève le bataillon du centre par le boyau de l'anniversaire.
Le 8è Argyll Higlander (19h15) relève le bataillon de gauche par le boyau de Douai.
Le 5è Seahorth Higlander (22h) relève le bataillon de droite par le boyau de l'anniversaire.

La relève est terminée à 1h45.

Nuit calme.

Pertes: 1 tué, 1 blessé.

   

 

   
 

Le 12 mars, à 7h30, le lieutenant colonel commandant le 78è qui doit rester dans le secteur 24h après la relève du régiment se met à Ariane, à la disposition du général Ross commandant la 125ème brigade britannique.

Après la relève, le régiment se rend par bataillons successifs dans les cantonnements fixés ci-après:
         Izel-lez-Hameau: EM - CHR - 1er et 2ème CM 78è - 1er bataillon
         Villers-Aire-Simon: 3ème bataillon et 2ème CM brigade
         Penin: 2ème bataillon et EM 45ème brigade.

   
 
   

 

 
- Cette période dans le secteur vue par le commandant Campagne du 3ème bataillon du 107ème régiment d'infanterie. 

*1

Un site sur le 63ème Régiment d'infanterie: http://www.faurillon.com/

Sources *
Source 1: "le chemin des Croix 1914 - 1918" Colonel Campagne, édition Tallandier, 1930.
Source 2: "Journal de marches et opérations" du 21ème régiment d'artillerie de campagne.
Source 3: "la Trouée de Revigny - 1914 - 1918" Guide illustrés Michelin des Champs de Bataille. 1920.
Source 4: "La Première Guerre mondiale en France" Jean-Noël Grandhomme 2011.
Source 5: "Journal de marches et opérations" du 63ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
Source 6: "le Saillant de Saint-Mihiel" Guide illustrés Michelin des Champs de Bataille. 1920.
Source 7: "Chemins de mémoire 14-18" Jean Pascal Soudagne. 2008.
Source 8: "Journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
Source 9: "Des Armes et des Larmes, Mémoire creusoise de la Grande Guerre" Guy Marchadier, 2003.
Source 10:"Le Livre du Gradé d'Artillerie à l'usage des élèves brigadiers, brigadiers et sous-officiers d'Artillerie de Campagne" édition pour 1913-1914.  
Source 11: "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier 1914 - 1918
Source 12: "Historique du 78ème Régiment d'Infanterie pendant la Guerre 1939 - 1940" Colonel Pujol, Charles-Lavauzelle & Cie 

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