du 23 septembre à octobre 1914


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Quelques fois, les images, à l'ouverture d'une page, s'ouvrent de manière anarchique.
En ouvrant une image, au hasard, tout se met en ordre..

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3) la défense de Reims, secteur de la Pompelle.
 

 
 

 
   

                         

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-   "la défense de Reims" dans "l'Historique du 78ème R.I.":

Saint-Léonard

A son tour, l'ennemi suspend sa retraite et fait front. Le régiment est reporté vers Reims.

"Le 24 septembre, le 78ème prend position devant St-Léonard, entre Reims et la Pompelle, face au massif de Berru, dont on espère pouvoir déloger les Allemands qui, eux aussi ont des projets d'offensive.
Le 78ème relève un régiment qui, dans une violente attaque a été rejeté par un régiment allemand de la garde.

Le canal est dégagé; les 25, 26 et 27 septembre 1914, de durs combats livrés par les bataillons d'Arailh, Costeur et Thérond (78ème) permettent de progresser jusqu'à la route de Cambrai. Le régiment est appuyé par les bataillons Campagne, du 107ème et de Cussac du 138ème.
Le terrain conquis est couvert de cadavres et de blessés allemands, et 183 prisonniers du 3ème régiment de la garde prussienne sont entre les mains du 78ème.

L'adversaire, pourvu d'artillerie lourde, s'est retranché sur les pentes du massif de Berru; les efforts faits dans les derniers jours du mois ne parviennent pas à entamer plus profondément ses lignes, et on commence à se fortifier sur ces positions dont la conquête a coûté de magnifiques efforts et qui tiendront pendant quatre ans, empêchant l'ennemi de reprendre Reims qu'il convoite."


4 octobre 1914, ordre de la 45ème brigade: " musique du 78ème - En maintes circonstances, les musiciens du 78ème, sous l'impulsion de leur chef M. Schmidt, ont fait preuve du plus grand dévouement. Les 26 et 27 septembre 1914, en l'absence du personnel médical retenu ailleurs, ont organisé un véritable poste de secours au pont du terrain de manœuvre à Reims, sont allés recueillir des blessés du 78ème et du 63ème sous le feu, à plus de 3 kilomètres, et leur ont prodigué dans la mesure de leurs moyens les soins les plus dévoués." signé Colonel Arlabosse.

 

 

 

 
- " la défense de Reims " dans "le journal de marches et opérations du 78ème régiment d'infanterie."
   

Le 23 septembre, à 10h, ordre est donné au 3ème bataillon (capitaine Thérond) de se mettre à la disposition du colonel Cuppry qui doit avec un détachement de deux régiments (138è et 300è) et deux groupes d'artillerie attaquer la position de la Pompelle à 3 km nord de Sillery.

Le bataillon se met en marche à 10h 45.

A 18h, une compagnie du 2ème bataillon doit occuper l'écluse du moulin pendant la relève du bataillon d'avant-poste du 63ème.

État des pertes: 1 officier blessé; troupe: 22 tués, 58 blessés, 9 disparus.

Le 24 septembre, la 23ème division participe à l'attaque ordonnée pour toute la 9ème armée.

Le 3ème bataillon du 78è borde la route de Cambrai depuis le chemin de St-Léonard jusqu'à 200m ouest du carrefour de la Pompelle. Il reste à la disposition du général Humbert.

Le régiment a reçu l'ordre du colonel commandant la 54ème brigade de préparer la relève du bataillon d'avant-poste du 63ème.

A 14h 50, le général Humbert donne l'ordre d'acheminer immédiatement un bataillon du 78è à l'Est de Taissy. Ce bataillon, le 1er bataillon du capitaine d'Arailh, sera en réserve à la disposition du général Humbert. Il devra faire son mouvement dissimulé derrière la bordure boisée de la Pesle.

15h, l'état-major et le 2ème bataillon reçoivent l'ordre de se porter au Moulin d'Huon pour coopérer à l'attaque qui va être faite du massif de Berru.

19h, le bataillon regagne son cantonnement de la veille. Cantonnement d'alerte.

État des pertes: 13 tués, 11 blessés, 2 disparus.

 

- ces journées vues par Edmond

Le 24 septembre.
Au petit jour, nous voyons les tranchées ennemies à 150 ou 200 mètres et sur notre droite les Allemands avancent en colonne par quatre pour aller attaquer le vieux fort. Nous commençons à tirer sur eux, mais ceux qui se trouvent dans les tranchées en face de nous tirent sur nous. Mon camarade de droite reçoit une balle dans le côté qui lui traverse le cœur, il s'affaisse dans mes bras sans dire un seul mot. 
Pendant ce temps, les Allemands arrivent presque au fort et sont repoussés sans tarder, mais une partie reste dans la ferme sur le bord de la route, appelée la ferme d'Alger, sur le prolongement de notre tranchée: c'est là que les balles nous prennent de flanc. Ces balles ennemies nous font beaucoup de mal, parmi nous il y a des blessés au moment où l'on s'y attend le moins. A côté de moi, deux de mes camarades viennent d'avoir le visage transpercé par une balle.
La nuit venue, il faut aller chercher des cartouches qui commencent à nous manquer, nous profitons du brouillard. Le convoi est dans la vallée, au delà de la rivière et du petit village situé derrière le pont. Nous restons la trois jours sans toucher de vivres, ce n'est que la troisième nuit que nous allons aux distributions. Pendant la nuit, fusillade intermittente causée par la réception de la contre-attaque de la veille, toujours à la lueur d'une canonnade.

Le 25 septembre, à 4h, le régiment à repris suivant l'ordre du colonel commandant la brigade l'emplacement de la veille au Moulin d'Huon. L'attaque du massif de Berru doit être reprise avec le 63è en première ligne.
Pendant toute la matinée, la progression se fait très lentement. L'artillerie ennemi fait pleuvoir des projectiles sur les moindres fractions qui cherchent à avancer.

à 12h, le bataillon dans l'intention d'appuyer la marche en avant du 63è a pris la formation:
                    -une compagnie à la route de Cambrai (100m Est du réservoir),
                    -une compagnie derrière le mur Sud de l'institut athlétique,
                    -une compagnie à l'Ouest de la Verrerie,
                    -la dernière compagnie du bataillon qui doit aller remplacer la compagnie du 63è, en réserve à 200m Est du Moulin d'Huon est maintenue                    provisoirement au Moulin.

à 15h, l'attaque est ordonnée de nouveau sur tout le front. 
Même situation pour le 2ème bataillon.
Le 1er bataillon est mis à la disposition du Général Humbert et est dirigée de Trois-Puits sur Sillery par Taissy.
Le 3ème bataillon (capitaine Thérond) qui occupe le fort de Pompelle fait savoir qu'il a besoin d'être ravitaillé et que ne pouvant faire de feux il lui faut du pain et des conserves.

 
           
   

à 19h, le bataillon rentre à son cantonnement en cantonnement d'alerte.

État des pertes: 13 tués, 12 blessés, 1 disparu.

Le 26 septembre, à 5h, le régiment reçoit l'ordre de reprendre rapidement l'emplacement qu'il occupait la veille. A son arrivée au Moulin d'Huon, le lieutenant-colonel est dirigé sur le pont du terrain de manœuvre avec mission de tenir le pont et de donner aide aux défenseurs du pont de St-Léonard
Le bataillon arrive au pont du terrain de manœuvre à 7h.
La situation est critique au pont de St-Léonard. Les Allemands sont arrivés en grand nombre au canal qu'ils s'efforcent de franchir.
Le lieutenant-colonel du régiment (de Montluisant) prend ces dispositions:
                            -une compagnie occupe en avant le pont du terrain de manœuvres,
                            -une compagnie est envoyée vers le château (Est du moulin de Vrilly) pour éventuellement soutenir les défenseurs de St-Léonard (291è, 138è et débris du 63è) au cas où le passage du canal serait forcé.
                            -une compagnie en réserve au moulin de Vrilly.

La compagnie envoyée au pont de St-Léonard tombe sur les Allemands qui sont en train d'établir une passerelle pour tourner la défense du pont. Déjà, ils ont abattu trois arbres et ont pu faire franchir le canal à un petit groupe d'hommes qui coupent des arbres sur la rive sud pour compléter la passerelle. La compagnie est reliée avec les 2 compagnies du 291è qui défendent le pont.
Cachés par les remblais du canal, les Allemands sont à l'abri, il est impossible de les atteindre. Une collaboration étroite s'établit alors entre le lieutenant-colonel du régiment et le capitaine commandant la batterie à cheval du terrain de manœuvre. Profitant des indications qui lui sont données la batterie ouvre le feu entre le canal et le chemin de fer.
Dès l'ouverture du feu, on voit des Allemands battre en retraite vers la voie ferrée.
Sur de nouvelles indications, la batterie (capitaine d'Hangouward) rapproche son tir de 100m du canal et bat le talus Nord du canal.
On voit de nombreux Allemands en fuite vers la voie ferrée.
L'examen ultérieur du champ de bataille a permis de constater que le tir de cette batterie avait fait des ravages énormes dans les rangs allemands.

à 9h30, le pont de St-Léonard est dégagé.

à 11h, le lieutenant-colonel donne l'ordre au 2ème bataillon de se porter en avant dans la direction de la Jouissance
Deux compagnies sont portées en avant dans cette direction: la 7ème compagnie s'appuie au chemin de fer, la 8ème au canal.
Dans sa marche, la 8ème compagnie éprouve quelques pertes. 
La 5ème compagnie reste toujours au canal sur la rive sud.

à 14h, les 2 compagnies ont pu progresser d'environ 1km mais sont définitivement immobilisées par un feu intense de schrapnels.

à 19h, en vue d'organiser la défense à outrance du pont du terrain de manœuvre, le lieutenant-colonel ordonne le repli du bataillon au sud du canal.
Une compagnie défend le pont, les 2 autres bordent le canal à droite et à gauche; celle de droite donnant la main au 291ème du pont de St-Léonard. Le pont est solidement barricadé. Un peloton de la 6ème compagnie est installé vers le hangar de dirigeables dans des tranchées face à l'Est et prend en enfilade toute la rive Nord du canal; l'autre peloton de cette compagnie a été laissé en réserve à la disposition du colonel commandant la 45ème brigade à Huon
Une liaison étroite est assurée entre le lieutenant-colonel et la batterie du terrain de manœuvre par le téléphone du régiment. Dans la soirée, la batterie envoie quelques salves pour repérer les positions qu'elle aurait à battre en cas d'attaque de nuit. Sont arrosé notamment les abords de la ferme de la Jouissance.
Le lendemain, on apprend que ces salves sont tombées sur de fractions groupées du 3ème régiment de la garde et ont tué un capitaine et une trentaine d'hommes.

                                   

État des pertes: 23 tués, 96 blessés, 1 officier blessé.

Le 27 septembre, les patrouilles envoyées avant le jour ont constatées que des allemands occupent encore la Jouissance et quelques tranchées en avant de la ligne du chemin de fer. Quelques groupes épars seraient même au canal.

à 4h30, la 7ème compagnie reçoit l'ordre de reprendre les emplacements de la veille. L'opération est appuyée par l'artillerie qui bat la ligne de chemin de fer et les tranchées en avant. La 5ème compagnie facilite le mouvement en couvrant de ses feux la zone en avant de la 7ème compagnie. La 8ème compagnie reste, pour le moment, au pont du terrain de manœuvre

à 9h45, ordre est donné de se porter en avant pour dégager complètement le pont de St-Léonard. L'artillerie du groupe à cheval et l'artillerie divisionnaire 23 vont préparer le mouvement. Une canonnade intense de 15mn couvre de projectiles la Jouissance, la voie ferrée et la route de cambrai à hauteur du pont.
La 6ème compagnie, rendue au 2ème bataillon, reçoit l'ordre d'appuyer à droite le mouvement de la 7ème compagnie.
La 8ème compagnie restera au pont du terrain de manœuvre

à midi, les 2 compagnies ont pris position à la voie ferré.

à 13h, l'artillerie ennemie lance de nombreux projectiles sur les 6 et 7ème compagnies sur le pont du terrain de manœuvre et sur celui de St-Léonard.

Un nouveau mouvement en avant est prescrit avec pour but d'atteindre la route de Cambrai. Bien que cette route soit battue par l'artillerie ennemie et une mitrailleuse, les 6 et 7ème compagnies réussissent à s'y installer.

Le champ de bataille qui s'étend entre le pont de St-Léonard et la voie ferrée et au-delà est couvert de morts et de blessés allemands. Le 3ème régiment de la garde allemande qui a pris part à cette affaire les 26 et 27 a été littéralement fauché. Des sections entières avec leurs officiers sont restées sur le terrain. On a pu faire 183 prisonniers.

Pendant la nuit, les 6ème et 7ème compagnies resteront dans les tranchées. La 8ème compagnie défendra le pont du terrain de manœuvre; en arrière, la 5ème compagnie celui de St-Léonard.

État des pertes: 1 tués, 10 blessés.

 

                       

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  Le 28 septembre, le régiment conserve les mêmes positions que la veille.

à 16h, le régiment (les 3 bataillons) passe sous le commandement du colonel Chérét commandant la 46ème brigade.

à 19h, l'état-major et la 8ème compagnie reçoive l'ordre de se rendre, le 29 à 6h, à St-Léonard par Taissy.

État des pertes: 3 tués et 5 blessés.

Le 29 septembre, à 2h, le 2ème bataillon s'est retiré sur la ligne de chemin de fer pour y passer la nuit. Il subit une fusillade de l'ennemi. Au jour, il reprend sa position de la veille.

à 6h, le colonel de Montluisant, sur un ordre de la 46ème brigade, prend le commandement:
        du 2ème bataillon du 78è installé sur la route de cambrai vers la ferme de la jouissance.
        du 1er bataillon du 78è placé à la droite du précédent.
        d'un bataillon du 138ème qui prolonge à droite le 1er bataillon du 78è.
        d'un bataillon du 138è en réserve à St-Léonard.
        de deux bataillons du 2ème bataillon qui restent à St-Léonard.

Les bataillons occupent les positions suivantes: la ligne la plus avancée est jalonnée en face le pont de St-Léonard par la route de Cambrai puis s'infléchit légèrement vers au sud de cette route pour la rejoindre vers la cote 124 (près de la ferme d'Alger).
Les réserves des bataillons de 1ère ligne ne dépassent guère la voie ferrée.

L'ennemi est signalé à 700 ou 800 mètres au nord de la route dans des tranchées.

Une des deux compagnie laissées à St-Léonard est mise à la disposition du commandant du 2ème bataillon. Cette compagnie ne prendra sa position qu'à la nuit.

à 19h, la 5ème compagnie relève la 7ème.

Pendant la nuit, un bataillon du 107ème (bataillon Compagne) relève en première ligne le bataillon du 138ème.

Pendant la nuit, le pont de St-Léonard est défendu par une compagnie du 78è et trois compagnies du 138è.

État de pertes: 5 blessés.

Le 30 septembre, à 5h, l'ordre général d'attaque est donné pour 8h selon ce schéma:
Le bataillon Campagne (107è) et d'Arailh (78è) prendront l'offensive. Ils seront aidés par le bataillon Costeur (78è) qui participera au mouvement offensif si les progrès des autres sont marqués.
Le bataillon Thérond (78è) appuiera d'abord par ses feux l'attaque et opérera la liaison avec la 42ème division.
Le bataillon de Cussac (138è) se maintiendra en position à St-Léonard...

à 8h30, le bataillon commence son mouvement en deçà de la voie ferrée. Les reconnaissances arrêtées par les schrapnels et la mousqueterie n'ont pas pu donner de renseignements.

à 10h30, le bataillon d'Arailh et le bataillon Campagne ont pu porter quelques groupes à la route de Cambrai en progressant homme par homme.
La zone entre la route de Cambrai et la voie ferrée est battue par la mousqueterie et les schrapnels allemands.

à midi la situation est la suivante: 
            le 2ème bataillon du 78è est toujours à la voie ferrée et a une section à la Jouissance.
            le 1er bataillon a pu porter deux compagnies à la route de Cambrai et a une compagnie en réserve à la voie ferrée.
            le bataillon Campagne du 107è occupe également la route de Cambrai, quelques fractions du 162è se sont intercalées entre les compagnies de 1ère ligne et la réserve de ce bataillon.

Il est impossible de progresser plus avant. La route est barrée par le feu de l'artillerie de campagne et de l'artillerie lourde.
Le lieutenant-colonel rend compte que la marche en avant va être arrêtée par suite du manque de liaison avec l'artillerie; la configuration du terrain ne correspondant plus aux indications de la carte rend impossible l'interprétation des renseignements donnés à l'artillerie. Il faudrait des observateurs d'artillerie en première ligne, reliés par téléphone avec les batteries.

La marche en avant ne pourra être reprise que lorsque les batteries allemandes pourront être contrebattues par les nôtres.

à 12h15, les attaques exécutées montrent que l'ennemi n'a pas diminué ses forces dans la région. Le général de division donne l'ordre d'arrêter l'attaque et de se fortifier sur les positions conquises.
Les bataillons (1er et 2ème du 78è, 107è) reçoivent l'ordre de se fortifier sur la route de Cambrai en créant des tranchées pour tirer debout.
Le lieutenant-colonel commandant le 78è demande la compagnie du génie pour établir un passage à crémaillère pour communiquer entre la route de Cambrai et la voie ferrée.
Du fil de fer barbelé est demandé à Reims pour renforcer les tranchées en avant.

à 16h, le colonel commandant la 46ème brigade prescrit de modifier légèrement les positions de première ligne:
la ligne principale de feu sera reportée à la voie ferrée, les bataillons conservant seulement quelques fractions en avant dans des tranchées bien défendues.

Pendant toute la journée, les mitrailleuses tirent sur de faibles groupes allemands qui sortent ou rentrent dans les tranchées.

à 19h, il a été prescrit d'enterrer les morts. Trois sections du génie arrivent à cet effet, mais le clair de lune en les exposant au tir des allemands ne permet qu'à une seule section de travailler.
Le nombre des Allemands tués devant le pont de St-Léonard pendant la journée du 26 est plus considérable qu'on ne pouvait le supposer. On peut l'estimer à 300. Déjà, de nombreux cadavres ont été enlevés soit aux abords du canal soit à la voie ferrée et cependant il en reste 108 sur la rive nord immédiate du canal.

État des pertes: 1 officier blessé, 10 hommes tués, 41 blessés.

Le 1er octobre, le régiment conserve les mêmes positions que la veille. Le relèvement du 107è (bataillon Campagne) et celui du 138è (bataillon Cussac) doit se poursuivre dans la soirée.
Le 3ème bataillon du 78è (commandant Thérond) relèvera le bataillon du 107è et un bataillon du 94 relèvera le 138è.
La relève commence à 19h: le bataillon du 94è occupe le canal avec 2 compagnies et laisse 2 compagnie au repos à Taissy.

Pendant la nuit, les bataillons enterrent les morts, améliorent leurs tranchées et commencent l'installation de réseaux simples de fil de fer barbelé. (une quantité suffisante de fil de fer - gros et petit barbelé- a été mise à la disposition du régiment à cet effet.

La relève s'est opéré sans incidents; à plusieurs reprises pendant la nuit on entend de légères fusillades, les hommes tirent trop facilement.

état des pertes: 1 disparu.

Effectif: 44 officiers, 2549 troupe, 197 chevaux.

Le 2 octobre, le régiment conserve les mêmes emplacements que la veille.

Une nouvelle organisation du front, comportant une diminution de l'étendue à occuper sur la droite est prescrite. Cette organisation terminée, le 3ème secteur de la 42ème division s'étendra du passage à niveau de la route de cambrai à la limite cantonale qui passe à la croix de la Pompelle.

à 17h, le 3ème bataillon (Thérond) est relevé par 1 bataillon du 162è.
à ce moment, l'ordre est donné au lieutenant-colonel de faire boucher un trou qui se trouve à la gauche du 2ème bataillon (Costeur) entre la 42ème et la 52ème division. N'ayant aucune autre troupe disponible le lieutenant-colonel désigne une compagnie du bataillon relevé pour aller occuper cet espace.

L'inhumation des morts et l'amélioration défensive des tranchées continuent.

État des pertes: 1 blessé.

Le 3 octobre, le régiment conserve les mêmes emplacements que la veille.

à 17h, ordre est donnée que deux bataillons du 94ème doivent relever le 2ème et 3ème bataillons du 78ème: le 2ème dans les tranchées et le 3ème le long du canal.
Le 2ème bataillon devrait cantonner à Taissy, le 3ème à Cormontreuil en laissant une compagnie au moulin de Vrilly pour surveiller le pont du terrain de manœuvre et un peloton au pont du moulin d'Huon.

à 19h, La relève est exécutée dans de bonne conditions mais contrairement à l'ordre donné le bataillon du 94è de Taissy ne porte qu'une seule compagnie au canal. La relève du 2ème bataillon ne se termine qu'à 3h du matin.

État des pertes: 2 blessés.

Le 4 octobre, le régiment conserve les mêmes emplacement que la veille. L'organisation de la position se poursuit. 

L'inhumation des morts est à peu près terminée. De la chaux a été mise à la disposition du corps pour la désinfection des endroits douteux.

à 10h, le bataillon Thérond (le 3ème), cantonné à Cormontreuil passe aux ordres du commandant de la 52ème division.

à 19h, le 162è quitte le secteur relevé sur sa partie gauche par un bataillon du 94è.
Le 8ème bataillon de chasseurs vient à Taissy-StLéonard: deux compagnies à la gauche du pont du canal, 4 compagnies cantonnées à Taissy.

La relève se termine à 2h du matin sans incident.

Le 5 octobre, le régiment fait toujours partie de la 42ème division. 

Après la relève du soir l'emplacement des troupes est ainsi:
                           les 2 bataillons du 94è dans les tranchées (sous secteurs de droite et de gauche),
                           le 8ème bataillon de chasseurs occupe le canal avec 2compagnies et les 4 autres sont à Taissy,
                           1 bataillon sénégalais occupe le secteur centre des tranchées,
                           le 2ème bataillon du 78è est cantonné à Trois-Puits au repos,
                           le 1er bataillon du 78è est cantonné en demi-repos à Taissy,
                           le 3ème bataillon du 78ème est toujours dans les secteurs de la 52è division.

Pendant toute la journée, l'artillerie allemande canonne la ligne de chemin de fer, le canal, St-Léonard et Taissy entraînant une quinzaine de blessés.

Des rapports d'officiers qui occupent les tranchées il résulte que les tranchées allemandes sont considérables, que leur organisation défensive a été poussée aux dernières limites, que la lisière des bois est très profondément organisée, enfin qu'une artillerie nombreuse et parfaitement dissimulée y a été maintenue.
Dans ces conditions la marche en avant des troupes du 3ème secteur dans la direction de Berru ne parait pas pouvoir se faire sans de grands sacrifices.

19h, relève sans incident.

Le 6 octobre, le régiment fait toujours partie de la 42ème division (3ème secteur).

Pendant la plus grande partie de la journée, une canonnade intense bat les abords de St-Léonard et de Taissy.

Les travaux défensifs dans les tranchées se poursuivent pendant la nuit.

19h, relève sans incident.
        le 2ème bataillon a 2 compagnies à la défense du canal et 2 cantonnées à Taissy,
        le 1er bataillon est au repos à Trois-Puits.

   

 

   
 
   
 

Le 7 octobre, le 3ème bataillon reste cantonné à Cormontreuil,
                         le 1er bataillon est à Trois-Puits,
                         le 2ème bataillon est au canal à St-Léonard.

à 16h, le régiment reçoit l'ordre de rejoindre le 12ème corps d'armée:
                        le 2ème bataillon ira cantonner à Mailly, les deux autres iront rejoindre le lendemain.
mais, à 19h, le mouvement du 2ème bataillon est ajourné. Il cantonne en entier à Taissy.

Le 8 octobre, nouvel ordre de cantonnement à Mailly.

à 17h, les bataillons se mettent en marche: les 2ème et 3ème bataillons par Puisieux, le 1er bataillon y va seul.
Les bataillons arrivent à Mailly à 22h.

État des pertes: 1 tué, 9 blessés.

 

 

   
-  L'opération vue par le capitaine Campagne du 3ème bataillon du 107ème régiment d'infanterie. 
                             Le 107ème est dans la même zone que le 78ème R.I. 

 

 

Nous arrivons sous Reims le 22, dans la zone de la 9ème armée, où Foch vient de donner l'ordre aux officiers de revêtir la capote des soldats. Nous sommes autorisés à nous en pourvoir dans les magasins militaires laissés intacts. D'ailleurs, la ville n'a pas été pillée: les Barbares se sont satisfaits en assassinant la Cathédrale. Ils auront tout le loisir de martyriser Reims pendant quatre ans !

Au  faubourg de Vesle, où nous cantonnons, tout le mobilier transportable, toute la literie sont dans les rues; dans les maisons, toutes les glaces ont été brisées à coups de crosse.

Nous passons là trois jours, assurant seulement un service de police, et les hommes sont bien reposés et, grâce à des dons généreux, légèrement "champagnisés" quand, le 25 septembre, je suis détaché du régiment qui reste sur place, pour être mis à la disposition de la division qui est à l'Est de Reims, sous les ordres du général Humbert.
Celui-ci, qui remplace le général Foch, se propose de chasser du massif de Berru, qui domine Reims au nord-est, l'ennemi qui s'y est terré. Mission difficile, où tous les efforts de cette dernière semaine de septembre échoueront.

 

Le 26, avant l'aube, l'ennemi prend l'initiative d'une vigoureuse attaque entre Reims et le fort de la Pompelle, au nord des villages de Taissy et Saint-Léonard. Le bataillon Gueytat, du 63è, est violemment bousculé et rejeté sur le canal. Au pont de Saint-Léonard, deux compagnies du 271è tiennent ferme, mais sur plusieurs points, dans la brume matinale, l'ennemi établit des passerelles.

Le 78ème, appelé à la rescousse, rétablit brillamment la situation, tandis qu'au pont de Saint-Léonard, où le 271è résiste toujours au prix de lourdes pertes, je viens, en fin de matinée, assurer la relève.

L'ordre semble rétabli, mais les deux compagnies du 271è sont en piteux état ! Plus d'officiers. Un seul adjudant les commande, secondé par un sergent-major.

     

Dès que nous avons pris place, je suis réclamé par le capitaine qui commandait le détachement et qui agonise au poste de secours, la poitrine traversée.
Je viens m'agenouiller au chevet de son lit de paille: c'est un vieux soldat à la belle figure exsangue encadrée d'une barbe déjà blanche. Il parle difficilement.

"- Mon Commandant, j'ai voulu vous passer mon service ... nos hommes ont été très braves ... il faudra en témoigner ... Et puis, il faut me promettre ... on m'a dit que je pouvais avoir confiance ...Promettez-moi ... n'abandonnez pas le pont ... pour lequel nous sommes morts ! ..."

Si je promets ! Je lui ai pris la main. Il murmure encore: " Promis ? " Un geste pour approcher ma main de ses lèvres; mais c'est moi qui m'incline sur la sienne, qui devient froide.

A la nuit, nos patrouilles explorent le terrain devant nous. L"ennemi s'est replié de quelques centaines de mètres, sauf sur notre droite, où il se tient toujours collé au canal. Le terrain est couvert de cadavres et aussi de blessés que des équipes du 78ème et nos brancardiers sont encore en train de relever quand le jour reparaît. L'ennemi envoie un coup de canon " de semonce " pour nous arrêter, puis il se décide à laisser faire. C'est un adversaire de qualité qui vient d'échouer là, le 3è régiment de fusiliers de la Garde !

 
Mais il en reste: le détachement bloqué contre le canal, coupé de l'arrière, canardé par nos tireurs postés dans les arbres, fait le geste fatidique. Et cent quatre-vingt-trois hommes de la Garde Impériale, sous la conduite de six lieutenants, franchissent ce nouveau Rubicon sous les quolibets.
Je les conduis moi-même au brigadier, en interrogeant un premier lieutenant, adjudant-major, qui déclare représenter tout ce qui reste du 1er bataillon des fusiliers. Cet officier, qui vient de se rendre avec près de deux cents gaillards qui dépassent les nôtres de la tête, n'a pourtant rien perdu de sa morgue et je lui fais remarquer qu'il n'a pas de quoi être si fier. Comme nous approchons du général Chéré, qui nous attend sur le chemin, je dis à l'officier de mettre sa troupe au pas cadencé; Je ne peux retenir la plaisanterie d'ajouter: " Pas au pas de l'oie, naturellement ! " Il obéit d'assez mauvaise grâce, et lui-même croit de non ton de sortir de son étui doré une cigarette au moment d'aborder notre chef. Je la fais sauter d'une chiquenaude et il prend enfin une attitude correcte.

L'échec du 3ème régiment de fusiliers peut être imaginé d'après ses pertes:
               a) Un témoin digne de foi - le colonel de Montluisant, commandant du 78è - déclare avoir décompté à la jumelle plus de trois cents cadavres devant son front.
               b) Le capitaine Clément, du bataillon Gueytat, blessé et fait prisonnier, put s'enfuir dans la nuit et regagner nos lignes. Il dit avoir vu passer là-bas cinq cents blessés ennemis ramenés du champ de bataille.
               c) Plus de cent blessés ont été relevés par nos soins.
               d) Beaucoup d'Allemands se sont noyés dans le canal en essayant de le franchir sous nos feux.
Rappelons enfin les 183 prisonniers volontaires du 1er bataillon. Et on en oublie peut-être !

... le régiment avait avec lui son drapeau. Aucun ne révéla jamais ce que l'emblème était devenu.
En 1920, le service de nettoyage et de remise en état des champs de bataille découvrit, dans le talus de la voie ferrée de Reims à Châlons, le drapeau de la Garde, hampe brisée, enveloppé dans sa gaine de cuir. Ce drapeau avait certainement enfoui, au moment où la contre-attaque française progressait dans les lignes que les nôtres ont ensuite occupés jusqu'à la fin de la guerre. Il est possible que les Allemands eux-mêmes aient ignoré le sort de leur drapeau. Cet emblème, dont la prise, au vrai sens du mot, ne peut-être revendiquée par aucun corps, est déposé aux Invalides.

La reddition des derniers éléments de la Garde purgeant les bords du canal de l'ennemi, replié au nord de la route nationale, la conservation du pont de Saint-Léonard se trouvait assurée, suivant le vœu suprême de son défenseur. Je fus appelé alors à relever, à la droite de la division, un bataillon du 78ème, en vue d'un mouvement offensif prévu pour le 30.

Le sentiment général n'est pas à l'optimisme.

Je visite, avant de gagner mon poste, le colonel du 78è, de Montluisant, puis le général Chéré, qui en commentant les ordres, me donne ce viatique: "je m'en rapporte à votre sagesse! ..." Nous n'avons aucune liaison avec l'artillerie, et ignorons quel appui nous pourrons en obtenir. Il sera nul, et pour cause.

...

J'étais assez perplexe, en rédigeant mes ordres !

...

J'avais deux compagnies, en avant, à la route nationale, et deux compagnies avec moi, dans le déblai de la voie ferrée à 600 mètres en arrière, séparées des premières par une petite crête, cote 90, qui achevait de nous protéger des vues de l'ennemi.
A l'aube, les compagnies de tête firent sortir leurs reconnaissances, dont le sort fut vite réglé. Il n'en revint pas un homme, car les tirailleurs allemands achevèrent, dans la journée, tous ceux qu'ils virent encore remuer devant leurs lignes.
Pour le bataillon, je résolus de faire avancer, de la réserve, la compagnie Ducasse jusqu'à la crête. Si nous arrivions à la franchir sans encombre (et je comptais m'en assurer en marchant avec elle), j'entraînerais de là tout le bataillon à l'assaut d'une position dont nous ignorions tout.
L'expérience fut concluante: à peine arrivions-nous à la crête, des mitrailleuses invisibles dans les bois nous clouèrent sur place. Notre artillerie restant silencieuse, mon débat intérieur était clos: je décidais d'arrêter les frais.
Pour éviter de nouvelles pertes, je tente de transmettre ma décision à la première ligne. J'envoie un agent de liaison, qui tombe en route; un second, puis un troisième, offerts pour la même mission, subissent le même sort.
Un quatrième se propose et j'accepte une dernière tentative, à regret. C'est le sergent-fourrier Lantier, brave entre tous. Des coups de feu l'accompagnent, mais jusqu'où ? Nous n'en savons rien, on ne peut se soulever pour voir.
Enfin, au bout d'une heure, Lantier revient, rampant ou courant; il a transmis les ordres, retrouvé au passage et pansé ses camarades blessés, et il a le sourire.
A la crête, notre situation n'est pas brillante. On ne peut pas avancer, on ne veut pas reculer. Nous sommes cloués là, jusqu'au soir, sans abri, aussi chacun s'efforce de gratter le sol. La pelle-bêche fait prime, et tous nous travaillons avec ardeur. L'ennemi souligne d'ailleurs de quelques cartouches le moindre de nos mouvements.
Et il y a quantité de malheureux autour de moi, et mon proche voisin Ducasse, qui souffrent de la dysenterie. Le pauvre baron de Frignicourt se défile en rampant vers le petit champ de maïs protecteur, et je lui crie d'y rester. Mais il a bien trop d'amour-propre et revient prendre sa place au milieu des siens.

...

Depuis midi, l'artillerie lourde a commencé, suivant l'usage, son tir punitif ! Quatre par quatre, les coups nous arriveront jusqu'au soir, distribués devant nous, par derrière, et enfin sur une pauvre batterie de 120 qui n'a pas tiré un seul obus. Pourvu qu'ils ne changent pas leurs hausses. Mais non, le régime de tir est immuable, et la plupart d'entre nous en seront quittes pour la peur.
Sur l'après-midi, un mouvement de troupes se produit derrière-nous. C'est le 162è qui débouche, envoyé pour tenter un nouvel effort, avec quelque appui d'artillerie, cette fois. Je suis rejoint par un chef de bataillon qui commande le régiment et à qui j'offre la moitié de mon maigre talus. Je l'engage à ne pas pousser plus loin, sûr qu'il ne parviendra pas jusqu'à ma première ligne. Plus fidèle que moi aux ordres reçus, il veut avancer.
"Soit donc, lui dis-je. Nous ferons pour le mieux."
Nous sommes à peine debout, que, à vingt pas en avant, les hommes sont impitoyablement fauchés. Le désordre et les pertes s'en trouvent accrus, mais non le succès.
Le commandant du 162è me quitte. "Vous êtes très mal, là. Moi, j'ai mon système. Je me mets dans un trou d'obus. Jamais il n'en tombe deux à la même place." Il me serre la main et bondit, accompagné de quelques hommes, jusqu'au premier entonnoir devant nous.
Une demi-heure plus tard, nous vîmes dans un grand fracas, tout le groupe sauter !
Le soir ramène le silence, comme disait Lamartine. Et nous revenons à la voie ferrée, exténués.

...

Le régiment regroupé se portait avec la division au nord du camp de Châlons. Dans la nuit, je passai ma ligne à un bataillon du 162è qui avait subi d'énormes pertes.
De minuit au lendemain après-midi, la marche fut extrêmement pénible, car la dysenterie gagnait. La traversée du camp fut épique: tandis qu'une moitié du bataillon marchait, le reste était égrené pour...ce qu'on devine. En d'autres circonstances, le spectacle eût prêté à rire.
Enfin, on arriva.
Notre étape de Jonchéry-sur-Suippes marquait pour nous la fin de la guerre "de mouvement".
En relevant un bataillon du 202è dans les tranchées ébauchées de la veille, nul ne pensait ce soir que nous inaugurions sous terre un bail de quatre ans !

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Sources *
Source 1: "le chemin des Croix 1914 - 1918" Colonel Campagne, édition Tallandier, 1930.
Source 2: "Journal de marches et opérations" du 21ème régiment d'artillerie de campagne.
Source 3: "la Trouée de Revigny - 1914 - 1918" Guide illustrés Michelin des Champs de Bataille. 1920.
Source 4: "La Première Guerre mondiale en France" Jean-Noël Grandhomme 2011.
Source 5: "Journal de marches et opérations" du 63ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
Source 6: "le Saillant de Saint-Mihiel" Guide illustrés Michelin des Champs de Bataille. 1920.
Source 7: "Chemins de mémoire 14-18" Jean Pascal Soudagne. 2008.
Source 8: "Journal de marches et opérations" du 78ème régiment d'infanterie. mémoire des hommes.
Source 9: "Des Armes et des Larmes, Mémoire creusoise de la Grande Guerre" Guy Marchadier, 2003.
Source 10:"Le Livre du Gradé d'Artillerie à l'usage des élèves brigadiers, brigadiers et sous-officiers d'Artillerie de Campagne" édition pour 1913-1914.  
Source 11: "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier 1914 - 1918
Source 12: "Historique du 78ème Régiment d'Infanterie pendant la Guerre 1939 - 1940" Colonel Pujol, Charles-Lavauzelle & Cie 

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